Le cardinal Peter Turkson constate « avec regret que, dans le contexte des migrations internationales, trop souvent la méfiance et la peur règnent sur la confiance et l’ouverture à l’autre ». Il est urgent, estime-t-il, de discuter du rôle « que les Églises sont appelées à jouer dans cette situation délicate » et de rechercher de « nouvelles synergies » afin que « la dignité de chaque personne soit reconnue et respectée en toutes circonstances ».
C’est ce que le préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral a dit à l’ouverture de la Conférence mondiale sur la xénophobie, le racisme et le nationalisme populiste dans le contexte des migrations mondiales qui a eu lieu du mardi 18 septembre au jeudi 20 septembre 2018 à Rome, indique L’Osservatore Romano en italien. L’événement est organisé par ce même Dicastère avec le Conseil œcuménique des Églises (COE) et en collaboration avec le Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. À la session de l’ouverture sont également intervenus le Révérend Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, et Mgr Brian Farrell, secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens.
Soixante-dix ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, rappelle le cardinal, il est bon de se demander si l’humanité a été en mesure de construire des sociétés qui ne justifient pas « l’indifférence, l’exclusion, la haine, l’exclusion ou le rejet d’un être humain ». Devant la « propagation des sentiments, des discours et des actes d’hostilité contre certains groupes de personnes, en particulier les étrangers », poursuit-il, il faut évaluer «si aujourd’hui vraiment les droits fondamentaux » de la Déclaration « sont reconnus, respectés et promus envers chaque être humain ».
Le monde contemporain, explique le cardinal, est souvent défini comme “Village global”, mais si « l’idée du village se réfère à celle de relations, de la proximité et de la solidarité réciproque», on se rend compte que cette idée « est systématiquement rejetée par des notions et des faits sur l’accueil des migrants ».
La vie des migrants, affirme le cardinal Turkson, « leurs blessures et leurs espoirs défient nos consciences et nous amènent à réfléchir sur le regard que les sociétés adressent aux nouveaux arrivants ».
Nous devons « franchir les frontières », déclare à son tour le pasteur Olav Fykse Tveit, faisant écho aux paroles du cardinal, et essayer d’être « des ambassadeurs de l’amour du Christ qui travaillent pour la guérison et la réconciliation dans ce monde déchiré, non seulement par la peur, mais par la cupidité égoïste et par la haine ».
Mgr Brian Farrell souligne dans son discours l’importance d’un engagement commun et partagé. Il invite à reconnaître « le mandat moral et prophétique » – qui appartient à tous les chrétiens – de « chercher des moyens constructifs et efficaces pour lutter contre la xénophobie, le racisme et le nationalisme populiste » et de « promouvoir la compréhension objective de la dignité humaine, des droits de l’homme, de la cohésion sociale et de l’intégration, comme outils essentiels dans la construction inclusive, juste et paisible ». Et c’est une tâche, affirme-t-il, que les Églises « doivent accomplir ensemble ».
Conférence mondiale sur la xénophobie, le racisme et le populisme dans le contexte des migrations © Vatican Media
Que la dignité de l’homme soit respectée en toutes circonstances, par le card. Turkson
Intervention à la Conférence mondiale sur la xénophobie