CITE DU VATICAN, Vendredi 11 janvier 2002 (http://www.zenit.org) - Au lendemain du discours de Jean-Paul II au corps diplomatique (cf. ZF020111), sur l´état du monde et les remèdes, la presse italienne a choisi dans sa majorité de titrer ce matin sur le message de Jean-Paul II à l´Europe et le regret du pape pour la "marginalisation des religions".

En revanche, les journaux télévisés du 10 janvier avaient surtout retenu le message de Jean-Paul II contre la "loi du talion" en Terre sainte, et sur le terrorisme international.

Ne nous laissons pas accabler
L´Osservatore Romano en italien a préféré barrer sa une d´une invitation à l´espérance: "Ne nous laissons pas accabler par la dureté de ce temps. Ouvrons plutôt notre cœur et notre intelligence aux grands défis qui nous attendent".

Les huit défis
Le quotidien de la Cité du Vatican reprend la liste des huit défis identifiés par Jean-Paul II: - "défense de la sacralité de la vie humaine en toutes circonstances, en particulier face aux manipulations génétiques; - promotion de la famille, cellule fondamentale de la société; - élimination de la pauvreté, grâce à des efforts soutenus en vue du développement, de la réduction de la dette et de l’ouverture du commerce international; - respect des droits de l’homme dans toutes les situations, avec une attention pour les catégories de personnes les plus vulnérables: enfants, femmes et réfugiés; - désarment, réduction des ventes d’armes aux pays pauvres et consolidation de la paix après la fin des conflits; - lutte contre les grandes maladies et accès des plus démunis aux soins et aux médicaments de base; - sauvegarde de l’environnement et prévention des catastrophes naturelles; - application rigoureuse du droit et des conventions internationales".

Injustice, la marginalisation des religions
L´Avvenire dit à la une: "Europe, ne pas décevoir" avec un sous-titre: "Le pape: une injustice que de marginaliser les religions". Le quotidien consacre ensuite les pages 2, 3 et 4 à l´analyse précise du discours du pape.

L’élargissement de l’Union européenne, une priorité
Rappelons qu´à propos de l´Europe, Jean-Paul II a salué la construction de l´Union européenne, avant de rappeler la nécessité de l´élargissement, et de regretter que la convention de Laeken ne mentionne pas les religions. Voici le texte du pape: "Parmi les motifs de satisfaction, on doit mentionner sans doute l’unification progressive de l’Europe, symbolisée récemment par l’adoption d’une monnaie unique de la part de douze pays. Il s’agit là d’une étape décisive dans la longue histoire de ce continent. Mais il est tout aussi important que l’élargissement de l’Union européenne continue à être une priorité. Je sais également qu’on s’interroge sur l’opportunité d’une Constitution de l’Union. À cet égard, il est fondamental que soient toujours mieux explicités les buts de cette construction européenne et les valeurs sur lesquelles elle doit reposer".

Aucune méconnaissance de l’exigence d’une juste laïcité
A propos de la "convention de Laeken" : "Non sans une certaine tristesse, j’ai pris acte du fait que, parmi les partenaires qui devront contribuer à la réflexion sur la «Convention» instituée lors du sommet de Laeken le mois dernier, les communautés de croyants n’ont pas été explicitement mentionnées". Et de conclure: "La marginalisation des religions, qui ont contribué et contribuent encore à la culture et à l’humanisme dont l’Europe est légitimement fière, me paraît être à la fois une injustice, et une erreur de perspective. Reconnaître un fait historique indéniable ne signifie pas du tout méconnaître l’exigence moderne d’une juste laïcité des États, et donc de l’Europe!"

La Repubblica explique: un "et cetera" qui fait couler de l´encre
La presse italienne cite (par exemple La Repubblica) "Cet "et cetera" du texte de Laeken" qui inclurait les religions: "Pour élargir le débat, à l´ensemble des citoyens, on mettra en oeuvre un forum ouvert aux organisations de la société civile (syndicats, entrepreneurs, organisations non gouvernementales, académiques, etc)". C´est cet "etc", commente le quotidien, auquel le pape se réfère lorsqu´il déplore la marginalisation des religions.

Prodi réplique: partenaires
Le quotidien titre (p. 5) "Le pape : l´UE nous juge marginaux", avec en surtitre: "Dans la salutation aux ambassadeurs Wojtyla se lamente: les religions mises au second plan". La Repubbblica cite en même temps les paroles rassurantes de Romano Prodi, président de la Commission européenne: "Prodi réplique: non vous êtes des partenaires".

Le Messaggero
La une du Messaggero dit: "Discours au corps diplomatique: "Le pape est triste", l´Europe oublie le rôle des chrétiens". En p. 9, le quotidien écrit: "Le pape: en Terre sainte, non à la loi du talion". La même page cite le président Prodi.

Cet "héritage religieux" voulu par l´Allemagne, censuré par la France
Il consacre aussi une colonne à la question de Laeken avec ce titre: "Jospin a retiré la référence à la religion". Le quotidien rappelle l´absence de référence aux religions de la Charte européenne du sommet de Nice. Les parlementaires allemands proposaient en effet de mentionnner "l´héritage culturel, humaniste et religieux" de l´Union. La délégation française a estimé que la mention de "l´héritage religieux" était contraire au "caractère universel des valeurs et des droits que l´on entend proclamer", et ainsi "anti-constitutionnelle". Le président italien Cossiga, rappelle le quotidien, "avait polémiqué avec Jospin" et avait écrit à Giscard d´Estaing, président de la convention. Récemment le premier ministre français s´est expliqué dans les colonnes de La Croix, explique le quotidien italien: il affirmait en substance que cette position n´était pas seulement la sienne mais celle de toutes les autorités françaises. Le commissaire européen Michel Barnier, ajoute Il Messaggero, a "jeté de l´eau sur le feu" en disant: "La Convention peut s´ouvrir aux représentants religieux et je le souhaite".

Il Corriere della Sera
Même projecteurs braqués sur l´Europe dans le Corriere della Sera qui titre (p. 5): "Le pape: l´Europe oublie les religions", avec ce sous-titre: ""Tristesse" de Wojtyla parce que la déclaration de Laeken ne cite pas les communautés de croyants". Dans un encart, le quotidien italien se demande: "Cette absence de la Charte, question de traduction?" La Charte cite le "patrimoine spirituel et moral". Le "religieux" serait inclut dans le "spirituel" dit le Corriere qui renvoie à la notion de "spirituel" dans la constitution allemande.

Telepace "jeu reste ouvert"
Le Corriere cite la transmission télévisée de la chaîne italienne catholique "Telepace" au cours de laquelle, le 10 janvier, à la suite du discours de Jean-Paul II, le président de la Chambre italienne des députés, Pier Ferdinando Casisni, a évoqué le pape comme "un père de cette Europe que nous sommes en train de construire". Il affirmait qu´une consultation des différentes "confessions religieuses" devait être faite. Il affirmait à plusieurs reprises que la question restait complètement "ouverte". Le quotidien italien mentionne aussi la polémique Jospin-Cossiga et souligne que le premier ministre français se référait à la Constitution française.