CITE DU VATICAN, Mardi 5 mars 2001 (ZENIT.org) – Le pape Pie XI avait prévu, en cas de demande de visite au Vatican de la part de Hitler, qu´il lui soit demandé comme condition sine qua non des excuses publiques pour la persécution que son régime infligeait à l´Eglise allemande: le pape disait considérer « Monsieur Hitler » comme « le plus grand ennemi du Christ et de l´Eglise des temps modernes ».
Nouveaux documents italiens
Ces nouveaux éléments de l´opposition de Pie XI au nazisme sont consignés dans un dossier du Ministre italien des Affaires étrangères de l´époque, Galeazzo Ciano, dans les Archives historiques de la Farnesina (le Quai d´Orsay romain), datant d´avril 1938, soit un mois avant le voyage d´Hitler à Rome, à l´invitation du « Duce », Benito Mussolini.
Les documents viennent d´être publiés, signale L´Avvenire, à l´Institut polygraphique de l´Etat, par l´historien italien Gianluca André, professeur d´histoire politique internationale à l´université de Rome, dans un nouveau volume des « Documents diplomatiques italiens » (1er semestre 1938). Les documents diplomatiques de l´Europe de l´époque ne sont en effet pas tous publiés et ne cessent d´apporter des lumières sur l´hostilité des papes au nazisme.
Le contexte
L´incompatibilité entre christianisme et nazisme s´était manifestée clairement lors de la « Nuit des longs couteaux » (30 juin 1937): Hitler avait fait éliminer les chefs nazis dont il craignait la trahison, mais aussi trois responsables de l´Action catholique allemande: Klausener, Probst et Fritz Beck.
La persécution qui s´ensuivit contre les associations et la presse catholiques, en particulier sous forme de procès intentés à des clercs sur fausse dénonciation, avait décidé le pape à condamner publiquement le nazisme et le racisme dans son encyclique « Mit brennender Sorge », qui fut diffusée en Allemagne sous le manteau et lue le Dimanche des Rameaux, 21 mars 1937, en guise d´homélie dans les paroisses catholiques.
L´entretien avec Pignatti
Pie XI avait évoqué une possible visite de Hitler au Vatican au cours d´une conversation confidentielle, le 7 avril 1938, avec Bonifacio Pignatti, alors ambassadeur du gouvernement fasciste près le Saint-Siège.
Pignatti avait informé Mussolini et son ministre Ciano que Pie XI déplorait « l´apothéose de M. Hitler » qui se préparait à Rome, et comparait le Führer à l´Antéchrist: « La persécution menée contre l´Eglise catholique en Allemagne était son oeuvre, entièrement et seulement sienne, et l´on en savait désormais assez pour pouvoir l´affirmer sans crainte d´un démenti ».
La venue de Hitler à Rome
Le Saint-Siège ne faisait pas mystère de sa position. Et Hitler ne demanda pas à être reçu au Vatican. De fait, lors de sa venue à Rome, le 3 mai 1938, Pie XI était parti ostensiblement à sa résidence d´été de Castelgandolfo, interdisant que l´on hisse le drapeau du Reich sur quelque édifice de l´Eglise que ce soit, et L´Osservatore Romano de ce jour-là ne dit rien de la visite, mais publia à la Une une déclaration dénonçant le racisme.