Réponse du P. Edward McNamara, Légionnaire du Christ, professeur de liturgie et de théologie sacramentelle et directeur de l’Institut Sacerdos à l’Université pontificale Regina Apostolorum
Q : Peut-on demander à un prêtre d’offrir la Messe de la veillée pascale pour une intention particulière ? Par exemple, pour une personne décédée ? – LD, Nancy, France
R : Bien que la question puisse paraître simple, il y a plusieurs choses à garder à l’esprit concernant la veillée pascale.
Selon la présentation traditionnelle des intentions sacerdotales, trois fruits découlent de l’offrande du prêtre à chaque messe : le fruit général pour toute l’Église ; le fruit personnel pour chacun des fidèles, y compris le prêtre, qui participent à la célébration, et qui correspond à chacun selon ses dispositions spirituelles ; et le fruit spécial ou ministériel.
Ce dernier fait référence à l’intention du prêtre en tant que ministre, pour laquelle il peut avoir accepté de la part des fidèles une offrande ou un traitement. Cependant, comme la messe a une valeur infinie, elle peut aussi avoir d’autres intentions non liées à une quelconque offrande.
Dans ce contexte, la réponse serait affirmative, tout comme dans toute messe, le prêtre, le célébrant principal et chaque concélébrant, peuvent avoir une intention ministérielle.
Si la question est de savoir s’il peut y avoir une offrande pour la veillée pascale, c’est une question à la fois juridique et pastorale. La question des offrandes à la messe est réglée par le droit canonique. À savoir :
Can. 945 §1. Selon l’usage approuvé de l’Église, tout prêtre célébrant ou concélébrant la Messe peut recevoir une offrande pour qu’il applique la Messe à une intention déterminée.
§2. Il est vivement recommandé aux prêtres, même s’ils n’ont pas reçu d’offrande, de célébrer la Messe aux intentions des fidèles, surtout de ceux qui sont dans le besoin.
Can. 947. En matière d’offrande de Messe, on écartera absolument jusqu’à l’apparence de commerce ou de trafic.
Can. 948. Des Messes distinctes doivent être appliquées aux intentions de chacun de ceux pour lesquels une offrande, fût-elle modique, a été donnée et acceptée.
Can. 951 § 1. Le prêtre qui célèbre plusieurs Messes le même jour peut appliquer chacune d’elles à l’intention pour laquelle une offrande a été donnée ; néanmoins, hormis le jour de Noël, il gardera l’offrande d’une seule messe et destinera les autres aux fins fixées par l’Ordinaire, une certaine rétribution à un titre extrinsèque étant toutefois admise.
§2. Le prêtre qui concélèbre une deuxième Messe le même jour ne peut sous aucun prétexte recevoir une offrande à ce titre.
Can. 953. Il n’est permis à personne de recevoir un nombre tel d’offrandes de Messes à appliquer par lui-même qu’il ne puisse les acquitter dans l’année.
Can. 954. Si dans certaines églises ou oratoires, la demande de messes à célébrer dépasse le nombre de celles qui peuvent y être dites, celles qui sont en excédent peuvent être célébrées ailleurs, à moins que les donateurs n’aient manifesté expressément une volonté contraire.
Il existe un autre document qui réglemente cette question, le décret Mos Iugiter de 1991 (AAS 83 [1991] 436-446), concernant les intentions dites cumulatives, qui a modifié la règle stricte du canon 948 sous certaines conditions strictes. Cependant, cela n’est pas pertinent pour notre question sur la veillée pascale.
D’un point de vue juridique, il ne semble pas y avoir d’interdiction d’accepter une intention pour le défunt dont vous parlez lors de la veillée pascale. Toutefois, elle peut être interdite si la veillée pascale tombe sous le coup de la restriction du canon 951 §2 puisque de nombreux prêtres célébreront plusieurs messes ce dimanche-là.
Cela pourrait également être pastoralement déconseillé, car il semblerait naturel que le prêtre offre la veillée, comme point culminant de l’année liturgique, pour toute la communauté et non pour d’autres intentions. C’est quelque chose que chaque curé doit décider lui-même, connaissant sa communauté.
De même, s’il y a des candidats qui recevront les sacrements de l’initiation chrétienne pendant la Veillée, alors, au minimum, le célébrant officiant devrait offrir la messe pour les néophytes comme intention ministérielle principale et renoncer à toute offrande.
Il peut y avoir certaines situations qui justifient une exception pour des raisons pastorales.
Par exemple, si un anniversaire important d’une personne décédée tombe pendant la veillée, alors, en accord avec la famille, l’un des concélébrants pourrait prendre cette intention sans qu’il soit nécessaire de l’annoncer publiquement, bien que le fait puisse être inclus dans les intentions générales de la prière universelle.
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