ROME, Jeudi 8 octobre 2009 (ZENIT.org) - « Personne n'a survécu à ce type de cancer. Cette maladie vous conduira à la mort ». Telles furent les paroles du docteur Walter Chang à Audrey Toguchi en 1997. Scientifiquement il n'y avait plus rien à faire pour elle.
Sa guérison a été un miracle décisif pour la canonisation du père Damien de Veuster. Celle-ci aura lieu le 11 octobre prochain, lors d'une messe célébrée par le pape Benoît XVI, place Saint-Pierre, au Vatican.
Le père Damien, membre de la Congrégation du Sacré Cœur, connu aussi comme l'apôtre des lépreux, est né en Belgique en 1840. A l'âge de 33 ans, il se transféra sur l'île de Molokai (Hawaï) ou les lépreux avaient été mis en quarantaine.
Se privant de tout, le prêtre demeura là, servant, catéchisant et administrant les sacrements à ceux qui avaient contracté cette maladie. Contaminé à son tour par la lèpre, il mourut en 1899. Le pape Jean-Paul II le béatifia en 1995.
Malade en phase terminale
En 1996, Audrey, originaire de l'île hawaïenne de Oahu, avait 69 ans. « Je ne savais pas que j'avais un cancer », a-t-elle expliqué, dans un entretien à ZENIT.
« Mon mari me fit remarquer une grosseur sur la cuisse (Audrey avait glissé quelques jours auparavant alors qu'elle lavait le sol). Le médecin de famille me dit qu'il s'agissait d'un hématome ».
L'année suivante, l'hématome n'avait pas disparu. Il avait même enflé. Audrey passa de nouveaux examens. Un lymphosarcome fut diagnostiqué à la cuisse gauche. Il s'agissait d'une tumeur maligne.
L'année suivante, elle subit une intervention chirurgicale, mais le cancer s'était désormais étendu. « Au moment de l'intervention, le chirurgien découvrit qu'il s'agissait d'un cancer en phase terminale, très rare et très agressif », commente Audrey.
« Selon d'autres oncologues qui étudièrent le cas, il n'existait pas au monde d'expertise médicale relevant qu'un patient avait survécu à ce type de maladie ».
En septembre 1998, au cours d'un nouveau contrôle, les radiographies révélèrent la présence de métastases aux poumons. Les médecins donnèrent trois mois de vie à Audrey.
Elle se sentait très faible. Elle refusa la chimiothérapie et tout autre intervention. Elle s'adressa ainsi à une personne pour qui elle avait une grande dévotion depuis toute petite : « J'ai toujours aimé le père Damien », confesse t-elle.
« Je l'ai prié toute ma vie. C'est la raison pour laquelle je suis allé à Kalawo (ou se trouve sa tombe), à Molokai et dans nos églises pendant de nombreuses années ».
En novembre 1998, Audrey commença à ressentir de grandes améliorations. Les examens médicaux montrèrent que le cancer entrait en phase dégressive. Six mois plus tard, à travers un examen radiologique, on nota la régression totale des métastases sans aucun suivi thérapeutique. Le cancer disparut totalement.
Alors que les médecins ne s'expliquent pas ce cas, pour Audrey, il n'y a pas de doute : elle doit sa guérison à l'intercession du père Damien.
« Lorsque je fut totalement guérie par amour du Seigneur et par l'intercession du père Damien, je me sentis très honorée et pleine de gratitude », confesse t-elle.
Le 18 octobre 2007, le Bureau médical de la Congrégation pour les causes des saints examina les dossiers médicaux. Suivant le processus en vue d'une canonisation, croyants et non croyants ont conclu en affirmant avec une certitude morale que la guérison est non seulement exceptionnelle, mais aussi « surnaturelle ».
Par la suite, la commission de théologie a officialisé le miracle par l'intercession du père Damien, élément indispensable pour être proclamé saint.
Audrey Toguchi a expliqué que le témoignage du père Damien est encore très important pour son peuple : « Il quitta la Belgique alors qu'il était très jeune. Il était le pasteur des Hawaïens de toutes religions, parce que nous sommes tous fils de Dieu. Il apprit à connaître, et respecta la culture hawaïenne. Sa figure est très vénérée chez nous. 120 ans après il continue d'être très aimé ».
A 82 ans, Audrey respire, par son visage et sa voix, la sérénité et la vitalité. Elle a assuré qu'elle se rendra à Rome pour la canonisation.
« En 1860, le président Abraham Lincoln, dit que Dieu aimait les personnes simples parce qu'il était devenu l'une d'elles » a-t-elle conclu.
« Je suis une personne très simple. Dans sa miséricorde, Dieu m'a guérie et le père Damien qui a fait preuve d'un grand amour pour les personnes les plus rejetées de l'humanité, a voulu intercéder pour moi ».
Carmen Elena Villa