Tamar Mikalli à Assise, capture CTV

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Syrie: "Sauver Alep!", témoignage de Tamar Mikalli à Assise

«Trois ans dans l’espoir que la guerre finisse»

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Tamar Mikalli Istambulian, jeune femme syrienne d’Alep, arménienne, du quartier de Midan, a offert son témoignage, en italien, sur la détresse d’Alep, lors de la cérémonie de clôture du rassemblement Assise 2016, mardi, 20 septembre 2016.
La veille, lundi 19 septembre, dans l’après-midi, elle avait participé à un carrefour intitulé : « Sauver Alep ! » Elle a raconté qu’elle travaillait à Alep, sa ville natale, comme professeur et comme assistante pour le théâtre des enfants. Elle avait des amis musulmans et chrétiens : « Nous étions comme des frères ( …). Nous nous aidions mutuellement (…). Chacun de nous vivait ses traditions sur une terre qui, depuis de nombreux siècles, accueille les cultures et les religions en formant une mosaïque unie. »
Quand la guerre a éclaté, rapporte Tamar Mikalli toujours dans son témoignage du 19 septembre, les « rebelles » ont bombardé son quartier, en visant les poteaux électriques : l’électricité a commencé à manquer. Puis ils ont coupé l’eau et encerclé le quartier : l’aide humanitaire ne pouvait pas parvenir. Elle raconte la peur et les cris sous les bombes, la solidarité pour partager le pain et l’eau, et la prière.
Puis, elle et son mari ont dû demander de l’aide à l’église des franciscains et aux Arméniens. Et ils sont allés secourir qui était encore davantage dans le besoin. Avec des collègues et le curé, ils ont aidé les enfants de la paroisse à retrouver le sourire : trois dans la « misère ».
Un jour un missile a détruit sa maison et tous ses souvenirs. Mais ils ont été saufs. Ils ont décidé de partir. Un déchirement. Une fois arrivés au Liban, ils ont rencontré la Communauté de Sant’Egidio qui, en collaboration avec la Table vaudoise et des chrétiens évangéliques, ont pu les faire parvenir en Italie, en mai dernier, en déjouant les circuits des trafiquants, grâce à des « couloirs humanitaires », loin des odeurs de « poudre mêlée de sang ».
« Je prie pour que la paix et l’amour reviennent dans mon pays. Nous voulons être des gens de paix, en priant avec les paroles de saint François d’Assise : ‘Seigneur, fais de moi, un instrument de ta paix’  », a conclu Tamar Mikalli.
Voici le témoignage de Tamar Mikalli au terme de l’assemblée d’Assise, le 20 septembre, dans la traduction publiée par Sant’Egidio.
AB
Témoignage de Tamar Mikalli
Je viens d’Alep, la ville martyre en Syrie.
Alep, quand je prononce ce nom, j’ai le cœur serré; je pense à là où je suis née, où j’ai grandi et où je me suis mariée.
Tous mes amis musulmans et chrétiens me reviennent à l’esprit. Maintenant on parle des différences entre chrétiens et musulmans, mais avant la guerre il n’y avait pas de différences. Chacun d’entre nous pratiquait sa religion dans une terre qui formait une mosaïque composée de différentes cultures, langues et religions.
Puis la guerre a éclaté, je n’ai pas encore bien compris pourquoi. Des missiles ont commencé à pleuvoir en démolissant les maisons. J’entends encore les cris d’un père, d’une mère ou les cris des enfants qui cherchent leurs parents.
Quand de lourds bombardements étaient proches de chez nous, nous restions avec nos voisins en partageant le pain et l’eau, les biens les plus précieux qui manquent pendant la guerre, nous nous encouragions mutuellement et nous priions. La prière : notre seul soutien, nous répétions toujours la parole de Jésus qui dit : «  Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ».
Nous avons résisté pendant trois ans dans l’espoir que la guerre finisse, nous avons vécu dans la misère, puis la maison de ma famille a été bombardée, et à la fin nous avons décidé de quitter la Syrie et nous sommes arrivés au Liban. Nous sommes devenus des réfugiés comme d’autres milliers de syriens. Nous avons dû tout quitter, mes parents âgés sont partis avec moi, je ne serais jamais partie sans eux. C’est le deuxième exode qu’accomplissent nos familles en 100 ans.
Nous sommes restés pendant deux ans au Liban et puis nous avons connu des anges qui nous ont parlé des couloirs humanitaires et de la possibilité de vivre en paix. Maintenant je vis en Toscane et j’essaye de m’intégrer dans ce beau pays, l’Italie, où je suis arrivée depuis quatre mois.
Je voudrais remercier tous ceux qui ont travaillé pour notre bien, pour nous avoir redonné le sourire que nous avions perdu à cause de la guerre.
À vous tous, hommes de religions et à vous, Sainteté, au nom du peuple syrien, nous demandons une prière pour que la paix et l’amour reviennent vite en Syrie et partout dans le monde.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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