Première publication le 5 septembre 2025 par l’AED
L’archevêque de Nampula, au Mozambique, alerte sur l’occupation illégale de terres appartenant à l’Église, où des maisons et même une mosquée ont été construites. Malgré des plaintes déposées et une décision de justice, les autorités restent inactives, tandis que le clergé dénonce des actes de vandalisme et des menaces sur place.
L’archevêque Inácio Saure de Nampula, au Mozambique, a tenu une conférence de presse le mercredi 3 septembre pour dénoncer l’occupation illégale des terres de l’Église par des groupes de citoyens qui y ont construit des maisons.
Les terrains envahis comprennent des parcelles sur lesquelles se trouvent la congrégation féminine des Servantes de Marie, deux séminaires et la paroisse Saint-Jean-Baptiste de Marrare. Au moins une mosquée a été construite sur un terrain adjacent à l’un des séminaires.
Dans certains cas des biens ont été détruits et des terres agricoles vandalisées pour faciliter l’occupation. « Ils sont venus et ont abattu de nombreux arbres, et le bois a été emporté par camion. Lorsque nous sommes venus leur demander de respecter nos propriétés privées, ils sont apparus avec des machettes et des lances. Ils nous ont menacés et ont dit qu’ils allaient démolir le séminaire. Ils ont aussi emporté nos animaux, élevés par les séminaristes », déclare l’archevêque Saure.
Inaction des autorités
Malgré la gravité de la situation, les autorités n’ont pris aucune mesure. Le problème perdure depuis un certain temps, et l’Église a déposé des plaintes officielles. Le 16 mai, un tribunal a ordonné la restitution provisoire de la possession des terrains à l’Église, mais cinq mois plus tard, aucune action concrète n’a été entreprise. L’archevêque Saure explique que « les fonctionnaires envoyés sur place ont été chassés », ce qui le conduit à conclure qu’« il doit y avoir une main invisible très puissante et intouchable qui encourage les criminels ».
Lors de la conférence de presse, l’archevêque a lancé « un appel fort, un cri d’aide à toutes les personnes de bonne volonté, à Nampula, au Mozambique et dans le monde entier, car il semble que la loi ne vaut rien dans ce pays ». La justice doit être rendue, exige l’évêque, « afin que nos droits soient rétablis, car ce sont les droits des pauvres, puisque l’Église et ses œuvres sont au service des pauvres. Il n’est pas juste que les biens de l’Église soient volés de cette manière ».
Le père Benvindo Isaías de Jesus, directeur de la radio catholique locale Radio Encontro, indique que les occupations illégales ont commencé il y a longtemps, mais se sont intensifiées depuis les manifestations de l’année dernière après les élections au Mozambique.
Le père José Luzia, missionnaire présent dans le pays depuis près de six décennies, explique à l’AED qu’il existe une suspicion parmi les fidèles : « Certains affirment que l’occupation apparemment organisée des terres de l’Église à Nampula pourrait être liée au fait que l’archevêque Inácio Saure s’est récemment exprimé de manière très critique sur la situation sociale et politique du pays », dit le missionnaire.
Quelles que soient les motivations derrière l’occupation des terrains, une inquiétude supplémentaire réside dans le fait qu’elles pourraient contribuer à l’aggravation des relations interreligieuses dans un pays déjà durement touché par une insurrection islamiste à Cabo Delgado, juste au nord de Nampula. « La plupart de ceux qui sont à l’avant-garde des occupations actuelles sont musulmans. Une fois qu’ils ont pris possession des terrains, la première chose qu’ils font est de construire une mosquée », explique le père Benvindo Isaías de Jesus.
Paulo Aido
