CITE DU VATICAN, Mercredi 20 mars 2002 (ZENIT.org) – « Dieu renouvelle les prodiges de son amour »: sous ce titre, L´Osservatore Romano en français (vatican.va) en date du 19 mars propose la traduction de la catéchèse de Jean-Paul II en italien de l´audience du mercredi 13 mars 2002: un commentaire du Ps 76.
– Catéchèse du 13 mars 2002 sur le Ps 76 –
1. En plaçant dans les louanges d´un matin le Psaume 76 que nous venons de proclamer, la liturgie veut nous rappeler que le début de la journée n´est pas toujours lumineux. De même que se lèvent des jours ténébreux, au cours desquels le ciel est couvert de nuages et menacé par la tempête, ainsi, notre vie connaît des journées emplies de larmes et de peurs. C´est pourquoi, dès l´aube, la prière devient une lamentation, une supplication, une demande d´aide.
Notre Psaume est précisément une imploration qui s´élève vers Dieu avec insistance, profondément animée par la confiance, et même par la certitude de l´intervention divine. Pour le Psalmiste, le Seigneur n´est pas un empereur impassible, relégué dans ses cieux lumineux, indifférent à notre existence. Cette impression, qui tenaille parfois notre coeur, fait naître des interrogations si amères qu´elles mettent notre foi à l´épreuve: « Dieu nie-t-il son amour et son élection? A-t-il oublié le passé, lors-qu´il nous soutenait et nous rendait heureux? ». Comme nous le verrons, ces questions seront balayées par une confiance renouvelée en Dieu, rédempteur et sauveur.
2. Suivons alors le développement de cette prière qui commence sur un ton dramatique, dans l´angoisse, et qui, peu à peu, s´ouvre à la sérénité et à l´espérance. Voici tout d´abord devant nous la plainte sur le présent triste et sur le silence de Dieu (cf. vv. 2-11). Un cri au secours est lancé à un ciel apparemment sourd, les mains s´élèvent en une supplication, le coeur défaillit de peine. Dans la nuit sans sommeil, emplie de larmes et de prières, un chant « murmure en mon coeur », comme le dit le verset 7, un refrain désespéré résonne continuellement au plus profond de l´âme.
Lorsque la douleur atteint son sommet et que l´on voudrait que la coupe de la souffrance passe loin de soi (cf. Mt 26, 39), les paroles explosent et deviennent une interrogation déchirante, comme on l´a déjà vu (cf. Ps 76, 8-11). Ce cri interpelle le mystère de Dieu et de son silence.
3. Le Psalmiste se demande pourquoi le Seigneur le repousse, pourquoi il a changé de visage et d´attitude, oubliant l´amour, la promesse de salut et la tendresse miséricordieuse. « La droite du Très-Haut », qui avait accompli les prodiges salvifiques de l´Exode, semble désormais paralysée (cf. v. 11). Il s´agit d´un véritable « tourment » qui met à l´épreuve la foi de la personne en prière.
S´il en était ainsi, Dieu serait méconnaissable, il deviendrait un être cruel ou une présence semblable à celle des idoles, qui ne savent pas sauver parce qu´ils en sont incapables, qu´ils sont indifférents et impuissants. Dans ces versets de la première partie du Psaume 76 est contenu tout le drame de la foi dans le temps de l´épreuve et du silence de Dieu.
4. Mais il existe des motifs d´espérance. C´est ce qui ressort de la deuxième partie de la supplication (cf. vv. 12-21), semblable à un hymne destiné à reproposer la confirmation courageuse de sa foi également lors des jours ténébreux de la douleur. On chante le passé de salut, qui a connu son épiphanie de lumière dans la création et dans la libération de l´esclavage d´Egypte. Le présent amer est illuminé par l´expérience salvifique passée, qui est une semence déposée dans l´histoire: celle-ci n´est pas morte, mais seulement enterrée, pour ensuite germer (cf. Jn 12, 24).
Le Psalmiste a ensuite recours à un concept biblique important, celui du « mémorial » qui n´est pas seulement une vague mémoire réconfortante, mais la certitude d´une action divine qui ne manquera pas: « Je me souviens des hauts faits de Yahvé, oui, je me souviens d´autrefois, de tes merveilles » (Ps 76, 12). Professer la foi dans les oeuvres de salut du passé conduit à la foi dans ce que le Seigneur est constamment et donc également dans le temps présent. « O Dieu, saintes sont tes voies! […] Toi, le Dieu qui fait merveille » (vv. 14-15). Ainsi, le présent, qui semblait sans issue et sans lumière, est illuminé par la foi en Dieu et ouvert à l´espérance.
5. Pour soutenir cette foi, le Psalmiste cite un hymne probablement plus ancien, sans doute chanté dans la liturgie du temple de Sion (cf. vv. 17-20). Il s´agit d´une éclatante théophanie dans laquelle le Seigneur entre en scène dans l´histoire, bouleversant la nature et en particulier les eaux, symbole du chaos, du mal et de la souffrance. L´image de la marche de Dieu sur les eaux est très belle, signe de son triomphe sur les forces négatives: « Sur la mer fut ton chemin, ton sentier sur les eaux innombrables, et tes traces, nul ne les connut » (v. 20). La pensée s´envole vers le Christ, qui marche sur les eaux, symbole éloquent de sa victoire sur le mal (cf. Jn 6, 16-20).