Le cardinal Tagle a invité les évêques et supérieurs religieux à se « laisser guider » dans « une perspective de foi ». Mais pas n’importe quelle foi : « Seule une foi blessée est crédible », a-t-il affirmé avec force, dans son intervention intitulée « L’odeur des brebis. Connaître leur souffrance et guérir leurs blessures c’est le cœur de la tâche du pasteur ».
Le cardinal archevêque de Manille et président de Caritas internationalis, Luis Antonio G. Tagle, est intervenu après la prière d’introduction et les paroles du pape, jeudi 21 février 2019, lors de la rencontre mondiale des évêques réunis par le pape François au Vatican sur le thème de la Protection des mineurs (21-24 février).
« Ceux qui sont envoyés proclamer le cœur de notre foi chrétienne, la mort et la résurrection du Christ, ne peuvent le faire avec authenticité que s’ils sont constamment en contact avec les blessures de l’humanité », a dit le cardinal philippin en commentant le récit de l’apparition du Seigneur ressuscité à ses disciples et à Thomas.
« Notre peuple a besoin que nous nous approchions de ses blessures et que nous reconnaissions nos fautes si nous voulons donner un témoignage authentique et crédible de notre foi en la Résurrection », a-t-il insisté, exhortant à ne pas craindre de regarder les blessures des autres. Les blessures du Seigneur ressuscité ont rappelé aux disciples « leur trahison, leur propre trahison et abandon de Jésus lorsque, par peur, ils ont voulu sauver leur vie » mais aussi « l’amour qui est prêt à être blessé par compassion pour l’humanité ».
Voici notre traduction de l’intervention du cardinal Tagle.
HG
Les abus sur des mineurs par des ministres ordonnés ont infligé des blessures non seulement aux victimes mais aussi à leurs familles, aux membres du clergé, à l’Église, à la société plus largement, aux auteurs des crimes eux-mêmes et aux évêques. Mais il est vrai aussi, et nous l’admettons humblement et douloureusement, que des blessures ont été infligées par nous, les évêques, sur les victimes et en fait sur le Corps tout entier du Christ. L’absence de réponse de notre part aux souffrances des victimes, au point de les rejeter et de couvrir le scandale pour protéger les auteurs des crimes et l’institution a blessé notre peuple, laissant une blessure profonde dans nos relations avec ceux auxquels nous sommes envoyés afin de les servir. Les gens demandent à juste titre : « Vous qui êtes appelés à avoir sur vous l’odeur des brebis, n’avez-vous pas fuit au contraire quand vous avez trouvé trop forte la puanteur de la crasse infligée à des enfants et à des personnes vulnérables que vous étiez supposés protéger ? Les blessures demandent à être guéries. Mais en quoi consiste la guérison ? Comment, en tant qu’évêques qui ont aussi infligé la blessure, encourageons-nous la guérison dans ce contexte spécifique ? Le thème de la guérison des blessures a été le sujet de nombreuses études interdisciplinaires. Je ne peux pas prétendre connaître toutes les découvertes des sciences humaines et sociales sur le sujet, mais je crois que nous avons besoin de retrouver et de garder une perspective de foi et ecclésiale pour nous guider. Je le répète : une perspective de foi et ecclésiale pour nous guider, comme l’a souvent souligné le pape François. Pour ma présentation, en particulier la première partie, j’invite tout le monde à regarder le Seigneur ressuscité et à apprendre de lui, de ses disciples et de leur rencontre (1).
Partie I : L’apparition du Seigneur ressuscité à ses disciples et à Thomas (Jean 20,19-28).
L’Évangile de saint Jean raconte une apparition du Seigneur ressuscité à ses disciples le soir du premier jour de la semaine. Les portes étaient fermées à clé car les disciples tremblaient de peur, se demandant s’ils seraient les prochains à être arrêtés et crucifiés. C’est à ce moment d’impuissance absolue que Jésus ressuscité et pourtant encore blessé se tient au milieu d’eux. Après les avoir salués avec le message de la résurrection, « la paix soit avec vous », il leur montra ses mains et son côté, marqués par des plaies béantes. C’est seulement en s’approchant de ses blessures qu’ils pouvaient être envoyés en mission de réconciliation et de pardon par la puissance de l’Esprit-Saint. À ce moment-là, Thomas n’était pas avec eux. Écoutant maintenant le récit de la rencontre entre le Seigneur ressuscité et Thomas.
« Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Ceux qui sont envoyés témoigner du Christ doivent être en contact avec l’humanité blessée
Remarquez que Jésus les invite à nouveau à regarder ses blessures. Il insiste même pour que Thomas mette son doigt dans les blessures de ses mains et qu’il avance sa main pour la mettre dans la blessure de son côté. Essayez d’imaginer ce que Thomas a dû éprouver. Mais c’est en voyant les blessures du Seigneur ressuscité qu’il exprime sa suprême profession de foi en Jésus comme son Seigneur et son Dieu. Il est fondamental de voir et de toucher les blessures de Jésus pour l’acte et la confession de foi. Que pouvons-nous apprendre de cette rencontre intime ? En répétant deux fois cette action, l’évangéliste indique clairement que ceux qui sont envoyés proclamer le cœur de notre foi chrétienne, la mort et la résurrection du Christ, ne peuvent le faire avec authenticité que s’ils sont constamment en contact avec les blessures de l’humanité. C’est une des marques de notre ministère. C’est vrai de Thomas et c’est vrai de l’Église de tous les temps, en particulier le nôtre.
Comme l’a écrit Mgr Tomas Halik : « Le Christ vient à lui [Thomas] et lui montre ses blessures. Cela signifie que la résurrection n’est pas l’ « effacement » ou la dévaluation de la croix. Les blessures restent des blessures ». Les blessures du Christ restent dans les blessures de notre monde. Mgr Halik ajoute : « Notre monde est plein de blessures. Je suis convaincu que ceux qui ferment les yeux aux blessures de notre monde n’ont pas le droit de dire : “Mon Seigneur et mon Dieu” ». Pour lui, voir et toucher les blessures du Christ dans les blessures de l’humanité sont une condition de la foi authentique. Il affirme plus loin : « Tant que je ne touche pas les blessures, je ne peux pas croire les souffrances du monde – car toutes les blessures douloureuses, toute la misère du monde et de l’humanité sont les blessures du Christ ! Je n’ai pas le droit de confesser Dieu tant que je ne prends pas au sérieux les souffrances de mon prochain. Une foi qui voudrait fermer les yeux à la souffrance des autres n’est qu’une illusion ». La foi ne naît et ne renaît que des blessures du Christ crucifié et ressuscité vues et touchées dans les blessures de l’humanité. Seule une foi blessée est crédible (Halik). Comment pouvons-nous professer notre foi dans le Christ quand nous fermons les yeux à toutes les blessures infligées par les abus ?
Qu’est-ce qui est en jeu ?
Frères et sœurs, C’est cela qui est en jeu en ce temps de crise provoquée par les abus d’enfants et par notre mauvaise gestion de ces crimes. Notre peuple a besoin que nous nous approchions de ses blessures et que nous reconnaissions nos fautes si nous voulons donner un témoignage authentique et crédible de notre foi en la Résurrection. Cela signifie que nous devons tous ainsi que nos frères et sœurs chez nous assumer personnellement la responsabilité d’apporter la guérison à cette blessure dans le Corps du Christ et nous engager à faire tout ce qui est en notre pouvoir et à notre portée pour faire en sorte que les enfants soient en sécurité et que l’on prenne soin d’eux dans nos communautés.
