Le 26 février dernier, rappelle "Eglises d’Asie" Phuntsog Nyidron, religieuse bouddhiste tibétaine âgé de 37 ans, a été libérée de la prison de Drapchi, à proximité de Lhassa, au Tibet. Figurant parmi les prisonniers politiques les plus connus du Tibet, elle est aussi la prisonnière tibétaine qui a passé le plus grand nombre d’années derrière les barreaux. Emprisonnée en 1989, elle devait être libérée en mars 2005 avant de bénéficier d’une libération anticipée d’un an pour avoir donné des "signes de repentance", selon les termes utilisés par les autorités chinoises pour annoncer sa libération.
En 1989, rappelle encore l’agence française, Phuntsog Nyidron avait été reconnue coupable de crimes "contre-révolutionnaires" pour avoir, en compagnie de cinq autres religieuses, pris part à une manifestation pacifique à l’annonce de l’attribution du prix Nobel de la paix au dalaï lama. Condamnée à neuf années de prison, elle reçut une peine supplémentaire de huit ans lorsque les autorités découvrirent qu’elle et treize autres religieuses avaient enregistré en prison des chansons célébrant leur amour d’un Tibet indépendant.
Selon différentes sources, la libération anticipée de la religieuse tibétaine a été rendue possible grâce à l’intervention de l’homme d’affaires américain John Kamm, connu pour avoir demandé et obtenu à de nombreuses reprises l’élargissement de personnalités religieuses et de dissidents connus (1), précise "Eglises d’Asie". Elle répondrait surtout au souci des autorités chinoises de ne pas se voir dénoncées devant la Commission des Nations Unies pour les droits de l’homme dont la session annuelle a lieu ce mois de mars à Genève. Dans son rapport annuel sur la situation des droits de l’homme dans le monde, publié à la fin du mois de février, le Département d’Etat américain a dénoncé, une fois de plus, la politique chinoise au Tibet où "de graves violations des droits de l’homme ont lieu, y compris des exécutions sans procès équitable, des tortures, des arrestations arbitraires, des détentions sans procès et de lourdes peines de prison pour des Tibétains ayant exprimé pacifiquement leurs opinions politiques ou religieuses".
"La libération de Phuntsog Nyidron est une merveilleuse nouvelle, mais aucun changement substantiel n’est intervenu concernant la liberté des Tibétains au Tibet, a commenté l’ancien prisonnier politique tibétain Ngawang Sangdrol, détenu onze ans à la prison de Drapchi. Le manque de liberté au Tibet est particulièrement criant pour les anciens prisonniers politiques. Je le dis à partir de ma propre expérience et c’est précisément la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui Phuntsog Nyidron", conclut EDA.
(1) Voir EDA 138, 144, 149, 151, 153, 169, 171
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Mar 16, 2004 00:00