Assise 2002, ardemment "voulue" par le pape: "Tout dépend de la prière"

Entrevue avec le porte-parole de la communauté Sant´Egidio

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CITE DU VATICAN, Vendredi 25 janvier 2002 (ZENIT.org) – A l´occasion de la Journée de prière pour la paix à Assise, Zenit a rencontré le porte-parole de la Communauté de Sant´Egidio, Mario Marazzitti.

A la suite de la rencontre des religions à Assise en 1986, cette communauté de laïcs d´origine romaine, née dans le Transtévère dans les années ´68, a en effet eu l´idée de poursuivre des rencontres des « Religions pour la paix »: une manifestation internationale qui en est à sa XVe édition avec la rencontre de Barcelone en 2001 (Cf. http://www.santegidio.it/fr/index.html). Nous traduisons de l´italien.

Z – Quel « message » retenez-vous de cette journée de prière pour la paix?

MM – Ce qui me frappe dans cette journée c´est d´abord combien le pape l´a voulue. Combien cette tension physique et spirituelle l´aide à dépasser sa fatigue parce qu´il veut avec force la paix et le dépassement de la violence.
Ensuite, je retiens cette conviction du pape que tout dépend de la prière. Le dialogue des religions n´a pas du tout pour but de faire une « ONU des religions », mais d´affirmer que la paix est un don de Dieu et que les hommes ne doivent pas lui faire obstacle.

Dans notre société sécularisée, le pape affirme l´engagement prioritaire à la prière: on dira que c´est naïf? Désuet? Ou bien prophétique? Or, justement, ici, les religions ne sont pas venues faire un nouveau « document », mais prier. Et comme le souligne le pape, leur prière ne constitue pas une façon de « s´évader de l´histoire »!

Z – Quelle image, quelle « photo » vous a le plus impressionné au cours de cette journée?

MM – Le podium! Et le baiser de paix. Les différences ne sont pas abolies. Mais les représentants des religions sont là, les uns à côté des autres, manifestant une responsabilité commune pour la paix dans le monde. Ce n´est pas le moment de se contenter de souligner uniquement les différences. Et cela sans syncrétisme. Il s´agit de souligner cette conviction que le dialogue est le chemin le plus profond, même pour vaincre le terrorisme.

Z – Est-ce que la rencontre des religions n´était pas un « rêve » non exaucé de Jean-Paul II pour le Jubilé?

MM – C´est avant le Jubilé, en octobre 1999, qu´il y a eu une rencontre des religions, Place Saint-Pierre. Ce choix voulait éviter que les représentants des religions non-chrétiennes se sentent « submergés » à l´intérieur d´un Jubilé chrétien. C´était une expression du respect.
Et aujourd´hui, ce n´est pas tant un « rêve » du pape qui se réalise, mais la manifestation d´une « nécessité » ressentie par Jean-Paul II de l´engagement des religions en faveur de la paix, et du recours à la prière. Aujourd´hui, l´Eglise se trouvait être l´unique sujet pouvant proposer une telle rencontre aux autres religions, pour des raisons historiques et pour des questions concrètes, du fait de son organisation universelle, et de ses structures qui le lui permettaient.

Z – Vous étiez là en 1986, pour la première rencontre des religions à Assise autour de Jean-Paul II, et en 1993, lors de la journée de prière pour la paix en Europe et dans les Balkans: qu´est-ce qui a changé et qu´est-ce qui demeure de la première expérience?

MM – Oui, il y a eu Assise 1986 et Assise 1993, puis les XV rencontres des religions pour la paix organisées par Sant´Egidio pour promouvoir cet « esprit d´Assise ». Une première chose a changé: en 1986, on pensait que la rencontre serait un « unicum ». Au contraire, elle a été suivie d´autres rencontres et s´est révélée avoir été une étape décisive dans les relations entre les religions et pour le travail en faveur de la paix.

Et ainsi, aujourd´hui, les religions ne sont plus seulement les unes « à côté » des autres, mais elles en sont à « collaborer » pour la paix. Maintenant, les sociétés occidentales, le monde chrétien, et les milieux où les religions sont présentes, considèrent cette collaboration comme « possible », comme « normale »!

Parallèlement, un autre élément est intervenu. On entend aujourd´hui plus fortement des voix qui s´élèvent – dans l´Eglise et en dehors – pour dire « non » au dialogue, et pour affirmer qu´il est non seulement impossible mais nuisible: on estime inévitable un affrontement de « civilisation », et on le dit plus explicitement qu´auparavant, y compris en Occident.
Pourtant, la grande nouveauté, c´est qu´en 1986, le monde était divisé en deux blocs Est-Ouest, du fait de la guerre froide. Et il n´existait pas de vrais canaux de communications entre Nord et Sud.

Aujourd´hui, Assise représente un signal fort pour le monde, un signal qui vient aussi des milieux musulmans. En effet, les religions viennent affirmer ici deux choses: qu´il n´y a pas « d´affrontement » Orient-Occident, et qu´il n´y a pas « d´affrontement » entre Occident et Sud du monde. L´affrontement des civilisations est « défait ».

En 1986, pourtant, on estimait que l´idée de guerre de religions appartenait au passé. En 1993, les guerres de religions étaient évoquées de façon nouvelle à l´intérieur du conflit des Balkans. Aujourd´hui, l´idée est redevenue « à la mode », même si le langage a changé.
Dans ce contexte, la rencontre d´Assise 2002 relance un message fort que les religions ne peuvent être invoquées pour justifier la violence, la guerre ou le terrorisme.

– Appendice: La communauté de Sant´Egidio « par elle-même » –

La Communauté de Sant´Egidio naît à Rome en 1968, au lendemain du Concile Vatican II. C´est aujourd´hui un mouvement de laïcs auquel participent plus de 40.000 personnes, investies dans l´évangélisation et dans la charité à Rome, en Italie et dans plus de 60 pays des divers continents. Elle est  » Association publique de laïcs de l´Eglise « . Les différentes communautés, répandues dans le monde, partagent la même spiritualité et les fondements qui caractérisent le chemin de Sant´Egidio :
La prière, qui accompagne la vie de toutes les communautés à Rome et dans le monde et en constitue un élément essentiel. La prière est le centre et le lieu primaire de l´orientation générale de la vie communautaire.
La communication de l´Evangile, cœur de la vie de la Communauté, qui s´étend à tous ceux qui cherchent et demandent un sens à leur vie.
La solidarité avec les pauvres, vécue comme service volontaire et gratuit, dans l´esprit évangélique d´une Eglise qui est  » Eglise de tous et particulièrement des pauvres  » (Jean XXIII).
L´œcuménisme, vécu comme amitié, prière et recherche de l´unité entre chrétiens du monde entier.
Le dialogue, indiqué par Vatican II comme chemin de la paix et de la collaboration entre les religions, mais aussi comme mode de vie et comme méthode pour la réconciliation dans les conflits.
La Communauté a son centre dans l´église romaine de Sant´Egidio, dont elle a pris le nom. Elle vit depuis le début dans le quartier de Trastevere et à Rome une présence continue de prière et d´accueil aux pauvres et aux pèlerins.

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ZENIT Staff

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