Un économiste français au service des finances du Vatican

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J.-B. de Franssu nouveau pilote de l’IOR

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Un membre, français, du Conseil pour l’économie institué le 24 février par le pape François, et qui s’est réuni le 4 juillet au Vatican, participera demain, 9 juillet, à une conférence de presse sur le thème « Nouveau cadre économique du Saint-Siège » : Jean-Baptiste Douville de Franssu, 51 ans aujourd’hui, marié, quatre enfants.

La conférence de presse réunira au Vatican le cardinal australien George Pell, préfet du Secrétariat pour l’Economie; M. Joseph F.X. Zahra, économiste de Malte, vice-coordinateur du Conseil pour l’Economie ; M. Jean-Baptiste de Franssu, membre du Conseil pour l’Economie, spécialiste en conseil et stratégie ; et M. Ernst von Freyberg, avocat, président du Conseil d’administration de l’Institut pour les oeuvres de religion (IOR).

Un nouveau pilote pour la seconde phase

Ce sera la première apparition officielle de M. J.-B. de Franssu depuis sa nomination comme expert – bénévole – à ce Conseil en mars dernier. Il succédera à l’avocat allemand Ernest von Freyberg à la tête de l’Institut pour les oeuvres de religion (IOR) dans la « seconde phase » de la réforme de l’IOR que le cardinal Pell annonce ce mardi 8 juillet.

Quant au bilan d’Ernest von Freyberg, il peut se résumer en deux mots : transparence et rigueur. Transparence, avec la création d’un site Internet, d’un poste de porte-parole, la publication d’un bilan annuel. Rigueur avec un examen systématique des quelque 19 000 comptes de l’IOR, confié à Promontory (Etats-Unis) : un « nettoyage » qui a conduit à la clôture de milliers de comptes, la plupart inutilisés.

Il a ainsi accompagné pendant 18 mois, la première phase, décisive, voulue par Benoît XVI puis par le pape François, de la réforme de l’institut financier du Vatican. Car, M. Franssu le rappelle : ces réformes ont été engagées par le pape Benoît XVI.

Jean-Baptiste de Franssu dirige le cabinet de conseil en fusions-acquisitions et stratégie qu’il a fondé à Bruxelles : Incipit.  Il a participé à l’audit de l’IOR qui a eu lieu entre août et décembre 2013, après la création d’une Commission pour analyser la gestion des différents organes du Saint-Siège. Il a été notamment administrateur-délégué pour l’Europe de la compagnie des Etats-Unis Invesco et en France directeur de la Caisse des Dépôts.

Il est aussi administrateur de l’Alliance mondiale de la jeunesse, World Youth Alliancequi intervient auprès de l’ONU, du Parlement européen, de différentes organisations gouvernementales en Afrique et en Asie, pour la « défense de la dignité de la personne humaine ».

Un « oui » en trois minutes

Lorsqu’il a reçu, l’été dernier, l’appel téléphonique d’un « monseigneur du Vatican » pour participer à la Commission de réforme des structures économiques du Vatican, il a eu trois minutes pour donner sa réponse, confie-t-il dans un entretien à KTO et il a dit « oui » : « Si, dans les matières dans lesquelles j’ai un peu d’expertise, je peux aider le Vatican, alors j’y vais », explique-t-il.

Il rappelle les deux objectifs de la réforme des organismes financiers et économiques du Vatican pour améliorer leur fonctionnement quotidien: « C’est très important de permettre au Saint-Père d’accroître les ressources qu’il a à sa disposition pour les pauvres et pour la propagation de la foi. »

C’est en effet, explique-t-il, le premier message du pape François, de retour de Rio, le 3 août, avec une grosse grippe: « J’ai besoin d’argent pour les pauvres et pour assurer une meilleur propagation de la foi. Je suis très conscient qu’on peut faire mieux au Vatican et je souhaite faire mieux pour le bénéfice des pauvres et pour la propagation de la foi. »

Il a pu constater que les structures économiques et financières du Vatican « n’ont pas beaucoup évolué » et sont donc « un peu obsolètes », avec un manque « d’optimisation des coûts », ce qu’il explique en partie par le fait que le Vatican est « très décentralisé » et qu’ainsi « beaucoup de petites structures » font le même travail, avec des « redondances »: il faut donc une « meilleure gestion », « plus professionnelle ».

Il rappelle que le pape a demandé la transparence et que cela commence par la publication, tous les ans, des chiffres quant à l’activité économique de cet Etat souverain, avec l’adéquation aux règles internationales pour la gestion des portefeuilles, ce que le pape Benoît XVI a demandé.

Il fait observer que « si les règles ne sont pas strictes ou encadrées, il peut y avoir des tentations » ou des « naïvetés » : les prêtres, les évêques, les cardinaux n’ont pas en général été préparés à une telle gestion, ce qui a décidé le pape François à créer une Commission de laïcs : 8 cardinaux et 7 laïcs pour avoir ces compétences à la disposition de l’Eglise.

C’est pourquoi le pape a voulu faire « sortir » de la responsabilité de la Secrétairerie d’Etat, ce qui est économique et financier pour « permettre de mieux gérer les aspects administratifs et financiers ».

C’est désormais le rôle du Secrétariat pour l’économie, créé le 24 février, accompagné d’un « Conseil », selon la règle des « quatre yeux » : deux personnes qui veillent sur le fonctionnement du Secrétariat.

La commission de 7 laïcs internationaux, est arrivée, en février dernier, donc en relativement peu de temps, à proposer au pape des solutions qui ont été acceptées et dont la mise en place a immédiatement commencé : l’économiste estime qu’il y a une « main » qui les a « aidés », il dit sa conviction que « l’Esprit Saint guide l’Eglise ».

Pour ce qui est de l’IOR, de la lutte contre le blanchiment d’argent, il est sorti de la phase d’« absence de procédure et de contrôle ». L’institut « permet au Vatican de communiquer avec le monde du point de vue économique », c’est une petite « banque commerciale du Vatican ». Il faut maintenant maintenir le cap : mettre en place la surveillance des activités, publier les chiffres, « de façon claire, transparente et accessible à tous ». Presque une déclaration de programme.

Le pape chef d’entreprise

Même si le pape dit ne pas aimer les questions financières, il est « très présent », « très direct », confie encore l’économiste français, avec cette façon de frapper à la porte de la Commission en disant : « Est-ce que je vous dérange ? ».

Une intervention faite de « simplicité », et de « grande exactitude », comme « un grand chef d’entreprise », aux « idées claires », mais avec la « souplesse » nécessaire pour faire « évoluer de façon harmonieuse » l’administration du Saint-Siège.

Mais ce qui a le plus frappé M. Jean-Baptiste de Franssu, c’est cette façon « extraordinaire de donner sa vie » : « quand on voit le pape François, on voit ce que c’est que de donner sa vie : il ne compte pas ses jours, ses heures, il est dédié à la tâche qui est la sienne, il s’attache à faire évoluer cette curie r
omaine avec dévouement et abnégation ».

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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