Pour moi, la présence des blessures de la crucifixion sur le Seigneur ressuscité défie la logique humaine. Si le monde avait été chargé de la chorégraphie de la résurrection, Jésus serait apparu à la maison d’Hérode ou devant le porche de Pilate et aurait prononcé le plus grand « Je vous l’avais dit » de l’histoire. Jésus aurait manifesté son triomphe final en éliminant tous les signes de souffrance, d’injustice et de défaite. Il les aurait tous fait enterrer dans le sombre passé pour qu’ils ne ressuscitent jamais. Mais ce n’est pas la façon de faire de Jésus-Christ. La résurrection n’est pas une victoire illusoire. En montrant ses blessures à ses disciples, Jésus restaure leur mémoire. Roberto Goizueta commente avec justesse : « les blessures sur le corps glorifié du Christ sont la mémoire incarnée de la relation qui a défini sa vie et sa mort ». Les blessures de Jésus sont la conséquence de sa relation aimante et pleine de compassion avec les pauvres, les malades, les collecteurs d’impôts, les femmes de mauvaise réputation, les personnes atteintes de la lèpre, les enfants bruyants, les laissés-pour-compte et les étrangers. Les blessures de Jésus sont la conséquence de ce qu’il s’est laissé blesser en touchant les blessures des autres. Il a été crucifié parce qu’il aimait ces personnes concrètes qui étaient elles-mêmes blessées par la société et la religion. En partageant leur faiblesse et leurs blessures, il est devenu un frère plein de compassion plutôt qu’un juge dur. La lettre aux Hébreux 5,8-9 affirme : « Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel ». Les blessures du Seigneur ressuscité rappellent donc aux disciples l’amour qui est prêt à être blessé par compassion pour l’humanité. Ses blessures sont les blessures des autres qu’il a portées librement. Il n’a pas infligé de blessures aux autres, mais il était prêt à se laisser blesser par amour pour eux et en communion avec eux. Comme le dit Frederick Gaiser, « le berger qui guérit n’est jamais loin des dangers, jamais insensible aux maux et aux infirmités dont il cherche à protéger son troupeau ». Seules les blessures d’amour et de compassion peuvent guérir.
N’ayez pas peur
Mes chers frères et sœurs, nous avons besoin de laisser de côté toute hésitation à nous approcher des blessures de notre peuple par crainte d’être blessés nous-mêmes. Oui, beaucoup des blessures dont nous allons souffrir font partie du processus de restauration de la mémoire auquel nous devons nous soumettre, comme l’ont fait les disciples de Jésus. Les blessures du Seigneur ressuscité ont rappelé aux disciples leur trahison, leur propre trahison et abandon de Jésus lorsque, par peur, ils ont voulu sauver leur vie. Ils ont fui dès le premier signal de danger, ils ont eu peur du prix à payer pour être disciples de Jésus et, dans le cas de Pierre, nié connaître le Seigneur. Les blessures de Jésus leur rappellent aussi, ainsi qu’à nous, que les blessures sont souvent infligées par l’aveuglement dû à l’ambition, par le légalisme et le mauvais usage du pouvoir qui a condamné un innocent à mourir comme un criminel. Les blessures du Christ ressuscité portent la mémoire de la souffrance innocente mais aussi celle de notre faiblesse et de notre péché.
Si nous voulons être des agents de guérison, rejetons toute tendance à une pensée mondaine qui refuse de voir et de toucher les blessures des autres, qui sont les blessures du Christ dans le peuple blessé. Ceux qui sont blessés par les abus et par le scandale ont besoin que nous soyons forts dans la foi en ce moment. Le monde a besoin d’authentiques témoins de la résurrection de Jésus, qui s’approchent de ses blessures comme un premier acte de foi. Je tiens à le souligner : c’est un acte de foi.
Roberto Goizueta soutient que le déni des blessures et de la mort conduit à la mort des autres et à notre propre mort. Il y a aujourd’hui une grande peur dans le cœur des personnes et bien sûr dans le nôtre aussi, qui pousse l’humanité à notre époque à éviter de toucher les blessures dans notre monde, simplement parce que nous avons peur de regarder en face nos propres blessures, notre condition mortelle, notre faiblesse, notre péché et notre vulnérabilité. Ernest Becker fait observer que nous évitons la douleur et la souffrance qui nous rappellent douloureusement que nous sommes vulnérables. On nous trompe en nous faisant croire qu’avoir beaucoup d’argent, une bonne police d’assurance, une sécurité maximale, des caméras de surveillance, le dernier modèle de voiture et de gadgets et l’appartenance à des clubs de santé et de jouvence peut nous rendre immortels.
