Un recueil rassemble des « enseignements et réflexions » du pape François sur les migrants, les réfugiés et les victimes la traite, de façon à fournir « des éléments inspirants pour la prière, la prédication, et l’action pastorale ». Il ne s’agit donc en aucun cas d’un programme d’action politique, mais d’une réflexion spirituelle et pastorale, d’éléments de discernement sur un phénomène qui touche tous les continents. Le pape veut insuffler « l’espérance » face ces phénomènes, marqués par des « défis » et des « souffrances ».
“Lumières sur les routes de l’espérance. Enseignements du pape François sur les migrants, les réfugiés et la traite”: c’est le titre de ce volume publié en italien (483 pages) et en anglais par le Vatican, ce 17 janvier 2019, en même temps qu’un document sur la traite des êtres humains: “Orientations pastorales sur la traite des personnes”, qui constitue, comme le pape l’a dénoncé à plusieurs reprises un “crime contre l’humanité” et contre lequel il a demandé à différents dicastères de s’engager.
Le recueil de 306 interventions du pape François (pour la plupart des extraits ciblés) sur ces différents sujets part d’un passage du message Urbi et Orbi pour Pâques 2013 et il s’arrête au discours adressé par écrit aux prêtres, aux consacrés et aux séminaristes au Bangladesh, à Dacca, le 2 décembre 2017. Autrement dit, le recueil rappelle sur ces trois thèmes, les différents aspects, nuancés, de l’enseignement du pape et de la pastorale qu’il recommande, dans sa dimension universelle et pas euro-centrée, au service de toute vie humaine.
La préface du nouveau volume est du pape François (nous en publions ici la traduction), lui-même responsable de la Section Migrants et Réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral, qui publie les documents sur son site. L’introduction du volume est signée par les deux sous-secrétaires cette section du dicastère, les pp. Fabio Baggio C.S. et Michael Czerny S.J. (nous en publions ici notre traduction).
Dans sa préface, le pape fait observer que les mouvements de population appartiennent non seulement à l’histoire humaine mais à l’histoire sainte, autrement dit que le dessein de Dieu sur l’humanité est aussi à découvrir dans ces déplacements, forcés ou spontanés : « Comme l’histoire humaine, l’histoire du salut a été marquée par des « itinérances » de différents types – migrations, exils, fuites, exodes -, toutes cependant motivées par l’espérance d’un avenir meilleur, ailleurs. »
Mais surtout, le pape invite à ne pas baisser les bras, à ne pas se laisser « voler l’espérance », et à compter sur la « miséricorde » de Dieu qui conduit sur un « chemin de paix »: en somme, Dieu n’abandonne pas l’humanité aux soubresauts de l’histoire des déplacements humains.
Car cet enseignement social dans un domaine d’actualité brûlante n’est certes pas un programme politique: à la sphère, autonome, du « politique » d’inventer les solutions hic et nunc. Mais comment inventer des solutions si l’on n’est pas mu par l’espérance que ce n’est pas mission impossible? C’est là que le pape François veut ré-insuffler de l’espérance: oui, les principes de l’enseignement social de l’Eglise seront féconds aussi pour affronter la complexité des migrations et de la traite des êtres humains et ses ramifications mondiales.
Voici notre traduction, rapide, de travail, de la préface du pape François, à partir de la version en italien.
AB
Préface
Abraham et Sarah ont quitté leur patrie à un âge avancé en réponse aux promesses de Dieu (Gn 12, 1-3). Se déplacer et s’établir ailleurs avec l’espérance de trouver une vie meilleur pour soi-même et pour leurs familles, voilà le désir profond qui a poussé des millions de migrants au cours des siècles.
Le voyage des migrants n’est pas toujours une expérience heureuse. Il suffit de penser aux terribles voyages des victimes de la traite. Mais même dans ce cas les possibilités de rachat ne manquent pas, comme il arrive au petit Joseph, fils de Jacob, vendu comme esclave par ses frères jaloux, qui devient en Egypte un administrateur du pharaon (Gn 37). Et puis il y a les exodes dramatiques des réfugiés, une expérience que Jésus-Christ a lui-même faite, avec ses parents, au début de sa vie terrestre, lorsqu’ils durent fuir en Egypte, pour échapper à la furie homicide d’Hérode (Mt 2).
Comme l’histoire humaine, l’histoire du salut a été marquée par des « itinérances » de différents types – migrations, exils, fuites, exodes -, toutes cependant motivées par l’espérance d’un avenir meilleur, ailleurs. Et quand l’ »itinérance » a été suscitée par des intentions criminelles, comme dans le cas de la traite, il ne faut pas se laisser voler l’espérance de la libération et du rachat.
Dans son infinie miséricorde, Dieu accorde librement sa grâce en toute circonstance. C’est ce que confirment les exemples inspirants de nos ancêtres dans la foi qui ont dû fuir les persécutions ou, en suivant la voix du Seigneur, ont voyagé dans des terres lointaines comme missionnaires. Aujourd’hui encore, les mouvements humains, bien qu’ils engendrent des défis et des souffrances, enrichissent nos communautés, les Eglises locales et les sociétés de chaque continent. « Grâce à la tendresse te à la miséricorde de notre Dieu », a prophétisé Zacharie, le Seigneur nous visitera pour « conduire nos pas sur le chemin de la paix » (Lc 1, 78-79).
C’est mon vœu que ce recueil d’enseignements et de réflexions puisse éclairer nos pas sur les chemins de l’espérance, en fournissant des éléments inspirants pour la prière, la prédication, et l’action pastorale.
François
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin
Journée contre la traite, le trafic © Vatican Media
Insuffler "l’espérance": préface du pape François à propos des migrations et de la traite (traduction complète)
Un recueil de ses enseignements spirituels et pastoraux