CITE DU VATICAN, Mercredi 21 novembre 2001 (ZENIT.org) - Le Saint-Siège répète son "non" à toute pratique liée au clonage d´embryons humains" et encourage les mesures juridiques visant à assurer la liberté de la science face à "toute forme d´abus et de soumission aux intérêts" des partis.
Après la proposition de certains experts américains de pratiquer le clonage humain à l´intérieur de la procréation assistée, les Nations Unies ont réuni à New York la "Convention internationale contre le clonage des êtres humains" ("International Convention against the reproductive cloning of human beings").
L´Observateur permanent du Saint-Siège à l´ONU, Mgr Renato Martino, est intervenu à la conférence internationale lundi 19 novembre, devant la VIe commission de l´ONU. Ce comité a pour objectif, rappelle Mgr Martino, d´atteindre un accord pour la création d´un instrument normatif, "valable dans le monde entier".
Mgr Martino insistait sur la paternité et la maternité. Si l´on ouvre "la possibilité d´une génération d´êtres humains avec un héritage génétique appauvri comparé à ceux qui jouissent d´un héritage génétique paternel et maternel, ceux qui sont nés du résultat du clonage commenceront leur vie comme des "anormaux" en termes de relation à des parents et à une famille à travers un acte de pré-détermination qui est à la fois délibéré et arbitraire par rapport à leur corporéité".
"Les conséquences éthiques et juridiques" qui suivraient un tel acte, , prévient Mgr Martino, "contamineront et désacraliseront l´avenir de l´humanité". "Les Nations Unies sont appelées, dit-il, à garantir que la dignité humaine et l´égalité soient protégées, pas seulement au niveau économique, mais elles sont appelées d´abord et surtout à garantir que la dignité humaine et la vie dans la famille soit protégées".
Mgr Martino rappelle que la proposition d´insérer un article supplémentaire intitulé: "International Convention against Cloning for Reproductive Purposes", dans l´agenda de la LVIe session, a été présentée par les représentants permanents de la France et de l´Allemagne au Secrétaire général, le 7 août 2001. Une proposition liée, précise Mgr Martino, aux discussions qui se sont tenues en août dernier entre des experts et des représentants du public et la réunion de l´Académie des Sciences des Etats-Unis.
Or, rappelle aussi le représentant du Saint-Siège, "à cette réunion, on a fait la proposition explosive de mettre en route la pratique du clonage pour des motifs de reproduction, en tant que technique de procréation assistée, pour des couples qui sont incapables de concevoir un enfant naturellement ou en utilisant d´autres méthodes reconnues". "Cette pratique, commente Mgr Martino, placerait le clonage parmi les pratiques de la procréation assistée. C´était une idée à laquelle on n´avait jusqu´ici accordé aucune attention sérieuse et qui est survenue alors que le clonage à des fins de reproduction avait rencontré un très large rejet par les organismes internationaux".
Les experts de l´Académie américaine ont rejeté le clonage humain. "Les personnes présentes à l´Académie des Sciences ont rejeté l´usage du clonage à un niveau scientifique comme une aventure dangereuse avec de très gros risques et des échecs prévisibles, rappelle le représentant du Saint-Siège. Le clonage a été condamné par les hommes de science renommé, y compris les pionniers du clonage animal".
Le Saint-Siège, rappelle Mgr Martino, a déjà expliqué sa position le 25 juin 1997, dans un document de l´Académie pontificale pour la vie intitulée "Reflections on Cloning". Le document avance les arguments "moraux et éthiques" pour le rejet de tous les aspects du clonage humain.
Le Saint-Siège a donc répété sa position lors du VIe comité, et il a appelé au "rejet" et à "l´interdiction" de tout ce qui est en lien avec le clonage humain sous tous ses aspects, toujours sur une base "morale et éthique".
Et Mgr Martino de préciser: "Cette opposition, de la part du Saint-Siège, ne vient pas seulement des risques de malformation ou de mort de l´embryon comme résultat des échecs prévisibles mais d´abord et surtout pour des raisons anthropologiques et éthiques. De fait, cette discussion est fondée sur la génération d´un enfant en dehors de l´acte d´amour personnel".
Un tel acte, souligne Mgr Martino, exclut paternité et maternité, c´est une conception où manque "l´union des personnes et des gamètes".
