Jubilé des adolescents, confessions place Saint-Pierre, 23 avril 2016 - JUBILÉ DE LA MISÉRICORDE

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« Repartir du confessionnal », par Mgr Rykiel

Les « suggestions de Gaudete et exsultate »

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Mgr Krzysztof Nykiel, régent de la Pénitencerie apostolique, recueille les « suggestions de “Gaudete et exsultate” pour emprunter la voie de la sainteté à travers le sacrement de la réconciliation », dans un article de L’Osservatore Romano en italien du 29 janvier 2020 intitulé « Repartir du confessional ».

Voici notre traduction de l’italien.

AB

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« En ces temps qui sont les nôtres, où le visage saint de l’Église du Christ est parfois assombri par de graves scandales et où d’horribles abus sont perpétrés par les membres mêmes du clergé, nous faisons mémoire de la belle expression attribuée au pape Pie V, “que nous soient donnés des confesseurs aptes et nous aurons la réforme complète de toute l’Église” ». C’est l’invitation, adressée avant tout à ceux qui sont assis dans les confessionnaux, à reprendre « conscience de la beauté et de la puissance de la réconciliation, un sacrement capable de transformer et de ressusciter à une vie nouvelle même le pécheur le plus éloigné de Dieu », que Mgr Krzysztof Nykiel, régent de la Pénitencerie apostolique, a relancé dans son intervention à Lorette, mardi 28 janvier, au neuvième Symposium pour prêtres et confesseurs.

« Le sacrement de la réconciliation et la sainteté à la lumière de l’exhortation apostolique Gaudete et exsultate du pape François, a été le fil conducteur de l’intervention de Mgr Nykiel, qui a aussitôt mis en garde contre la tentation de considérer « les êtres humains saints comme inatteignables, des super-héros dotés de pouvoirs extraordinaires », tandis qu’ils sont au contraire « des hommes qui, comme nous, ont fait l’expérience de la fatigue quotidienne de l’existence, faite de succès et d’échecs, et qui ont trouvé dans le Seigneur la force de toujours se relever ». Surtout, a-t-il tout de suite ajouté, « la sainteté n’est pas un vêtement prêt-à-porter que l’on enfile, un parcours pré-établi fait d’étapes égales pour tous à effectuer l’une après l’autre au cours de la vie, mais c’est un projet d’amour que le Père a pensé différent pour chacun d’entre nous, pour incarner et refléter, à un moment précis de l’histoire et dans un contexte déterminé, un aspect particulier de l’Évangile ».

Pour le régent de la Pénitencerie apostolique, il faut pleinement redécouvrir « le rôle que joue, sur ce chemin de sainteté, la célébration du sacrement de la réconciliation ». Et l’exhortation Gaudete et exsultate, a-t-il fait observer, « illustre précisément certaines caractéristiques selon lesquelles l’appel à la sainteté s’incarne dans notre monde contemporain » : le pape François « indique à tous les fidèles que leur but est la sainteté, que la sainteté est la fin véritable d’une vie sincèrement chrétienne et qu’elle est réservée à tous ».

Dans le document, « l’importance de la confession émerge clairement » à travers le modèle de la « sainteté de la porte d’à côté », de la « classe moyenne de la sainteté », selon la définition bien connue de l’écrivain français Joseph Malègue, « à rechercher davantage dans la vie ordinaire et parmi les personnes proches que dans les modèles idéalisés, abstraits ou surhumains ». La question n’est donc pas tant d’être « parfaits, sans erreur, mais d’être des personnes qui, même au milieu des imperfections et des chutes inévitables, continuent d’avancer sur le chemin qui conduit au salut ». Conscients, écrit le pape dans l’exhortation apostolique, « que Dieu ne se lasse jamais de nous pardonner ; par le biais du ministère du prêtre, il nous serre dans une étreinte nouvelle qui nous régénère et nous permet de nous relever et de nous remettre chaque fois en chemin. Parce c’est là notre vie : nous relever continuellement et nous remettre en chemin ».

