Aujourd’hui comme tous les jours depuis le 14 février, Bernadette est entourée de témoins. Ils sont même de plus en plus nombreux. Mais ils n’ont pas laissé de compte-rendu précis de chaque apparition. Une chose est sûre, c’est que la majeure partie du temps, Bernadette récitait son chapelet.

Chaque sanctuaire comporte son message. Quel est le message de Lourdes ? Certaines présentations s’en tiennent aux paroles de la Dame, telles que Bernadette les a répétées. Ces phrases sont peu nombreuses : « Voulez-vous me faire la grâce… Je vous promets de vous rendre heureuse… Pénitence, pénitence, pénitence, priez Dieu…. Allez boire à la fontaine … Allez dire aux prêtres… Je suisn l’Immaculée Conception. »

Certes, les paroles de la Vierge sont très importantes. Elles rythment la série des dix-huit apparitions. Mais elles sont bien loin de dire le tout du message.

Ne serait-ce qu’à cause du silence des deux premières et des deux dernières apparitions. De la troisième à la seizième apparition, la Dame et Bernadette se parlent, mais le plus souvent, Bernadette ne répète rien de ce qu’elle a entendu.

Très précisément, nous savons que la Vierge a confié trois secrets et a donné une prière à Bernadette. Mais personne n’a jamais réussi à lui extorquer les secrets, ni à lui faire dire ou écrire la prière.

Le message ne se réduit donc pas aux paroles : le sourire de la Vierge et sa tristesse quand elle parle des pécheurs, le choix de Bernadette comme confidente, le tempo des apparitions entre le 11 février et le 16 juillet, la référence à l’Eglise, les guérisons qui commencent à s’opérer dès que la source est découverte : tout cela et bien d’autres choses fait partie du message de Lourdes.

En tout cas, une constante : la prière et, plus particulièrement, la prière du chapelet, le rosaire. A Fatima, la Vierge se déclarera « Notre-Dame du Rosaire ».

Dans la vie de Bernadette, le chapelet permet de faire le lien entre les différentes époques. Juste avant les apparitions, elle avait passé six mois à Bartrès : une de ses seules joies durant ces six mois était d’avoir le temps et la liberté de dire son chapelet tout en gardant quelques moutons.

Bernadette a continué à dire son chapelet toute sa vie et ses compagnes de Nevers attestent qu’elle le récitait avec ferveur. Cela n’est-il pas remarquable, alors qu’elle avait reçu de la Vierge une prière pour elle toute seule ? Elle aurait pu considérer que cette prière, donnée directement par Marie, dévaluait la prière commune, la prière populaire, du chapelet. Non : en cela comme dans tout le reste de son comportement, Bernadette a voulu être et rester « comme tout le monde ». Si elle, la voyante de Lourdes, n’a pas dédaigné de continuer à dire son chapelet, nous serions bien orgueilleux de le mépriser.

Bernadette a toujours aimé occuper ses doigts : elle brodait à merveille. 0r, réciter son chapelet est aussi une activité manuelle. Même « Aquero » faisait glisser les grains de son chapelet entre ses doigts, même si elle ne remuait les lèvres qu’à la fin de chaque dizaine, au Gloria Patri.

Car le chapelet n’est pas seulement une succession d’Ave Maria. Il commence par le signe de Croix, comme la première apparition, le 11 février. Il comporte le Credo que nous tenons de la plus ancienne tradition, que nous récitons à la Messe et qui est commun à tous les chrétiens. Le Notre Père est un cadeau de Jésus, reprenant bien des paroles de l’Ancien Testament : il nous oriente vers celui qui est la source et le terme de toute notre existence.

Et maintenant, regardons et écoutons Bernadette dire le « Je vous salue, Marie ». Les carnets du commissaire de police sont une mine précieuse de renseignements : il notait le nombre de « saluts » que Bernadette adressait à Aquero : près d’une centaine le 4 mars. L’ange est en admiration devant la Vierge : elle est pleine de grâce ; elle est l’Immaculée Conception. Elle prie pour nous et pour tous les pécheurs : Bernadette terminait toujours ses lettres par les mots « Priez pour Bernadette » et elle a offert toute sa vie « pour les pécheurs ».Bernadette se trouvait donc en parfaite consonance avec l’Ave Maria.

En bigourdan comme en latin, le mot central de l’Ave Maria, à l’articulation des deux parties de la prière, est le nom de Jésus : et bendictus fructus ventris tui, Jesus. Par Marie, en disant le chapelet, Bernadette était conduite à Jésus, qu’elle recevra dans la communion, le 3 juin suivant. En récitant le chapelet, avec Marie, nous méditons dans notre cœur les grands moments de la vie du Christ, ses « mystères ». Dans sa lettre apostolique sur le rosaire, en 2002, Jean Paul a donné là-dessus d’utiles conseils qui sont encore bien peu mis en pratique.

Bernadette,

Depuis l’enfance tu aimais réciter ton chapelet,

La prière des simples, la prière des saints.

L’amour n’a qu’un mot :

Celui qui prie le chapelet, en le disant toujours, ne le répète jamais.

Laisse-moi te regarder.

Laisse-moi t’écouter.

Prie pour moi, prie pour nous, pauvres pécheurs,

Comme tu l’as fait toute ta vie.

Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

Amen !