Dans la recherche sur les cellules souches adultes et pour le progrès de la thérapie, il est essentiel de promouvoir la conscience et la compréhension de cette science qui est d’une très grande complexité, estime en substance le prix Nobel pour la médecine, John Gurdon.
Le docteur Gurdon était l’un des grands intervenants à la seconde conférence Internationale sur la « Médecine régénérative: changement fondamental dans la science et dans la culture » qui s’est tenue du 11 au 13 avril dans la salle Paul VI au Vatican (cf. Zenit du 11 avril 2013).
La conférence visait à faire connaître au grand public les progrès accomplis dans la recherche et dans la thérapie sur les cellules souches adultes, en réunissant un forum d’experts catholiques et non catholiques.
Les organisateurs tenaient à ce que cette conférence rassemble des intervenants de tous horizons (religieux, éthiques, moraux, y compris ceux qui ne partagent pas la doctrine de l’Eglise catholique). Parmi eux des scientifiques, des médecins, des experts en bioéthique mais aussi des hommes politiques et des journalistes, le premier objectif étant d’examiner la recherche sur les cellules souches adultes dans son ensemble.
Le docteur Gordon, est un biologiste du développement, actif à Cambridge en Angleterre. Il a remporté en 2012 le prix Nobel en physiologie et médecine pour avoir découvert la possibilité de reprogrammer les cellules. Une découverte jugée fondamentale pour la recherche sur les cellules souches adultes et pour ses bénéfices thérapeutiques.
Il souligne pour les lecteurs de Zenit l’importance de transmettre cette recherche au grand public.
Zenit - Docteur Gurdon, quelles sont vos impressions sur cette rencontre?
John Gurdon - Ce que je retiens surtout de cette rencontre c’est la confrontation avec la finalité de nos recherches. Dans mon travail il n’y a pas de lien avec le domaine clinique, bien que je sois conscient des efforts de beaucoup de scientifiques pour le bénéfice des patients.
Est-ce important que cette conférence ait été organisée par le Vatican ?
Personnellement je suis ce que vous appelleriez un liberal. Je ne suis pas catholique, je ne suis pas un chrétien de l’Eglise anglicane. Je ne partage pas certains des enseignements de l’Eglise catholique. Mais c’est justement pour cette raison qu’il est intéressant pour moi de rencontrer des personnes qui me disent pourquoi elles observent certains principes bien précis. Par ailleurs je ne suis jamais venu au Vatican auparavant, c’est une nouvelle expérience et j’en suis reconnaissant.
Que souhaiteriez-vous que le grand public retienne de cette conférence?
Je pense que les débats religieux et éthiques ont intéressé les gens. Mais ces thèmes vont au-delà de mon rôle. J’espère que, comme moi, ils ont été intéressés de voir où on en est au niveau thérapeutique en ce domaine.
Pourquoi transmettre une discipline scientifique aussi complexe à des non-scientifiques ?
Pour le non scientifique, je pense qu’il est important de comprendre en quoi consiste le travail en ce domaine. Le public peut alors soutenir ce type de travail et c’est surement cela que nous voulons. J’espère qu’il y a de plus en plus de personnes qui s’intéresseront aux sciences, et moins de personnes qui passent leurs temps à écouter des vedettes de la télévision. Et je dois dire que beaucoup de personnes sont vraiment intéressées.
Plus les gens sont conscients du type de discussion qui a lieu, mieux c’est, car je crois que les oppositions de certaines personnes sont dues à un malentendu; ils n’en savent tout simplement pas suffisamment sur ce que l’on fait dans cette discipline. Si on essaie d’expliquer aux gens ce que l’on fait et ce que l’on fera à l’avenir, je pense qu’ils s’enthousiasmeront. Et cela aura aussi des effets positifs sur le soutien du gouvernement qui est ce dont nous avons besoin dans ce travail.
Traduction d'Océane Le Gall