« Personne parmi nous n’est tombé dans le monde de manière aléatoire, par hasard. Chacun de nous a un destin » : c’est ce qu’a affirmé le pape François dans son homélie de ce mardi saint, 7 avril 2020, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe du Vatican. Ce « destin libre », a-t-il expliqué, c’est celui « de l’élection de Dieu », « dès avant la naissance ».
Le pape a commenté la première lecture, tirée du Livre d’Isaïe : « une prophétie sur le Messie, sur le Rédempteur, mais aussi une prophétie sur le peuple d’Israël » et « sur chacun d’entre nous », a-t-il fait observer. De même que Jésus est le « serviteur » élu « dès le sein maternel », ainsi « je nais avec pour destin d’être enfant de Dieu, d’être serviteur de Dieu, avec la tâche de servir, de construire et d’édifier ».
« Le Serviteur du Seigneur, Jésus, a servi jusqu’à la mort », a rappelé le pape François. Servir, c’est donc « se donner aux autres », et, a-t-il souligné « quand l’un de nous s’éloigne de cette vocation à servir, il s’éloigne de l’amour de Dieu ». Mais ce qui importe, « c’est l’attitude du pécheur qui est capable de demander pardon », comme Pierre après le reniement, à l’inverse de Judas.
Le pape a enfin invité à demander « la grâce de persévérer dans le service. Parfois avec des dérapages, des chutes, mais au moins avec la grâce de pleurer comme Pierre a pleuré ».
Après la communion, comme lors de chaque messe en semaine depuis le début du confinement, un temps d’adoration a accompagné la communion spirituelle, qui s'est conclue par la bénédiction eucharistique.
A la fin de la messe, l'assemblée, - trois prêtres, les Filles de la charité, chargées de la chapelle, quelques proches du pape, l'organiste - ont entonné l'antienne mariale « Ave Regina Caelorum »:
Salut, Reine des cieux ! Salut, Reine des anges ! Salut, Tige féconde ! Salut, Porte du ciel ! Par toi, la lumière s'est levée sur le monde.
Réjouis-toi, Vierge glorieuse, belle entre toutes les femmes ! Salut, splendeur radieuse : implore le Christ pour nous.Voici notre traduction de l’homélie du pape François, d’après une transcription de Radio Vatican en italien.
HG
Homélie du pape François
La prophétie d’Isaïe que nous avons entendue est une prophétie sur le Messie, sur le Rédempteur, mais aussi une prophétie sur le peuple d’Israël, sur le peuple de Dieu : nous pouvons dire qu’elle peut être une prophétie sur chacun de nous. En substance, la prophétie souligne que le Seigneur a élu son serviteur dès le sein maternel : elle le dit deux fois (cf. Is 49,1). Dès le début, son serviteur a été élu, dès sa naissance ou avant sa naissance. Le peuple de Dieu a été élu avant sa naissance, et chacun de nous également. Personne parmi nous n’est tombé dans le monde de manière aléatoire, par hasard. Chacun de nous a un destin, a un destin libre, le destin de l’élection de Dieu. Je nais avec pour destin d’être enfant de Dieu, d’être serviteur de Dieu, avec la tâche de servir, de construire et d’édifier. Et cela dès le sein maternel.
Le Serviteur du Seigneur, Jésus, a servi jusqu’à la mort : cela semblait un échec, mais c’était sa manière de servir. Et ceci souligne la manière de servir que nous devons adopter dans notre vie. Servir, c’est se donner, se donner aux autres. Servir, c’est ne pas exiger pour chacun de nous un bénéfice qui ne soit pas le service. Servir, c’est la gloire ; et la gloire du Christ est de servir jusqu’à s’anéantir lui-même jusqu’à la mort, la mort sur la Croix (cf. Ph 2,8). Jésus est le serviteur d’Israël. Le peuple de Dieu est serviteur, et quand le peuple de Dieu s’éloigne de cette attitude qui consiste à servir, c’est un peuple apostat : il s’éloigne de la vocation que Dieu lui a donnée. Et quand l’un de nous s’éloigne de cette vocation à servir, il s’éloigne de l’amour de Dieu. Et il édifie sa vie sur d’autres amours, bien souvent idolâtres.
Le Seigneur nous a élus dès le sein maternel. Dans la vie, il y a des chutes : nous sommes tous pécheurs et nous pouvons tomber et nous sommes tous tombés. Sauf la Vierge Marie et Jésus : tous les autres, nous sommes tombés, nous sommes pécheurs. Mais ce qui importe, c’est notre attitude devant le Dieu qui m’a élu, qui m’a oint comme son serviteur ; c’est l’attitude du pécheur qui est capable de demander pardon, comme Pierre, qui jure que « non, jamais je ne te renierai, Seigneur, jamais, jamais, jamais ! », puis, quand le coq chante, il pleure. Il se repent (cf. Mt 26,75). C’est le chemin du serviteur : quand il glisse, quand il tombe, demander pardon.
En revanche, quand le serviteur n’est pas capable de comprendre qu’il est tombé, quand la passion le prend au point de le conduire à l’idolâtrie, d’ouvrir son coeur à Satan, il entre dans la nuit : c’est ce qui est arrivé à Judas (cf. Mt 27, 3-10).
Aujourd’hui, pensons à Jésus, le serviteur, fidèle dans le service. Sa vocation est de servir, jusqu’à la mort et la mort sur la Croix (cf. Ph 2,5-11). Pensons à chacun de nous, qui faisons partie du peuple de Dieu : nous sommes des serviteurs, notre vocation est de servir, et non de profiter de notre place dans l’Église. Servir. Toujours en service.
Demandons la grâce de persévérer dans le service. Parfois avec des dérapages, des chutes, mais au moins avec la grâce de pleurer comme Pierre a pleuré.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat