Le pape François encourage l’antenne de radio télévision italienne Telepace à poursuivre son objectif : « Être la voix des sans-voix ». Et il précise : « Surtout dans les temps actuels, où la culture du déchet laisse sans voix de plus en plus de personnes ». Il l’invite à déployer une « spiritualité de la charité » en allant vers « surtout les pauvres, les plus petits, les exclus ». « Ne les oubliez jamais, les pauvres de la porte à côté ! », a-t-il lancé. « Continuez d’être à côté des prisonniers, des condamnés à mort ».
Le pape François a reçu en audience les collaborateurs et les amis de Telepace, à l’occasion du quarantième anniversaire de la fondation de la chaîne, ce jeudi 13 décembre 2018, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique.
Le pape a proposé aux personnes présentes un triple engagement : D’abord, « être une antenne de spiritualité », c’est-à-dire « savoir reconnaître dans tout ce qui arrive les signes spirituels de l’amour miséricordieux du Père ». Ensuite, « éduquer les jeunes à l’école de l’Évangile », ce qui « signifie avant tout être témoins de l’unique Parole qui sauve ». Enfin, « être des narrateurs qui ne tombent pas dans les ragots » et « promouvoir un journalisme de paix ».
Voici notre traduction du discours prononcé par le pape François.
HG
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
Je vous salue affectueusement et je remercie Don Guido Todeschini pour ses paroles d’introduction. Telepace a récemment conclu ses initiatives à l’occasion de son quarantième anniversaire. Cela a été une année de gratitude particulière envers Dieu et de réflexion sur votre service professionnel. En effet, les instruments de communication sont aussi un don de Dieu : ils « ont représenté un élargissement de l’horizon pour de nombreuses personnes. C’est un don de Dieu et c’est aussi une grande responsabilité. J’aime définir ce pouvoir de la communication comme “proximité”. […] Une proximité qui prend soin, réconforte, guérit, accompagne et fait la fête » (Message pour la 50ème Journée mondiale des Communications sociales, 24 janvier 2016).
Telepace s’est toujours distinguée par sa vocation à la « proximité » et pour son service authentique rendu « à Dieu et à l’homme dans l’Église », comme le dit votre devise. C’est dans cette optique qu’il faut lire le choix, dès les origines, de n’accepter aucune forme de publicité et de vivre uniquement de dons libres. Comme pour les premiers chrétiens, il y a un abandon total à la Providence, qui s’appuie sur l’invitation de Jésus : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6,33).
Telepace est née petite et circonscrite à quelques provinces italiennes, avec un objectif bien précis : être la voix des sans-voix. Je vous encourage à le poursuivre. Surtout dans les temps actuels, où la culture du déchet laisse sans voix de plus en plus de personnes. En 1990, selon le désir de saint Jean-Paul II, le siège de Rome a été ouvert : l’audience du mercredi, l’Angelus, le chapelet et les célébrations du pape arrivent intégralement et directement dans toutes les maison. Un grand rapport de relation et d’affection avec le Siège de Pierre auquel est aussi lié le « Cenacolo Maria Stella dell’Evangelizzazione ».
Je suis donc content de partager ce moment de fête pour votre anniversaire. Cette pause n’est pas une fin en soi, mais une occasion de renouveler l’engagement pris il y a quarante ans. Pour cela je voudrais pour confier brièvement trois engagements.
Le premier : être une antenne de spiritualité. L’image de l’antenne, avec sa double fonction d’émettre et de recevoir, est belle. Telepace, en tant que canal de radio et télévision, est experte dans ce processus de communication. C’est à vous que revient la tâche de savoir reconnaître dans tout ce qui arrive les signes spirituels de l’amour miséricordieux du Père. « Aujourd’hui aussi, c’est l’Esprit qui sème en nous le désir du Royaume, à travers tant de « canaux » vivants, à travers les personnes qui se laissent conduire par la Bonne Nouvelle au milieu du drame de l’histoire (Message pour la 51ème Journée mondiale des Communications sociales, 24 janvier 2017). Dans votre profession, puissiez-vous être de « vivants canaux » de spiritualité vers Dieu et vers tous vos auditeurs et téléspectateurs. Surtout les pauvres, les plus petits, les exclus. Ne les oubliez jamais, les pauvres de la porte à côté ! Continuez d’être à côté des prisonniers, des condamnés à mort – c’est terrible, cela, mais il y a encore la peine de mort – comme comme vous vous êtes rendus dans le Bras de la mort au Texas, où vous avez accompagné et assisté deux jeunes à l’échafaud après les avoir réconfortés avec les sacrements. C’est la spiritualité de la charité !
Second engagement : éduquer les jeunes à l’école de l’Évangile. Une des instances nées pendant la récente Assemblée synodale consacrée aux jeunes concerne précisément leur rapport avec l’Église. On lit dans le document final : « Tous les jeunes, sans exclusion, sont dans le cœur de Dieu et donc aussi dans le cœur de l’Église. Mais nous reconnaissons franchement que cette affirmation qui résonne sur nos lèvres ne trouve pas toujours son expression réelle dans notre action pastorale […]. Et pourtant, l’Évangile nous demande d’oser et nous voulons le faire sans présomption et sans faire de prosélytisme, en témoignant de l’amour du Seigneur et en tendant la main à tous les jeunes du monde » (n.117). Comme j’aimerais que les médias aussi consacrent plus d’attention aux jeunes, non seulement en racontant leurs échecs mais aussi leurs rêves et leurs espérances. Éduquer les jeunes à l’école de l’Évangile signifie avant tout être témoins de l’unique Parole qui sauve. Que votre communication soit en sortie, pour se mettre en dialogue et, avant encore, à l’écoute des jeunes. Souvenons-nous : l’Évangile demande d’oser !
Troisièmement : être des narrateurs qui ne tombent pas dans les ragots. La communication n’est pas seulement transmission de nouvelles : elle est disponibilité, enrichissement réciproque, relation. Malheureusement, une forme de communication qui n’a rien à voir avec l’attention à l’autre et avec la compréhension réciproque est encore très répandue : c’est le ragot. C’est une mauvaise pratique qui mine tous les jours la communauté humaine, semant envie, jalousie et soif de pouvoir. On peut même tuer quelqu’un avec cette arme, soit en l’empoignant, soit en construisant des ragots, soit en la passant de main en main quand on écoute, prolongeant ainsi la vie du mensonge et de la délation. Il est par conséquent important de communiquer de manière responsable, en pensant aussi à tout le mal que l’on peut faire avec la langue, avec les bavardages, avec les ragots. Je renouvelle alors mon invitation à « promouvoir un journalisme de paix, […] un journalisme fait de personnes pour les personnes, et qui se pense comme un service à toutes les personnes, en particulier à celles – dans le monde, c’est la majorité – qui n’ont pas de voix -, […] un journalisme engagé pour indiquer des solutions alternatives à la montée de la clameur et de la violence verbale (Message pour la Journée mondiale des Communications sociales, 24 janvier 2018).
Que le Seigneur vous aide à ne jamais trahir l’objectif que vous portez imprimé dans le nom Telepace : à être toujours une télévision de la paix, qui est un don de Dieu et qui est une conquête humble et constance de l’humanité. Votre logo est la colombe qui porte dans son bec un rameau d’olivier. Je vous souhaite d’être, chaque jour, des colombes de paix et de voler sur les ondes avec les deux ailes de la prière et de la charité.
Chers amis, dans quelques jours nous vivrons Noël. Préparons-nous à ce grand mystère en silence : laissons l’Enfant parler ; laissons son regard, pauvre et démuni, pénétrer nos cœurs et par sa tendresse faire de nous des « canaux » de la paix. Je vous remercie de votre visite, je vous bénis ainsi que vos familles et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi. Merci.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat