Retraite de carême : «Celui qui aime enseigne à aimer»

«Le chemin dans le désert», septième prédication

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Celui qui aime, en secourant l’autre concrètement, enseigne aussi de ce fait à aimer, fait observer le p. Pietro Bovati qui prêche, à Ariccia (Italie), depuis dimanche, 1er mars 2020 et jusqu’à vendredi matin, 6 mars, la retraite de carême du pape François – resté au Vatican – et de ses collaborateurs. Autrement dit, une oeuvre de miséricorde corporelle est aussi une oeuvre de miséricorde spirituelle.

C’était la septième méditation, mercredi après-midi, 4 mars, la seconde de la journée, consacrée au « chemin dans le désert » (Ex 15.22-16.8; Mt 25.31-46; Ps 23). Une synthèse est publiée par Radio Vatican en italien.

Le Vatican a publié les thèmes des 10 méditations sur le thème général du Buisson ardent : « ‘ Le buisson brûlait en raison du feu’ (Exode 3,2). La rencontre entre Dieu et l’homme, à la lumière du Livre de l’Exode, de l’Évangile de Matthieu et de la prière des Psaumes ».

Dieu, maître de l’histoire

Pour le p. Bovati, dans l’histoire de l’Exode, le désert est le « lieu de la providence », l’espace dans lequel Dieu « se révèle comme le Dieu de l’alliance avec Israël, le Dieu bon et fidèle, et en même temps, le souverain tout-puissant auquel toutes les forces cosmiques sont soumises » : il est « l’architecte de l’histoire du salut », une histoire où s’exprime aussi « la liberté des hommes, de leur assentiment ou de leur rébellion contre Dieu » ; Dieu « travaille admirablement » dans l’histoire mais il ne faudrait pas réduire l’humanité « à un pur objet passif ».

« Paradoxalement donc, pour exalter Dieu dans son œuvre, on anéantirait ainsi le sommet même de la création, constitué par l’homme libre et artisan de sa destinée, car créé à l’image et ressemblance de Dieu », fait observer le jésuite italien.

Pas sans la liberté humaine

Ainsi, pour le p. Bovati, l’action de Dieu dans l’histoire, comme le montre la bible, « tient compte des résistances des hommes et veut toujours obtenir une réponse, ne s’impose pas et veut une relation avec la créature, y compris sa « coopération », une « collaboration courageuse ». Ainsi, « la réalisation de l’action salvifique de Dieu dans les affaires humaines dépend en un certain sens de l’homme ».

Les 40 années passées dans le désert signifient « toute l’existence », explique le prédicateur : le désert est une « représentation de notre terre », où « l’homme souffre », mais où « Dieu se révèle », « en agissant précisément grâce à ses serviteurs ».

La double écoute

Le Père Bovati insiste sur le jeu des libertés: « Nous devons assumer de manière responsable la tâche de faire le bien comme si nos mains étaient les mains de Dieu », car c’est ce qui arrive quand « le serviteur de Dieu vit la vertu de la double écoute: écouter la voix de Dieu et écouter le cri du peuple qui lui est confié ».

Le désert, « figure de la vie » n’est pas seulement un espace mais un temps « qui peut devenir tentation », « c’est notre temps, le temps de l’homme » :  le peuple y « mûrit dans la foi » et Dieu y « inspire des hommes capables d’aider ceux qui sont mis à l’épreuve, comme dans le cas de Moïse ». Celui-ci « écoute le cri de la souffrance, même si elle est mal exprimée et si les demandes de son peuple le mettent en difficulté car lui-même ne sait pas répondre ». Le jésuite italien fait observer que « même nos prières sont toujours très imparfaites » et « surtout le cri des pauvres, souvent brisé ». Moïse invoque alors fidèlement le Seigneur dans « une prière qui surmonte la tentation et est exaucée ».

En aimant, on enseigne à aimer

Et puis il y a le don de la Loi. Au désert, Dieu « a imposé une loi et un ordre au peuple » : cela signifie que « dans l’acte même de secours, la relation obéissante au Seigneur doit être enseignée ».

Ainsi « en aimant, on enseigne à aimer », et « dans l’œuvre de miséricorde corporelle, on fait aussi oeuvre de miséricorde spirituelle, on touche le cœur des personnes, les rendant aptes à croire en Dieu et à agir comme Dieu le veut, c’est-à-dire dans l’amour ».

Le père Bovati a alors évoqué le jugement final dans la grande charte de Matthieu 25 : le jugement se concentre sur une seule chose, aider les personnes dans le besoin, prendre soin d’un corps souffrant, mais aussi du cœur de la personne qui souffre. Car, dans le « plus petit », dit l’Évangile, « il y a Jésus ».

Mais, se demande le prédicateur, « comment pouvons-nous voir que nous aidons Dieu lui-même lorsque nous prenons soin des petits? Comment nos yeux de chair peuvent-ils vraiment voir qu’il en est ainsi ? ».

Il répond: « C’est sans voir que nous aimons, sans gloire, sans honneur, dans le don de soi jusqu’à la mort, voilà la plénitude du bien, la bénédiction du Père de la vie ».

 

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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