« La confession peut raisonnablement être considérée comme le sacrement de l’espérance », a affirmé Mgr Nykiel, parce que, « dans la célébration du sacrement, se prolonge la rencontre entre la misère de tant de pécheurs, souvent tentés de se décourager, et l’étreinte inlassable du Père céleste toujours à nouveau offert »

Dans l’exhortation Gaudete et exsultate, a-t-il poursuivi, le pape François met en garde les chrétiens contre deux « ennemis subtils de la sainteté », deux dérives contemporaines d’hérésies anciennes, le gnosticisme et le pélagianisme, qui ont tendance à déformer l’image de la sainteté en la déclinant, respectivement, sous des formes intellectuelles ou volontaristes ». Et si « le gnosticisme veut transformer le christianisme “en une encyclopédie d’abstractions” selon lesquelles seul celui qui est en mesure de comprendre la profondeur d’une doctrine serait à considérer comme un vrai croyant », le pélagianisme « exalte, lui, de manière excessive l’effort personnel, comme si la réalisation de la sainteté était totalement le fruit de notre volonté, et non de la grâce de Dieu qui nous devance toujours ».

Justement, « le sacrement de la réconciliation, a poursuivi Mgr Nykiel, peut être un remède efficace contre ces visions déformées de la sainteté et de la vie chrétienne. Un homme qui plie les genoux dans le confessionnal et demande humblement l’absolution, en effet, a déjà vaincu le néo-pélagianisme – parce qu’il demande l’aide de la grâce – et le néo-gnosticisme, parce qu’il reconnaît qu’il ne peut se donner seul le salut, mais que celui-ci vient du Christ, à travers l’Église ».

Dans ce document, a-t-il expliqué, François distingue et approfondit « cinq grandes manifestations de l’amour pour Dieu et pour le prochain », qu’il considère « d’une particulière importance dans le contexte actuel. Parmi ces caractéristiques de la sainteté dans le monde actuel, le pape reconnaît l’attitude d’humilité de celui qui ne regarde par les défauts des autres avec supériorité et mépris, mais qui considère les autres supérieurs à lui-même ». En fin de compte, « il s’agit d’une disposition intérieure que ne peut atteindre que celui qui a conscience de ses propres fautes et de ses propres limites, celui qui, dans le sacrement de la confession, a fait l’expérience de la douleur et de l’humiliation à cause de ses péchés et, aussitôt après, a fêté avec le Père le pardon obtenu ». Et « pour faire mûrir toujours davantage l’humilité dans notre coeur, le pape François suggère en outre la pratique des humiliations, des mortifications, parce que « sans elles, il n’y a ni humilité ni sainteté ». La honte que nous éprouvons en nous rendant au confessionnal et en confessant nos fautes, qui est une grâce à demander à Dieu, est un exemple de ces humiliations et nous aide à redimensionner notre moi ».

« Reconnaître sa propre fragilité n’implique jamais, toutefois, “un esprit inhibé, triste, acerbe, mélancolique, ou un profil bas sans énergie” », a insisté Mgr Nykiel. Au contraire, fait observer le pape dans Gaudete et exsultate, « le saint est capable de vivre avec joie et sens de l’humour : joyeux, parce que conscient de la tendresse de Dieu, conscient qu’il est un fils bienaimé et toujours pardonné ; plein d’humour, qui découle d’un sain détachement des circonstances de la vie ».

Enfin, le régent de la Pénitencerie n’a pas manqué de proposer des suggestions pratiques – avant tout, « faire mémoire des oeuvres de Dieu dans notre vie » et l’examen de conscience – et des modèles de référence, comme sainte Faustine Kowalska et Antonietta Meo (Nennolina). Et il a invité les prêtres à redécouvrir le service du confessional des saints Joseph Cafasso, padre Pio de Pietrelcina et Leopold Mandić.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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