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FAO : le pape plaide pour une éducation à l’alimentation saine (traduction complète)

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Combattre la faim, le gaspillage et la pollution

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Le pape François recommande d’éduquer les enfants et les jeunes « à se nourrir sainement », et à « faire de la table un lieu de rencontre et de fraternité ».
Le pape François a en effet adressé un message à l’occasion de la Journée d’étude organisée par la Fondation des Nations unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) sur le thème : « Eau, agriculture et alimentation: construisons demain ». Elle s’est déroulée aujourd’hui, 13 décembre 2018, à l’Ecole technique supérieure d’ingénieurs agronomes de l’Université polytechnique de Madrid (Espagne).
Devant le fléau de la faim et du gaspillage, de la pollution de la terre, de l’eau et de l’air, le pape François lance un cri d’alarme. Et il invite à un effort sérieux d’éducation : « Il est essentiel d’éduquer les enfants et les jeunes à se nourrir sainement, pas simplement à manger. Se nourrir correctement implique de connaître la valeur de la nourriture, de se libérer du consumérisme frénétique et compulsif et de faire de la table un lieu de rencontre et de fraternité, et pas seulement un espace pour l’ostentation, le gaspillage ou les caprices. »
Ce discours du pape François a un caractère solennel exceptionnel pour la sauvegarde de « la maison commune », au moment où le Saint-Siège a adressé un « appel urgent » à la communauté internationale avec trois mots d’ordre à la COP24 de Wadowice (Pologne): ambition, action et solidarité.
Un appel du pape qui s’inscrit dans le sillage de l’objectif « Faim Zéro en 2030 » de la Journée de l’alimentation du 16 octobre dernier.
Voici notre traduction, rapide, de travail du message publié aujourd’hui en espagnol par le Saint-Siège.
AB
Message du pape François
Aux participants de la journée
« Eau, agriculture et alimentation. Construisons demain »
Je vous suis reconnaissant de m’avoir invité à vous adresser quelques paroles au début de la Conférence « Eau, agriculture et alimentation. Construisons demain », organisé par diverses institutions académiques, sociales et ecclésiales, avec la participation des organismes des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture basées à Rome.
Le thème qui vous a réunis m’a rappelé le psalmiste, qui reconnaît avec gratitude que « le Seigneur nous donnera la pluie et notre pays donnera sa récolte » (Ps 85,13). À un autre moment, le prophète Isaïe compare la parole de Dieu à l’eau de pluie qui imprègne la terre, la faisant germer « pour donner une semence au semeur et du pain à celui qui mange » (55,10). La pluie, la récolte, la nourriture. La sagesse biblique voyait un lien étroit entre ces éléments et les interprétait sous l’angle de la gratitude, jamais de la voracité ou de l’exploitation. La foi et l’expérience des croyants les conduit à cette reconnaissance, qui se transforme pour nous en un appel pressant à la responsabilité, à ne pas se laisser prendre à de calculs mesquins qui empêchent d’aider les moins favorisés, qui sont privés du plus fondamental. À cet égard, le sous-titre que vous avez voulu donner à votre réflexion est inspirant, car le mot « construire » renferme un sentiment de positivité, la contribution d’un bénéfice, une ouverture à l’autre, une réciprocité et une collaboration. Ces clés ne doivent pas être oubliées, car le lendemain que nous voulons tous ne peut être que le fruit d’une coopération loyale, solidaire et généreuse.
En effet, les défis de l’humanité à l’heure actuelle sont si complexes qu’ils nécessitent la somme des idées, l’unité des efforts, la complémentarité des perspectives, tout en renonçant à l’égoïsme d’exclusion et au « protagonisme » pernicieux. De cette manière, des décisions judicieuses seront prises et des bases solides seront posées pour construire une société juste et inclusive, où personne ne soit laissé pour compte. Une société qui place la personne humaine et ses droits fondamentaux au centre, sans se laisser attiré par des intérêts discutables qui n’enrichissent que quelques-uns, malheureusement toujours les mêmes. Ce sera également le chemin pour faire en sorte que les générations futures trouvent un monde harmonieux, sans querelles, avec les ressources nécessaires pour mener une vie digne et en plénitude.
Bien que la terre dispose de ressources pour tous, en quantité et en qualité, une foule immense souffre de la faim et est cruellement flagellée par la pauvreté. Pour éradiquer ces fléaux, il suffirait d’éliminer les injustices et les inégalités et de mettre en place des politiques prévoyantes et ambitieuses, des mesures efficaces et coordonnées, afin que personne ne manque de pain quotidien ni des moyens nécessaires pour exister. Parmi eux, l’eau est essentielle et, malheureusement, tout le monde n’y a pas accès. Il est donc essentiel qu’elle soit mieux distribuée et gérée de manière durable et rationnelle. Comme il est également inévitable de prendre soin de l’environnement, de le protéger, de préserver sa beauté, de préserver la grande variété d’écosystèmes, de cultiver les champs avec précaution, sans avidité, sans causer de dommages irréversibles.
La terre doit être traitée avec tendresse pour ne pas lui causer de blessures, pour ne pas gâcher le travail qui est sorti des mains du Créateur. Lorsque cela n’est pas fait, la terre cesse d’être une source de vie pour la famille humaine. Et c’est ce qui se passe dans de nombreuses régions de notre planète, où l’eau est contaminée, les ordures s’accumulent, la déforestation progresse, l’air est vicié et le sol acidifié. Tout cela génère une accumulation néfaste de maux et de misères, que nous constatons également lorsque la nourriture est gaspillée et non partagée. C’est pourquoi il est essentiel d’éduquer les enfants et les jeunes à se nourrir sainement, pas simplement à manger. Se nourrir correctement implique de connaître la valeur de la nourriture, de se libérer du consumérisme frénétique et compulsif et de faire de la table un lieu de rencontre et de fraternité, et pas seulement un espace pour l’ostentation, le gaspillage ou les caprices.
Je demande à Dieu le Père que tous ceux qui participent à cette journée importante la quittent avec un désir renouvelé de faire de la terre la maison commune qui nous accueille tous, un foyer aux portes ouvertes, un lieu de communion et de coexistence bénéfique. De cette façon, l’avenir sera plein de lumière et pourra être affronté par tous avec confiance et attentes, comme le fruit d’un présent serein et riche en semences de vertu et d’espérance.
Je vous souhaite tout le meilleur pour votre travail, je suis heureux de vous donner la Bénédiction apostolique et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi.
Vatican, le 13 décembre 2018.
FRANÇOIS

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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