Nadia Mourad Basee Taha, jeune femme yézidie, qui a survécu à la traite des êtres humains, a pu saluer le pape François à l’occasion de l’audience générale ce mercredi 3 mai, place Saint-Pierre.
Nominée l’an dernier pour le Prix Nobel de la Paix, elle a été nommée Ambassadrice de bonne volonté de l’Office des Nations Unies pour la lutte contre la drogue et le crime (ONUDC) pour la dignité des survivants de la traite des êtres humains. Elle a survécu à la traite aux mains de l’Etat islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, Daech), C’est la première fois qu’un survivant d’atrocités est nommé à cette fonction.
Agée de 23 ans, Nadia Mourad a décrit, devant le Conseil de sécurité, lors de sa première session consacrée à la traite des personnes le 16 décembre 2016, comment elle et d’autres Yézidis, une minorité religieuse, ont été raflés en Iraq en 2014. Elle a raconté les meurtres d’hommes et de jeunes garçons commis de sang-froid par les combattants de l’EIIL. Elle a elle-même fait l’objet de graves sévices et elle a été achetée et vendue plusieurs fois.
L’ancien secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki Moon a demandé instamment aux nations de « ratifier et d’appliquer pleinement la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et son protocole sur la traite des êtres humains, ainsi que tous les droits de l’homme internationaux fondamentaux et les instruments humanitaires ». Il a également demandé « aux gouvernements, aux entreprises et à d’autres partenaires de soutenir le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants ».
Nadia Mourad Basee Taha et Lamya Aji Bachar, âgée de 18 ans, sont des Yézidies, une ethnie kurde de 4 000 ans d’histoire, professant un monothéisme qui serait issu d’anciennes croyances kurdes, peut être d’origine iranienne, mais avec des éléments de l’islam sunnite et du soufisme. Elles ont reçu ensemble, le 13 décembre dernier, le prix Sakharov 2016, au Parlement européen, pour les défenseurs des droits de l’homme.
Elles ont dénoncé, dans L’Osservatore Romano – qui n’hésitait pas employer le mot de génocide -, le fait qu’encore « trois mille jeunes Yézidies sont réduites en esclavage ». Elles attendent de la communauté internationale « la création de zones protégées pour un demi-million de Yézidis qui, autrement, vont mourir ou arriver en Europe». Elles attendent aussi un arrêt de la Cour pénale internationale sur les « crimes contre l’humanité » commis par Daech.
Nadia Mourad salue le pape François, 3 mai 2017 © L'Osservatore Romano
Yézidies : Nadia Mourad, survivante, rencontre le pape François
Co-lauréate du Prix Sakharov 2016 avec Lamya Aji Bachar