CITE DU VATICAN, Mardi 22 janvier 2002 (ZENIT.org) – « L’Église attend de la communauté politique le respect total de son indépendance et de son autonomie », déclare Jean-Paul II, à propos de la situation de l´Eglise du Viêt-Nam, en rappelant les principes affirmés par le concile Vatican II sur la liberté religieuse (Cf. ci-desous, texte intégral).
Six millions de fidèles
Le pape Jean-Paul II a reçu ce matin en audience les évêques du Viêt-Nam qui effectuent actuellement leur visite quinquennale ad limina à Rome. Il y a cinq ans, seulement 14 d´entre eux avaient pu se rendre à Rome. Les fidèles catholiques du Viêt-Nam sont environ 6 millions, soit 7 % de la population. Ils sont confiés au soin pastoral de 37 évêques, dont 8 émérites. Le président de la conférence épiscopale, Mgr Paul Nguyen Van Hòa, évêque de Nha Trang a exprimé sa préoccupation pour la situation économique et sociale du pays dont il souhaite une plus grande intégration dans la communauté mondiale. Il remarquait que « l´Eglise ne jouit pas encore pleinement de toutes les libertés nécessaires ». Jean-Paul II achevait son discours en confiant l´Eglise du Viêt-Nam à l´intercession de Notre-Dame de La Vang, le grand sanctuaire du pays.
L’Église n’est liée à aucun système politique
Citant le Concile Vatican II, Jean-Paul II réaffirmait que » l’Église, en raison de sa charge et de sa compétence, ne se confond en aucune manière avec la communauté politique et n’est liée à aucun système politique », et que « la communauté politique et l’Église sont indépendantes l’une de l’autre et autonomes dans le domaine qui est le leur ». « Cependant, ajoutait le pape, étant appelées toutes deux à remplir leur mission spécifique au profit des mêmes hommes, ce service sera d’autant plus efficace qu’elles pratiqueront davantage entre elles une saine collaboration (Gaudium et spes, n. 76) ».
Le bien très précieux de la liberté religieuse
« Pour réaliser cette «saine collaboration», continuait le pape, l’Église attend de la communauté politique le respect total de son indépendance et de son autonomie. Le bien très précieux de la liberté religieuse – dont il est question dans le Concile Vatican II, dans les Déclarations et les Conventions internationales – s’adresse à la fois aux individus et aux communautés religieuses. Aux personnes, la liberté religieuse garantit le droit de professer et de pratiquer sans contrainte leur religion, de recevoir une éducation qui s’inspire des principes de leur foi, de suivre leur vocation religieuse et de poser des actes privés et publics qui manifestent la relation intérieure qui les unit à Dieu et à leurs frères. Aux communautés religieuses, la liberté religieuse assure des droits fondamentaux tels que se régir de manière autonome; célébrer sans restriction le culte public; enseigner publiquement leur propre foi et en témoigner oralement et par écrit; soutenir leurs membres dans la pratique de la vie religieuse; choisir, éduquer, nommer et déplacer leurs propres ministres; manifester la force singulière de leur doctrine sociale; promouvoir des initiatives dans les domaines éducatif, culturel, caritatif et social (cf. Vatican II, Dignitatis humanæ, n. 4). Je forme des vœux fervents pour que toutes les composantes de la nation s’unissent afin de promouvoir une civilisation de l´amour, fondée sur les valeurs universelles de paix, de justice, de solidarité et de liberté ».
Le Pape prie pour eux et il les encourage
Le pape invitait ainsi toute la communauté catholique à « avancer au large » avec un nouvel élan d´évangélisation. « Lorsque vous retournerez dans votre noble pays, demande Jean-Paul II, faites savoir à vos prêtres, aux religieux, aux religieuses, aux catéchistes, aux fidèles laïcs, spécialement aux jeunes, que le Pape prie pour eux et qu’il les encourage à relever les défis que pose l’Évangile, prenant exemple sur les saints et les martyrs qui les ont précédés sur le chemin de la foi et dont le sang versé demeure une semence de vie nouvelle pour tout le pays ».
La vitalité et le courage des laïcs
Encourageant les fidèles laïcs, le pape rendait grâce « pour la vitalité et le courage des laïcs de vos diocèses, appelés à vivre et à célébrer leur foi dans des conditions souvent difficiles ! Par leur témoignage crédible et enthousiaste, ils sont les dignes héritiers de leurs devanciers sur le chemin de l’Évangile. Je les invite à prendre toujours davantage au sérieux leur vocation de baptisés et à «assumer le rôle qui est le leur dans la vie et la mission du peuple de Dieu, comme témoins du Christ, partout où ils se trouvent» (Ecclesia in Asia, n. 45). Des moyens doivent pouvoir être mis à leur disposition pour leur procurer une formation qui fera d’eux des témoins dans la vie sociale, politique et économique ».
Bâtir des communautés sacerdotales fraternelles
Pour les prêtres, le pape disait: « Je salue affectueusement les prêtres, vos précieux collaborateurs, qui annoncent avec assurance et courage l’Évangile du Christ dans le pays. Je sais avec quelle générosité et quelle passion ils travaillent pour bâtir des communautés fraternelles qui donnent le témoignage d’une Église accueillante et missionnaire. Ils sont conscients que la tâche de l´évangélisation concerne tout le peuple de Dieu et requiert une nouvelle ardeur, de nouvelles méthodes et un nouveau langage. Il vous revient d’être toujours davantage proches d’eux, afin de les soutenir dans leurs projets pastoraux, d’être attentifs à leur vie quotidienne et de les accompagner surtout quand ils vivent des épreuves liées à leur ministère. Il est aussi nécessaire de mettre à leur disposition une formation spirituelle et intellectuelle adaptée aux défis missionnaires qu’ils ont à affronter ».
Formation des jeunes
Pour les jeunes, le pape souhaitait que les évêques veillent « aux conditions d’une formation et d’un discernement solides, en choisissant avec soin des formateurs et des professeurs ayant acquis une maturité humaine et sacerdotale ».
Vocations à la vie consacrée
Saluant la « floraison des vocations » à la vie consacrée, le pape disait: « J’encourage toutes les personnes consacrées à ne pas fléchir dans leur engagement missionnaire et à s’employer avec une ferveur renouvelée à annoncer le Christ et à servir tous les hommes. À la suite du témoignage audacieux donné par les Instituts tout au long des siècles passés, que les personnes consacrées ne cessent de se laisser transformer par la grâce de Dieu en se livrant davantage à l’Évangile ! »
L’espérance chrétienne des évêques
« Chers Frères dans l’épiscopat, concluait le pape, je désire vous remercier encore une fois de votre générosité et de votre engagement exemplaires. Je rends grâce pour votre persévérance et pour votre témoignage courageux. Que l’espérance chrétienne féconde votre zèle apostolique et qu’elle vous donne des forces nouvelles pour annoncer le Christ, le Sauveur, lui qui est venu «pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance» (Jn 10, 10) ! »