M. Armindo Vieira, ambassadeur de l'Angola près le Saint-Siège, capture CTV

M. Armindo Vieira, ambassadeur de l'Angola près le Saint-Siège, capture CTV

"Que la Miséricorde puisse avoir un visage jeune", par l'ambassadeur de l'Angola

Allocution du Doyen du Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège (texte complet)

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« Que les familles blessées puissent trouver le réconfort que vous invitez à apporter; que la Miséricorde puisse avoir, comme Vous l’avez exprimée en Pologne, un visage jeune dans lequel nous plaçons notre confiance en l’avenir; que les nations puissent frayer un chemin vers la Concorde »: c’est en ces termes que le Doyen du Corps diplomatique, M. Armindo Fernandes do Espírito Santo Vieira, ambassadeur de l’Angola près le Saint-Siège, a exprimé ses voeux au pape François au nom de tous les ambassadeurs, ce lundi 9 janvier 2017, en la Salle Regia du palais apostolique du Vatican.
A l’occasion du traditionnel échange de voeux du pape avec les diplomates accrédités près le Saint-SIège, l’ambassadeur a remercié le pape notamment pour le Jubilé de la miséricorde et son message de pardon. Il a souligné les signes donnés par le pape à l’occasion de ses voyages apostoliques de 2016. Et il a évoqué le centenaire des apparitions de Fatima.
Il a souhaité des solutions « efficaces » aux migrations qui « ne sont pas un phénomène spécifique mais une condition humaine qui implique le monde comme système ».
Voici le texte intégral de cette allocution prononcée en français.
AB
Discours du doyen du Corps diplomatique
Très Saint-Père,
En ma qualité de Doyen du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, c’est encore une fois un honneur de présenter à Votre Sainteté les vœux de bonne santé et de fécondité dans l’exercice de Votre mission d’évangélisation. Le privilège de cette convivialité évoque les responsabilités assumées dans le cadre de notre mission, dont la plus grande et la plus noble est la recherche de la paix.
Votre Sainteté, dans un acte de générosité envers le monde, a réalisé le Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, en prenant des mesures concrètes pour réduire le poids d’une période de souffrance, loin d’être pacifique dans beaucoup de régions. La Lettre Apostolique Misericordia et Misera, qui a clôturé l’année jubilaire, laisse un témoignage indélébile des gestes accomplis et du chemin entrepris avec piété et entière confiance dans le mystère de l’amour de Dieu.
Merci d’avoir généreusement expliqué le sens du mot Miséricorde, merci de ne reculer devant rien pour montrer que le pardon est la voie maîtresse pour la réconciliation. Comme le dit si souvent Votre Sainteté, la Miséricorde ce n’est pas faire de « l’angélisme », ce n’est pas une idée abstraite, mais une réalité qui se concrétise toujours par le pardon.
Les actions menées pour l’unité des chrétiens, l’Œcuménisme et le dialogue interreligieux en sont révélatrices. La rencontre avec le Grand Imam de l’Université Al-Azhar a revigoré l’engagement des grandes religions pour la paix. A la Grande Synagogue de Rome, Votre Sainteté a réitéré le parcours initié par Vos prédécesseurs. Avec le Patriarche de Moscou et de toute la Russie, a été inaugurée une étape de plus dans le dialogue avec le monde orthodoxe. A l’occasion de la célébration des 500 ans de la Réforme Luthérienne, en Suède, Votre Sainteté a confirmé que le chemin vers l’unité des chrétiens est irréversible. Chemin également parcouru avec l’Église anglicane grâce à l’engagement de Votre Sainteté et de l’Archevêque de Canterbury. La déclaration œcuménique de Lesbos a fait tourner tous les regards vers une réalité dramatique et a ainsi montré l’urgente d’une coopération mondiale pour répondre aux défis actuels.
D’ailleurs, comment ne pas remémorer les voyages de Votre Sainteté chez les minorités chrétiennes ? À leur côté, Votre Sainteté a témoigné avec une profonde humilité de l’enseignement transmis par l’Évangéliste Luc : « Que le plus grand parmi vous soit commune le plus petit, et celai qui gouverne commune celai qui sert. » (Lc 22, 26).
Votre voyage à travers le Continent américain a également redonné l’espérance aux populations qui retrouvent dans la souffrance des plus marginalisés leurs propres difficultés. En rencontrant les ouvriers, les communautés autochtones et les détenus, Votre Sainteté a rappelé qu’au-delà des périphéries existentielles, les périphéries sociales attendent des propositions efficaces et des solutions.
Lors des rencontres avec les Autorités de diverses nations, Votre Sainteté a renouvelé la conviction que les controverses peuvent être résolues par le biais du dialogue. En tant que diplomates, nous accueillons cette invitation : notre mission est d’éviter toute solution qui mettrait en péril la paix mondiale et la sécurité des populations civiles.
Malgré de nombreux efforts, nous faisons le triste constat que certaines tragédies mettent en évidence notre impuissance à les éviter. Les attentats en Allemagne, au Bangladesh, en Belgique, au Burkina Faso, en Égypte, aux États-Unis, en France, en Jordanie, au Nigeria, au Pakistan, en Tunisie, en Turquie et dans bien d’autres pays; les souffrances des populations civiles en Afghanistan, en Irak, en Libye, en République Démocratique du Congo, au Soudan du Sud, en Syrie et au Yémen révèlent que le chemin à parcourir pour parvenir à la paix est encore long. Nous nous souvenons douloureusement des fonctionnaires publics, dont des agents de sécurité, des fonctionnaires des organisations internationales et plusieurs de nos collègues diplomates, qui sont morts dans l’accomplissement de leur devoir. Malgré tout, nous ne perdons pas espoir car la paix est le bien le plus précieux auquel les peuples peuvent aspirer pour avoir une vie digne et sereine.
Les migrations qui en découlent, comme l’a reconnu la dernière assemblée de l’ONU, sont causées également par les injustices sociales, l’instabilité politique et les crises climatiques auxquelles doivent faire face beaucoup de pays. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de voir l’être humain dans une optique intégrale, comme l’a illustré Votre Sainteté en instituant le Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral : « Il se réalise à travers le soin que l’on porte aux biens incommensurables de la justice, de la paix et de la sauvegarde de la création ». La communauté internationale a œuvré pour trouver des solutions efficaces, consciente que les migrations ne sont pas un phénomène spécifique mais une condition humaine qui implique le monde comme système.
Très Saint-Père,
Il y a 50 ans, le monde recevait la Lettre Encyclique Populorum Progressio. Le Bienheureux Paul VI y exprimait la préoccupation de l’Église quant au « Développement des peuples, tout particulièrement de ceux qui s’efforcent d’échapper à la faim, à la misère, aux maladies endémiques, à l’ignorante; qui cherchent une participation plus large aux fruits de la civilisation, une mise en valeur plus active de leurs qualités humaines; qui s’orientent avec décision vers leur plein épanouissement ». Au cours de ce demi-siècle, de nombreuses situations ont été résolues. Malgré tout, la faim persiste dans beaucoup de régions tandis que la consommation accentue l’égoïsme dans d’autres parties du monde. Nous n’avons pas encore achevé la lutte contre les maladies curables, qui tuent par faute d’assistance adéquate; par ailleurs, la biotechnologie comporte des problèmes éthiques, qui montrent la complexité du concept de vie et de mort. Les paroles du Bienheureux Paul VI continuent à interroger nos consciences.
Très Saint-Père,
En 2017 sont célébrés les cent ans des apparitions de Fatima. Qu’il nous soit donné de sentir l’émoi que provoque une authentique transformation personnelle. Que les prières de la Vierge aux trois petits bergers portugais se répandent en nos cœurs, comme une semence de bonne volonté et de pardon plantée en chacun de nous, indépendamment de la foi que nous professons.
Avec ces sentiments, je Vous assure, Très Saint-Père, au nom du Corps Diplomatique accrédité près le Saint-Siège, de mes sincères vœux de Bonne Année que les familles blessées puissent trouver le réconfort que vous invitez à apporter; que la Miséricorde puisse avoir, comme Vous l’avez exprimée en Pologne, un visage jeune dans lequel nous plaçons notre confiance en l’avenir; que les nations puissent frayer un chemin vers la Concorde.
Bonne Année, Très Saint-Père !
 

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Rédaction

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