Terre Sainte: éduquer les jeunes à la connaissance et au respect de l'autre

Print Friendly, PDF & Email

Notamment des autres religions

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

« Si dans toutes les églises, les synagogues et les mosquées du monde on entendait constamment l’exhortation : “aimez les autres !” »: Mgr Marcuzzo insiste sur le devoir d’éduquer les jeunes au respect et à la connaissance de l’autre.

Mgr G.B. Marcuzzo, vicaire patriarcal pour Israël, a participé du 13 au 17 octobre 2013 à la 22e rencontre du Comité International de Liaison Catholique-Juif (ILC ou IC-JLC) à Madrid. Le site du Patriarcat latin de Jérusalem publie les réponses de Mgr Marcuzzo, lors d’une rencontre avec la presse.

Il a notamment insisté sur le devoir de travailler sur le front de l’éducation: « Si dans toutes les églises, les synagogues et les mosquées du monde on entendait constamment l’exhortation : “aimez les autres !”, la situation changerait vraiment. Si dans tous les manuels d’école on présentait aussi et surtout les points communs et la connaissance positive de l’autre, beaucoup de conflits pourraient être évités. »

Quelle est votre évaluation générale de la rencontre ?

La rencontre s’est déroulée dans une atmosphère de cordialité, d’ouverture d’esprit et de profonde écoute mutuelle. Le débat était très élevé et étendu ; il y avait là en effet des évêques et des rabbins, des experts et des responsables venant du monde entier et avec un éventail d’expériences impressionnant. Mon jugement global est assurément positif.

Quels sont  les meilleurs résultats de cette rencontre ?

Je crois que ces rencontres en général, et celle-ci en particulier, aident beaucoup à trouver un langage commun, à mettre ensemble et les idées et le travail de coopération, à réaliser des objectifs communs, et dans ce cas précis : la lutte contre les causes de la violence contre les minorités et les ‘autres’. Même sur les points où nous ne sommes pas d’accord, nous sommes spontanément portés à être attentifs à la sensibilité des autres.

Quelle est la contribution spéciale que vous avez pu apporter à cette rencontre ?

En tant qu’évêque de Terre Sainte, avec le Père Custode, j’ai apporté mon expérience et j’ai surtout parlé desdéfis qu’affronte chaque jour ma communauté chrétienne en Terre Sainte où l’on ne peut pas parler de persécution ni de christianophobie, mais où ne manquent pas contre les chrétiens les abus, la violence, l’intolérance, le vandalisme, la discrimination, les préjudices et l’inégalité. J’ai donné aussi des exemples de notre vie quotidienne.

Bien sûr, j’ai parlé également des points positifs et encourageants dont nous jouissons dans la société en Israël, Palestine et Jordanie, dont la plus importante est la liberté de religion, de culte, d’activité, de formation et de mouvement, et les bons rapports que nous gardons et même intensifions avec les musulmans, les juifs et les druzes. Un bon pas en avant a été fait, par les initiatives privées, les institutions religieuses et les associations interreligieuses pour combattre l’ignorance mutuelle.

Je suis de plus en plus convaincu de l’importance et de la nécessité d’une information solide sur la vraie réalité chrétienne en Terre Sainte et surtout de la nécessité de communiquer à un niveau populaire, et donc dans les mentalités culturelles. Il faut aussi expliquer le fait que désormais quelque chose de nouveau et de très positif a été introduit dans les relations entre les religions et les cultures en Terre Sainte. Malheureusement une grande majorité est restée figée dans d’anciens préjugés. Le dialogue entre catholiques et juifs se justifie, certes, mais si nous voulons combattre la persécution et la violence, j’ai avec insistance rappelé aux délégués le besoin de travailler ensemble et d’inviter les musulmans à se joindre à notre débat et à la collaboration.

Sur quels points avez-vous insisté plus volontiers et avec plus de conviction ?

Au-delà de ce que je viens de dire, j’ai soutenu un effort spécial pour inviter incessamment les participants à bien s’informer et à bien ‘distinguer’. J’ai remarqué, en effet, qu’une grande confusion, désinformation et une acceptation passive de certaines certitudes stéréotypées et fausses règnent dans beaucoup d’esprits à propos de la Palestine et d’Israël, et donc des chrétiens dans ces deux pays.

J’ai insisté, deuxièmement, sur lescauses de l’intolérance et, ne pouvant pas parler de laïcité positive de l’Etat, j’ai inlassablement proposé la ‘pleine citoyenneté’ (‘mwatanah’), comme remède au confessionnalisme. J’ai été franchement étonné de voir que certains n’acceptaient pas ce terme, pourtant assez innocent, par peur de mettre en danger l’identité typique du pays. J’ai apprécié certains rabbins, comme David Rosen, qui ont partagé fortement cette position « justement pour le bien du pays lui-même tout entier, pour l’harmonie sociale, et pour les exigences des valeurs bibliques ».

Le troisième point sur lequel je suis souvent revenu est l’absolue nécessité d’améliorer ou de changer le programme de la formation et de l’éducation dans les écoles, les centres de culte et les moyens d’information. Dans ce domaine, les autorités politiques et civiles, et les leaders religieux ont encore beaucoup à faire. Si dans toutes les églises, les synagogues et les mosquées du monde on entendait constamment l’exhortation : “aimez les autres !”, la situation changerait vraiment. Si dans tous les manuels d’école on présentait aussi et surtout les points communs et la connaissance positive de l’autre, beaucoup de conflits pourraient être évités.

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel