Le film « Sacré-Cœur » a un succès immense depuis sa sortie au cinéma le 1er octobre dernier : 200 000 spectateurs en à peine trois semaines, et des programmations prévues dans d’autres pays.
Réalisé par Steven et Sabrina Gunnell, le film-documentaire mêle des scènes de fiction et des témoignages. Il relate l’histoire des apparitions du Cœur de Jésus à une religieuse visitandine de Paray-le-Monial, sainte Marguerite-Marie Alacoque, et redit l’importance de la dévotion au Sacré-Coeur.
Passionnés et inspirés, les réalisateurs ont publié en 2024 « Objectif Dieu », un livre expliquant leur conversion, leur cheminement dans la foi, et comment ils ont été amenés à faire des films qui « évangélisent les coeurs ».
Zenit : Comment vivez-vous le succès de votre film « Sacré-Cœur » sorti au cinéma le 1er octobre ?
Sabrina Gunnell : C’est enthousiasmant ! On espérait seulement que le film dure le plus longtemps possible et là, les scores sont juste incroyables : on frôle les 200 000 entrées. Le film est prolongé chaque semaine, et on se déplace nous-mêmes beaucoup dans les cinémas à la rencontre du public. La première semaine, on a été émerveillés de voir ces queues immenses à l’extérieur des cinémas, les gens qui ne pouvaient pas rentrer. C’était un peu surréaliste.
Steven Gunnell : C’est quand même dingue de se dire que les gens font la queue pour aller voir un documentaire au cinéma. Je n’ai jamais vu ça nulle part, sauf pour un Avatar ou un Disney, à la fin de l’année pendant les fêtes de Noël !
Zenit : Quelles sont les principales réactions du public après avoir vu le film ?

Par leurs films, Steven et Sabrina sont de vrais évangélisateurs de la foi © @ Sabrina Gunnell/ Instagram
Sabrina G. : On a des gens émus qui viennent nous voir les larmes aux yeux à l’issue de la séance. Ils nous témoignent qu’ils sont fiers d’être catholiques et heureux de pouvoir montrer ce film à ceux qui sont éloignés de la foi. Certains nous disent qu’ils ont été touchés en profondeur, et d’autres sont surpris positivement.
Une dame me disait encore aujourd’hui qu’aller voir un documentaire chrétien au cinéma, ce n’est pas forcément un premier choix. En fait, les gens se laissent toucher et en ressortent émerveillés. Ils trouvent le film esthétiquement beau. Ils passent par toutes sortes d’émotions pendant le film, même le rire ! Cette dame me disait aussi qu’elle s’était laissée surprendre à prier pendant le film.
Steven G. : Une personne qui va depuis 30 ans à Paray-le-Monial m’a dit : « Il a fallu que je vois votre film pour comprendre ce qu’il s’est passé à Paray-le-Monial ! » Mettre cela en scène et en lumière, avec des jolies images tournées, avec des comédiens, cela interpelle. Et au-delà des retours, ce qui est formidable, c’est le bouche-à-oreille. On a une moyenne de quasiment 10 000 entrées par jour depuis 15 jours, et les programmations dans les cinémas se multiplient. D’autant plus que le film traverse les frontières. Il est maintenant programmé en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, mais aussi dans beaucoup de cinémas en Afrique, au Maroc, en Tunisie et peut-être au Canada.
Zenit : Pourquoi avoir fait un film sur ce sujet et quel message avez-vous souhaité transmettre ?
Sabrina G. : Rétrospectivement, on se rend compte que le Sacré-Cœur était dans nos vies depuis le début. Mais l’histoire commence lorsque nous avons rencontré le P. Édouard Marot et Alicia Beauvisage, qui voyagent dans le monde entier pour parler du Cœur de Jésus. En août 2023, nous étions au sanctuaire Notre-Dame-du-Laus, près de Gap. Un après-midi, je suis allée seule écouter le témoignage d’Alicia et du P. Marot. Et là, j’ai eu le cœur tout brûlant. Je découvrais qu’on pouvait se consacrer au Cœur de Jésus, et je ne savais pas que c’était possible. Je suis allée voir Alicia, et je lui ai dit que je faisais des films avec mon époux. Et là, elle me regarde avec des grands yeux en me dit : « J’ai prié pour rencontrer des réalisateurs chrétiens ! »
Le soir même, on est allés se consacrer en famille et le lendemain, en rentrant à Paris, Steven a écouté le témoignage d’Alicia et du P. Marot dans la voiture. À la fin, il me dit : « Tu crois qu’il y a un truc à faire avec le Sacré-Cœur ? » Les deux mois suivants, on a eu beaucoup de signes liés au Sacré-Cœur. On a réfléchi, on a prié. Et là, Steven a eu cette vision.

