Le chrétien « sème de l’espérance : il sème l’huile de l’espérance, il sème le parfum de l’espérance et non le vinaigre de l’amertume et du dés-espoir », a affirmé le pape François à l’audience générale du mercredi 31 mai 2017. « L’Esprit ne nous rend pas seulement capables d’espérer », mais « d’être nous aussi – comme lui et grâce à lui – des ‘paraclets’, c’est-à-dire des consolateurs et défenseurs de nos frères, semeurs d’espérance ».
Poursuivant ses catéchèses sur l’espérance chrétienne, le pape a médité sur le lien entre l’espérance et l’Esprit Saint. L’Esprit Saint a « la capacité de nous faire carrément ‘déborder d’espérance’ », a-t-il expliqué, « c’est-à-dire espérer même quand tout motif humain d’espérer diminue ».
Le pape a cité le cardinal Newman, invitant à se faire « avocats, assistants, porteurs de réconfort », dans « tous les sens » que comporte le mot ‘paraclet’. « Ce sont surtout les pauvres, les exclus et les non-aimés qui ont besoin de quelqu’un qui se fasse pour eux ‘paraclet’, c’est-à-dire consolateur et défenseur », a-t-il insisté.
Voici notre traduction intégrale de la catéchèse prononcée par le pape François.
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Catéchèse du pape François
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans l’imminence de la solennité de la Pentecôte, nous ne pouvons pas ne pas parler du rapport qu’il y a entre l’espérance chrétienne et l’Esprit Saint. L’Esprit est le vent qui nous pousse en avant, qui nous maintient en chemin, nous fait nous sentir pèlerins et étrangers et qui ne nous permet pas de nous installer et de devenir un peuple « sédentaire ».
La lettre aux Hébreux compare l’espérance à une ancre (cf. 6,18-19) ; et à cette image, nous pouvons ajouter celle de la voile. Si l’ancre est ce qui donne à la barque la sécurité et qui la tient « ancrée » dans l’ondulation de la mer, la voile, elle, est ce qui la fait se mouvoir et avancer sur les eaux. L’espérance est vraiment comme une voile ; elle recueille le vent de l’Esprit Saint et le transforme en force motrice qui pousse la barque, selon les cas, au large ou vers la rive.
L’apôtre Paul conclut sa Lettre aux Romains avec ce vœu : entendez bien, écoutez bien comme c’est beau : « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint » (15,13). Réfléchissons un peu au contenu de cette très belle parole.
L’expression « Dieu de l’espérance » ne veut pas seulement dire que Dieu est l’objet de notre espérance, à savoir celui que nous espérons rejoindre un jour dans la vie éternelle ; cela veut aussi dire que Dieu est celui qui, dès maintenant, nous fait espérer, ou plutôt nous donne « la joie de l’espérance (Rm 12,12) : la joie maintenant d’espérer et pas seulement espérer d’être joyeux. C’est la joie d’espérer et non espérer d’avoir la joie, dès aujourd’hui. « Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espérance », dit un dicton populaire ; et le contraire est aussi vrai : tant qu’il y a de l’espérance, il y a de la vie. Les hommes ont besoin d’espérance pour vivre et ont besoin de l’Esprit Saint pour espérer.
Saint Paul – avons-nous entendu – attribue à l’Esprit Saint la capacité de nous faire carrément « déborder d’espérance ». Déborder d’espérance signifie ne jamais se décourager ; cela signifie espérer « contre toute espérance » (Rm 4,18), c’est-à-dire espérer même quand tout motif humain d’espérer diminue, comme ce fut le cas pour Abraham quand Dieu lui a demandé de lui sacrifier son fils unique, Isaac, et comme ce fut encore plus le cas pour la Vierge Marie sous la croix de Jésus.
L’Esprit-Saint rend possible cette espérance invincible en nous donnant le témoignage intérieur que nous sommes enfants de Dieu et ses héritiers (cf. Rm 8,16). Comment celui qui nous a donné son fils unique pourrait-il ne pas nous donner tout le reste avec lui (cf. Rom 8,32). « L’espérance – frères et sœurs – ne déçoit pas : puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). C’est pourquoi il ne déçoit pas, parce qu’il y a l’Esprit Saint en nous qui nous pousse à aller de l’avant, toujours ! Et pour cela, l’espérance ne déçoit pas.
Il y a plus : l’Esprit ne nous rend pas seulement capables d’espérer, mais aussi d’être des semeurs d’espérance, d’être nous aussi – comme lui et grâce à lui – des « paraclets », c’est-à-dire des consolateurs et défenseurs de nos frères, semeurs d’espérance. Un chrétien peut semer de l’amertume, il peut semer de la perplexité et cela n’est pas chrétien, et qui fait cela n’est pas un bon chrétien. Il sème de l’espérance : il sème l’huile de l’espérance, il sème le parfum de l’espérance et non le vinaigre de l’amertume et du dés-espoir. Le bienheureux cardinal Newman, dans un de ses discours, disait à ses fidèles : « Instruits par notre propre souffrance, par notre douleur, ou plutôt par nos péchés, nous aurons l’esprit et le cœur exercés à toutes les œuvres d’amour envers ceux qui en ont besoin. Nous serons, à la mesure de notre capacité, consolateurs à l’image du Paraclet – c’est-à-dire l’Esprit Saint – et dans tous les sens que comporte ce mot : avocats, assistants, porteurs de réconfort. Nos paroles et nos conseils, notre manière de faire, notre voix, notre regard, seront gentils et tranquillisants » (Parochial and plain Sermons, vol. V, Londres 1870, pp. 300s.). Et ce sont surtout les pauvres, les exclus, les non-aimés qui ont besoin de quelqu’un qui se fasse pour eux « paraclet », c’est-à-dire consolateur et défenseur. Nous devons faire la même chose avec les plus démunis, avec les plus rejetés, avec ceux qui en ont le plus besoin, ceux qui souffrent le plus. Défenseurs et consolateurs !
L’Esprit-Saint alimente l’espérance non seulement dans le cœur des hommes, mais aussi dans la création tout entière. L’apôtre Paul dit – cela semble un peu étrange, mais c’est vrai : que même la création « attend avec impatience » la libération et qu’elle « gémit et souffre » comme dans les douleurs d’un enfantement (cf. Rm 8, 20-22). « « L’énergie capable de faire bouger le monde n’est pas une force anonyme et aveugle, mais c’est l’action de l’Esprit de Dieu qui « planait sur les eaux » (Gen1,2) au commencement de la création » (Benoît XVI, Homélie, 31 mai 2009). Cela aussi nous pousse à respecter la création : on ne peut barbouiller un tableau sans offenser l’artiste qui l’a créé.
Frères et sœurs, que la fête prochaine de la Pentecôte – qui est l’anniversaire de l’Église – nous trouve unanimes dans la prière, avec Marie, Mère de Jésus et notre Mère. Et que le don de l’Esprit nous fasse abonder dans l’espérance. Je vous dirai encore plus : qu’il nous fasse gaspiller l’espérance avec tous ceux qui sont dans le besoin, les plus rejetés et pour tous ceux qui en ont besoin. Merci.
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Audience générale du 31 mai 2017 © L'Osservatore Romano
Semer l’huile de l’espérance et non le vinaigre de l’amertume (catéchèse intégrale)
L’Esprit Saint invite à être « des consolateurs et défenseurs de nos frères »