La réouverture de la cathédrale de Paris a eu lieu ces 7 et 8 décembre 2024, après cinq ans de restauration. Notre-Dame vit une véritable renaissance : elle redevient un lieu de prière et peut à nouveau accueillir les visiteurs du monde entier.
De nombreux représentants de l’Église catholique, clercs et laïcs, ainsi que des personnalités du monde culturel et politique ont participé à ce moment essentiel dans la vie de l’Église et du monde.
Mgr Jean-Yves Riocreux a été recteur de Notre-Dame de Paris. Évêque émérite du diocèse de Basse-Terre en Guadeloupe et du diocèse de Pontoise en France, il a participé aux cérémonies de réouverture. Il se confie ici à Zenit.
Zenit : Pouvez-vous décrire la cérémonie d’ouverture des portes de la cathédrale ?
Mgr Jean-Yves Riocreux : Il y a eu de grands moments pour cette réouverture de Notre-Dame de Paris. La célébration du samedi soir s’est déroulée dans la cathédrale en raison des difficultés atmosphériques. Elle a été très belle. Les nombreux invités ont été saisis par la ferveur de la cérémonie, et par la beauté et la luminosité de ce bâtiment entièrement restauré.
Juste avant la célébration liturgique, le président de la République française, Emmanuel Macron, a prononcé un discours remarqué, et le message du pape François a été lu par son représentant le nonce apostolique, Celestino Migliore.
Il y a eu ensuite l’ouverture des portes, frappées avec la crosse de Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris. Puis, l’entrée solennelle suivie de l’éveil de l’orgue. Enfin, l’office des vêpres s’est terminé par le Magnificat en l’honneur de la Vierge Marie et le Te Deum, ce chant d’action de grâce pour les grandes circonstances.
Zenit : Comment s’est déroulée la première messe au sein de la cathédrale, après cinq ans de fermeture ?
Mgr J.Y. Riocreux : Le dimanche, nous avons eu une messe solennelle concélébrée par une centaine d’évêques de France et du monde entier, ainsi qu’une centaine de prêtres représentant chacune des 106 paroisses de Paris. Avec bien sûr des fidèles choisis pour participer, que ce soit des officiels, des représentants de paroisses, des handicapés ou tous ceux qui ont eu la grâce de pouvoir participer à cette première messe.
Le moment fort a été la consécration de l’autel par Mgr Ulrich et la bénédiction du nouveau tabernacle puisque, pendant cinq ans, il n’y a pas eu de présence réelle dans la cathédrale.
J’ai été marqué également par la beauté de la liturgie, surtout avec la Maîtrise de Notre-Dame, qui comptait une centaine de participants, enfants et adultes, et j’ai été touché personnellement par le « Alléluia de Haendel » à l’issue de la communion.
Zenit : En tant qu’ancien recteur de Notre-Dame, qu’avez-vous ressenti ?
Mgr J.Y. Riocreux : J’ai vécu ces cérémonies intensément, avec beaucoup de bonheur. Pendant ces deux jours de célébrations, ce lieu a été rendu à la prière. Ayant été recteur de Notre-Dame de Paris de 2001 à 2003, j’ai eu l’immense joie de retrouver le bâtiment dans lequel j’ai servi et accueilli moi-même beaucoup de pèlerins et de visiteurs de tous pays.
Lorsque j’accueillais les visiteurs, en français ou en anglais, je leur disais d’abord qu’ils se trouvaient dans un lieu historique, mais aussi dans un lieu de prière. Et je les invitais à participer à nos célébrations, afin de leur montrer la finalité de cette cathédrale : il s’agit d’un lieu de prière et non un musée.
Il y a chaque année plus de 1 000 célébrations à Notre-Dame, ce qui veut dire en moyenne quatre messes par jour, plus d’autres évènements spirituels. La moitié des fidèles ne parlant pas français, il y a donc des messes internationales.
Zenit : Quelles rénovations avez-vous particulièrement remarqué ?
Mgr J.Y. Riocreux : Arrivant suffisamment à l’avance samedi dernier, j’ai pu visiter toutes les chapelles qui sont l’œuvre d’Eugène Viollet-le-Duc, et qui ont retrouvé leurs couleurs primitives. J’ai aussi découvert le nouvel autel en bronze et le mobilier liturgique réalisés par Guillaume Bardet. Cet ensemble s’inscrit parfaitement avec les couleurs des stalles du chœur de Notre-Dame.
Et ce qui m’a aussi beaucoup impressionné, c’est le haut-relief qui constitue la clôture du chœur. Il est du 14e siècle et représente des scènes de la vie de Jésus, depuis l’Annonciation et la Nativité jusqu’à la Passion. Et dans la partie qui est au sud, ce sont les scènes de la Résurrection. C’est splendide, et en même temps très pédagogique et catéchétique.
Zenit : Pourquoi un engouement général si fort pour cette cathédrale en particulier ?
Mgr. J.Y. Riocreux : La cathédrale est située au cœur de la ville de Paris. Elle est connue par son histoire, notamment grâce à Victor Hugo qui l’a fait connaître en 1831 avec la publication de « Notre-Dame de Paris ». Et son roman a été suivi de la restauration de la cathédrale par Viollet-le-Duc.
Notre-Dame est la cathédrale de Paris mais aussi la cathédrale du monde entier ! Elle a un emplacement tout à fait particulier, et c’est la raison pour laquelle le monde a été généreux : 350 000 donateurs, venant de cent pays différents, ont participé à la reconstruction de l’édifice. Il y a un seul équivalent dans le monde à Notre-Dame de Paris, c’est Saint-Pierre de Rome.
Zenit : Comment expliquez-vous que la croix et la Vierge à l’enfant aient été épargnés des flammes ?
Mgr J.Y. Riocreux : Le plus grand miracle, ce sont les pompiers qui ont sauvé Notre-Dame de Paris, et qui ont été acclamés et applaudis chaleureusement. Je dirais ensuite qu’il y a eu trois autres miracles avec cet incendie. Le premier, c’est que la tour-nord ne se soit pas effondrée, alors que l’incendie menaçait la charpente qui supporte les cloches : cela aurait été une catastrophe.
Le deuxième miracle est la croix de Marc Couturier, au fond de la cathédrale au-dessus de la pietà, qui a été complètement préservée. Comme elle est lumineuse, elle rayonnait au milieu de l’incendie. Et le troisième miracle est effectivement « la Vierge au pilier » ou « la Vierge miraculeuse », qui n’a pas été détruite par les flammes.