Le pape François autorise la Congrégation romaine pour les causes des saints à promulguer un décret reconnaissant le martyre d’un père de famille du Tyrol du Sud (aujourd’hui en Italie, autrefois en Autriche) Josef Mayr-Nusser, mort en déportation pour avoir refusé de prêter le serment des S.S. au national-socialisme.
Ce catholique est considéré comme un héros de la résistance du Tyrol du Sud contre l’occupation nazie. Il était né le 27 décembre 1910 dans la ferme du Nusserhof aux environs de Bolzano (Italie) et il est mort le 24 février 1945 près d’Erlangen (Allemagne).
Enfant, il s’engagea dans les jeunesses catholiques de son diocèse (Trente) et il fut élu président de l’Action catholique. Sous l’occupation, il choisit de « rester », en même temps que 90% des prêtres, et il rejoignit le cercle clandestin de résistance appelé « Andreas-Hofer-Bund ».
Le 26 mai 1942, à 22 ans, il épousa Hildegard Straub (1907-1998) et ils eurent un fils, Albert Mayr. Il allait à la messe tous les matins. Il aimait lire Thomas More qui préféra la décapitation, sous Henri VIII, plutôt que de désobéir à sa conscience : « Porter témoignage est notre seule arme efficace », disait-il : il faut montrer à tous « que le seul qui ait le droit à une autorité complète, sans limite, et d’être notre « Chef », c’est le Christ ».
En 1944, après l’entrée des forces armées allemandes et la création de la « Zone d’opération des Préalpes », Josef Mayr-Nusser, ainsi que beaucoup d’autres « Dableibers » – qui avaient choisi de « rester » là -, fut incorporé de force dans l’armée allemande, comme y avaient été contraints ceux qui avaient opté pour l’Allemagne. Il fut affecté à la Waffen-SS.
Il écrivait à sa femme : « Prie pour moi afin qu’à l’heure de l’épreuve je puisse agir sans hésitation, selon ce que Dieu et ma conscience me dictent (…). Tu es une femme courageuse et les sacrifices personnels qui te seront peut-être demandés ne pourront pas te conduire à condamner ton mari parce qu’il a préféré perdre la vie plutôt que d’abandonner la voie du devoir. »
Il lui écrivait encore: « Ma profession de foi te jettera dans une immense douleur. L’urgence d’un tel témoignage est désormais inéluctable. Ce sont deux mondes qui s’affrontent. Mes supérieurs ont démontré trop clairement de refuser et de haïr ce qui pour nous,catholiques, est sacré et ce à quoi nous ne pouvons renoncer. »
Or, à Konitz (Chojnice, en Pologne), le 4 octobre 1944, il refusa de prêter le serment des S.S. : « Monsieur le maréchal majeur, je ne peux pas faire de serment à Hitler ». C’était sa condamnation à mort.
Il avait confié à un ami quelque jours plus tôt: « Si personne n’a jamais le courage de dire non au national-socialisme, ce système ne finira jamais. »
Il fut emprisonné puis déporté vers le camp de concentration de Dachau, près de Munich. Il mourut d’épuisement, de froid, et des suites des mauvais traitements, dans un wagon à bestiaux, près d’Erlangen, le 24 février 1945.
Josef Mayr-Nusser repose à Lichtenstern am Ritten (Tyrol du Sud). C’est en 2005 que le diocèse de Bolzano-Bressanone a demandé sa béatification, avec pour postulateur de la cause Josef Innerhofer.
En 2010 il a été nommé citoyen d’honneur par le conseil municipal de Bolzano. Des rues portent son nom dans différentes ville de la région et jusqu’en Autriche et en Allemagne – à Bolzano, Merano, Ritten, Truden, Innsbruck et Erlangen -, ainsi qu’un collège et la Caritas d’Erlangen (archidiocèse de Bamberg).
Hildegard et Josef Mayr-Nusser, Haus Lichtenstern in Ritten, Wikimedia Commons, OTFW
Un père de famille du Tyrol du Sud martyr du nazisme
Josef Mayr-Nusser a refusé de prêter le serment S.S.