De belles affiches qui n’ont pu être posées dans les métros et les gares © facebook.com/steven.j.gunnell
Steven G. : En effet, dans la prière, j’ai vu une belle et grande affiche de film, comme celles que l’on peut voir dans le métro, les gares, les abribus… avec ce beau Sacré-Cœur au milieu de la foule. Et je me suis dit : « Tiens, ça a de la gueule. Jésus au milieu de tout ça. » C’était beau. Je me suis donc dit qu’on pourrait faire un beau documentaire avec des scènes de reconstitution.
On a ensuite appelé le P. Étienne Kern, le recteur de Paray-le-Monial, pour avoir son consentement, ses idées, son analyse. Et là, il a éclaté de rire, il a dit : « C’est génial ! Dans un mois, ce sera l’ouverture du Jubilé des 350 ans des apparitions ! » Donc ça tombait pile poil. Il a ajouté : « Rendez-vous en juin 2025 pour la clôture du Jubilé avec votre film. » On s’est dit, Sabrina et moi : « Ok, le Sacré-Cœur veut son film. »
En fait, ce film est un acte d’amour, un acte de foi. Il est le prolongement de nous-mêmes. J’aime bien les pèlerins d’Emmaüs qui rencontrent ce mystérieux personnage sur la croisée des chemins, avec qui ils passent un petit moment. Et ce personnage, il leur raconte la vie, la vérité. Et à la fin, il disparaît sous leurs yeux. Et l’un des deux dit à l’autre : « Notre cœur n’est-il pas tout brûlant ? » C’est cela le projet du film : proposer à chacun d’expérimenter cet amour brûlant de Jésus pour chacun d’entre nous.
Sabrina G. : Au-delà de l’aspect historique, le message de ce film est de dire au monde qu’il est puissamment aimé. C’est cette source d’amour qui est là et qui aime le monde avant tout. Quand on a commencé à filmer, beaucoup de chrétiens nous ont dit que le sujet des apparitions au 17e siècle était un peu vieillot et n’avait pas grand intérêt. Mais nous, on avait justement envie de montrer que ce message est d’actualité. Le film a été construit de sorte que le cœur du message de Paray-le-Monial soit au centre : c’est ce Cœur brûlant d’amour de Jésus qui se donne encore aujourd’hui pour le monde. Aux spectateurs de l’accueillir, ou non !
Zenit : Dans le film, il y a beaucoup d’interventions de témoins et d’experts du Sacré-Cœur…
Steven G. : Oui, une vingtaine de personnes témoignent. Tous ces témoignages sont très différents, beaux, pleins de douceur et d’humilité. C’est l’unité dans la diversité. Ce film a rassemblé des gens différents par leur histoire, leur milieu et leur culture… C’est incroyable !

Des salles pleines des files d’attente pour voir le film © facebook.com/steven.j.gunnell
C’est aussi un émerveillement de voir comment chaque personne a été rejointe par l’amour du Seigneur et « rattrapée » dans sa vie. Comment chacune d’elle a été touchée malgré ses blessures. Justement, le Seigneur passe par nos fêlures, c’est le point commun de tous ces témoins. Il n’y a vraiment que Jésus pour faire cela !
Sabrina G. : Quand ils racontent leur histoire, la plupart des témoins parlent de ce cœur à cœur avec Jésus, de leur rencontre avec le Christ, qui s’est souvent faite devant le Saint-Sacrement.
Zenit : Est-ce que votre vision du Cœur de Jésus et votre foi en général ont évolué au cours de la réalisation du film ?
Steven G. : L’évolution est surtout intérieure dans notre relation personnelle avec le Cœur de Jésus, dans le quotidien et la simplicité de notre vie. On s’est consacrés au Cœur de Jésus il y a deux ans, nous sommes investis dans la Garde d’honneur du Sacré-Cœur de Jésus. On a en effet passé des caps. Cela n’empêche pas les épreuves. Je suis plutôt de nature assez inquiète, parce que j’ai pas mal souffert dans le passé, et j’ai des cicatrices. J’ai l’impression en tous cas d’être plus détendu. C’est beau de voir ce Cœur sacré faire des merveilles.
Sabrina G. : Forcément, on grandit avec chacun de nos films, nous nous « reconvertissons » à chaque fois. Et nous sommes les premiers touchés par les témoins que nous filmons. Là, le Sacré-Cœur, c’est le cœur de la foi. Ça nous rapproche encore plus de Dieu !