L´acte de clonage est un acte "prédéterminé" qui force l´image et la ressemblance du donneur et est une façon "de domination imposée sur un autre être humain qui nie la dignité humaine de l´enfant et fait de lui ou d´elle l´esclave de la volonté des autres".
"L´enfant serait vu comme un objet et un produit de l´imagination plutôt que comme un être humain unique égal en dignité à ceux qui l´ont "créé" ou "créée". La pratique du clonage usurperait le rôle du créateur et serait ainsi considérée comme une offense devant Dieu".
"Se référant aux Droit humains, continue Mgr Martino, les représentants permanents de France et d´Allemagne ont attiré l´attention sur la "Universal Declaration on the Human Genome and Human Rights", adoptée par l´UNESCO en 1997, et ont en particulier mis en relief , l´article 11 qui affirme: "Des pratiques qui sont contraires à la dignité humaine comme le clonage reproducteur d´êtres humains ne doivent pas être permises".
Une déclaration, continue Mgr Martino, fondée sur le droit fondamental à l´égalité, à la liberté, et à la non-discrimination" de la Déclaration universelle des Droits de l´Homme, eux-mêmes fondés sur "la vérité de la dignité spécifique et inaliénable" de tout être humain. Une dignité, disait le représentant du Saint-Siège, qui ne peut être objet ou instrument de la volonté d´autrui.
Que les Nations Unies et que les gouvernements du monde s´engagent pour "un instrument juridique" de grande portée est plus que "justifié", concluait Mgr Martino. "Dans l´ordre éthique et juridique international, cet objectif sera un premier pas nécessaire capable de donner à ce défi la signification qu´il mérite, un défi qui est nouveau à notre époque et la loi internationale est appelé à défendre la vie humaine et les générations futures des possibles abus de la science et de la technologie. La science en effet est l´un des plus importants facteurs de progrès mais en même temps, c´est l´un des pouvoirs qui peut être utilisé avec des effets imprévisibles et négatifs".
La science, continuait Mgr Martino doit être ainsi gardée "libre de toute forme d´abus et de soumission aux intérêts" de tout parti. Une protection, disait-il, qui dépend des décideurs des gouvernements et de la communauté scientifique.
Mais le clonage reproductif, précise Mgr Martino n´est qu´une part de la question. Il y a aussi le clonage thérapeutique, la production d´embryons pour fournir des cellules souches spécialisées, les embryons que l´on veut utiliser pour le traitement de certaines maladies et ensuite être détruits, pratiques qui doivent être "interdites", demande le Saint-Siège.
"Cette exploitation des être humains, recherchée par certains cercles scientifiques et industriels, et promue par des intérêts économiques sous-jacents", répugne à l´éthique et est une "offense" à la dignité humaine, et au "droit à la vie" puisque ce sont des "êtres humains (les embryons)" qui sont ainsi "créés pour être détruits".
Mais en outre, ajoute Mgr Martino, le clonage d´êtres humains a été reconnu comme n´étant pas nécessaire au niveau scientifique parce que "ces mêmes cellules souches peuvent être obtenues par d´autres moyens" qui eux, sont "acceptables".
"Le principe selon lequel des êtres humains (des embryons) ne doivent pas être utilisés comme des objets ou "sacrifiés" est toujours valide même lorsque d´autres doivent bénéficier de cette pratique", rappelle Mgr Martino qui cite à ce sujet "Evangelium Vitae": "En ce qui concerne le droit à la vie, tout être humain innocent est absolument égal à tous les autres. Cette égalité est la base de tous les rapports sociaux authentiques qui, pour être vraiment tels, ne peuvent pas ne pas être fondés sur la vérité et sur la justice, reconnaissant et défendant chaque homme et chaque femme comme une personne et non comme une chose dont on peut disposer. Par rapport à la norme morale qui interdit la suppression directe d´un être humain innocent, « il n´y a de privilège ni d´exception pour personne. Que l´on soit le maître du monde ou le dernier des "misérables" sur la face de la terre, cela ne fait aucune différence: devant les exigences morales, nous sommes tous absolument égaux » (Evangelium Vitae, (57), Jean Paul II, 25 Mars 1995.)".
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