Italie/Sida: Anna, Nigériane de 26 ans, avait été reçue par Jean-Paul II

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La presse italienne annonce le décès de la jeune femme

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ROME, Mercredi 21 mars 2001 (ZENIT.org)
– Anna Eneonoja, une Nigériane de 26 ans, faisait partie des « esclaves » de notre société occidentale que des associations catholiques et des prêtres italiens arrachent à la prostitution, au péril de leur vie: elle « a achevée sa vie en cette terre », hier, 20 mars, des suites du sida.

La nouvelle a été annoncée par le P. Oreste Benzi, fondateur de l´Association Jean XXIII. Anna Eneonoja est décédée à l´hôpital Cutugno de Naples, «alors qu´elle était en train de revenir à la vie», dans la maison d´accueil construite par l´association de don Benzi en Campanie.

Anna Eneonoja avait été reçue par Jean-Paul II avec don Benzi, à la fin d´une audience générale au cours du Jubilé, le 24 mai 2000. Elle avait embrassé le pape puis s´était agenouillée devant lui et avait pleuré. Elle avait demandé l´aide de Jean-Paul II pour les jeunes femmes victimes comme elle de la « mala vita ». L´appel de la jeune femme, l´écoute et les gestes d´affection du pape avaient fait tous les journaux télévisés du monde.

Don Benzi a assisté à l´entretien et en a révélé le contenu. La jeune femme avait dit à Jean-Paul II, comme nous le rapportions alors:  » ´Papa´, libère les filles qui sont dans la rue comme moi… Je suis tombée malade dans la rue… ´Papa´, la vie dans la rue est dégoûtante, laide, elle est dure. ´Papa´, dans la rue il y a tant de femmes jeunes mais aussi des enfants… ´Papa´, libère les petites filles de la rue… Saint-Père, nous sommes des esclaves à la recherche de la liberté ».

Le P. Oreste évoque la scène: « Le pape, visiblement ému, lui caressait les cheveux comme à sa fille, et elle lui baisait les mains. Ensuite, il nous a bénis ». « A cette occasion, j´ai dit au pape que Anna représentait toutes les autres femmes qui ont quitté la rue, au risque de leur vie, et tant de jeunes filles et d´enfants qui sont encore esclaves de l´exploitation et de la prostitution, aux mains de criminels sans scrupules ».

Le calvaire de celle que les media connaissaient jusqu´ici seulement sous le pseudonyme de « Miriam » a commencé il y a onze ans, lorsqu´elle quitta le Nigeria: elle laissait 2 petites filles, et 51 frères (son père avait 9 femmes). Elle était engagée, promettaient les intermédiaires, pour un travail « honnête ». Mais elle était arrivée en Italie par ces « routes des esclaves » des temps modernes, pour être mise dans la rue jusqu´à ce que le sida la contraigne à une hospitalisation. Une assistante sociale lui a alors donné le téléphone de don Benzi.

«Anna, raconte le prêtre, m´a appelé directement un mois avant l´audience avec le Pape, et elle a été accueillie tout de suite dans notre communauté, au foyer de Salerne, en Campanie. J´ai souvent parlé avec elle. Elle pleurait sur ses filles restées au Nigeria, à cause des humiliations qu´elle avait subies dans la rue, à cause de la maladie qu´elle avait contractée, et aussi pour avoir péché contre la foi chrétienne. Ces pleurs deviennent aujourd´hui plus que jamais, depuis sa tombe, une dénonciation forte de qui permet que dans notre pays il y ait encore 50.000 jeunes femmes aux mains des bandes de la prostitution, dont 20.000 Nigérianes ».

Au cours de ces dix dernières années, don Benzi et son association ont arraché à la rue quelque deux mille prostituées, et deux cents d´entre elles sont au foyer pour se reconstruire. Sur les quelque 500.000 prostituées de l´Union européenne, on estime que 50.000 viennent du Nigeria. C´est pourquoi le P. Benzi s´est fait « ambassadeur des esclaves de la prostitution » en intervenant dans la capitale, Abuja, devant le premier congrès panafricain sur ce thème, à l´invitation du gouvernement du pays et sous la houlette de l´ambassade d´Italie.
En effet, en collaboration avec les Eglises locales, le prêtre organise une nouvelle rencontre à Abuja, en mai prochain, « pour coordonner une action concrète afin de libérer les 50.000 femmes du Nigeria qui, comme Anna, courent le risque de mourir du sida, et surtout de vivre en Europe en situation d´esclavage ».

Les funérailles de la jeune femme, présidées par don Benzi, auront lieu demain matin en l´Eglise des Saints-Apôtres de Rome.

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ZENIT Staff

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