Malheureusement, nous éliminons aussi les personnes blessées parmi nous en les enlevant des rues lors de visites officielles ou en couvrant leurs baraques avec des murs peints. Goizueta affirme en termes poignants : « Si nous nions la mort, nous l’infligeons ». Mais nous l’infligeons aussi à nous-mêmes. La peur de la souffrance et de la vulnérabilité, qui nous pousse à fuir les réelles relations humaines, à fuir le véritable amour qui implique toujours de s’abandonner et d’être vulnérable devant l’autre, finit par tuer notre – notre ! – vie intérieure, notre capacité à sentir quoi que ce soit – ni la souffrance ni la joie ni l’amour. » Notre capacité à aimer risque de mourir. La peur des blessures nous isole et nous rend indifférents aux besoins des autres. La peur pousse les gens à des comportements violents et irrationnels. La peur encourage les gens à se défendre même lorsqu’il n’y a pas de menace. Ceux qui sèment la peur chez les autres et dans la société ont peur d’eux-mêmes. En Jésus ressuscité, nous savons qu’en voyant et en touchant les blessures de ceux qui souffrent, nous touchons nos propres blessures et nous touchons Jésus. Nous devenons frères et sœurs les uns des autres. Nous reconnaissons notre culpabilité commune dans les blessures infligées à l’humanité et à la création. Nous entendons l’appel à la réconciliation. Nous voyons la présence patiente du Seigneur ressuscité dans notre monde brisé.
II. L’accompagnement continu dans la solidarité
La seconde et dernière partie de mon partage consiste en une proposition d’un psychologue sur la façon d’affronter cette crise à la lumière de la foi. Pour cette partie, je m’appuierai largement sur le Dr Robert Enright, professeur à l’Université du Wisconsin à Madison, aux Etats-Unis, et pionnier dans les études scientifiques sociales sur le pardon. Nous collaborons avec lui sur le programme du pardon aux Philippines. En fait, il y a actuellement une session pour les éducateurs des écoles catholiques de l’archidiocèse de Manille sur le thème « Souffrance, blessures et pardon ». D’après lui, une des questions que nous devons aborder est la suivante : Une fois que la justice a été rendue, comment aidons-nous les victimes à guérir des effets des abus ? La justice est nécessaire mais elle ne guérit pas elle-même le cœur humain brisé. Si nous voulons servir les victimes et toutes les personnes blessées par cette crise, nous devons prendre au sérieux leur blessure de ressentiment et de souffrance et leur besoin de guérison. Le ressentiment peut être comme une maladie qui, lentement et sûrement, infecte les personnes, jusqu’à ce qu’elles perdent leur enthousiasme et leur énergie. Avec un stress croissant, elles sont sujettes à un niveau plus élevé d’anxiété et de dépression, une image de soi rabaissée et à des conflits interpersonnels qui sont la conséquence de leur fracture intérieure. Cependant, avant même que nous soulevions la question de demander aux victimes de pardonner, en tant que processus faisant partie de leur guérison, nous devons dire clairement que nous ne sommes pas en train de leur suggérer de laisser courir, d’excuser les abus et de passer à autre chose. Non. Absolument pas. Mais nous savons que quand des victimes arrivent au moment de pardonner à ceux qui leur ont fait du mal, une guérison plus profonde se produit et le ressentiment compréhensible qui monte dans leur cœur est pacifié. Nous savons que le pardon est un chemin puissant et même scientifiquement prouvé en vue d’éliminer la souffrance et le ressentiment dans le cœur humain. En tant qu’Église, nous devons continuer de marcher avec ceux qui sont profondément blessés par les abus, en construisant la confiance, en offrant un amour inconditionnel et en demandant sans cesse pardon, reconnaissant que nous ne méritons pas ce pardon dans l’ordre de la justice mais que nous pouvons seulement le recevoir quand il est donné comme un don et une grâce dans le processus de guérison.
Enfin, nous sommes préoccupés par le fait que, dans certains cas, des évêques et des supérieurs religieux sont tentés – peut-être parfois même sous une pression – de choisir entre la victime et l’agresseur. Qui devons-nous aider ? Qui devrait être aidé ? Une réflexion sur la justice et le pardon nous indique la réponse : les deux. En ce qui concerne les victimes, il est nécessaire que nous les aidions à exprimer leurs profondes blessures pour les guérir. Quant aux agresseurs, il est nécessaire de servir la justice, de les aider à faire face à la vérité sans rationalisation sans pour autant négliger leur monde intérieur, leurs propres blessures.
Nous sommes parfois tentés de penser en termes de « soit/soit ». Nous nous efforçons d’obtenir la justice ou bien nous essayons d’offrir le pardon. Il faut que nous passions à « l’un et l’autre » en nous interrogeant posément : Comment pouvons-nous servir la justice et encourager le pardon devant cette blessure des abus sexuels ? Comment pouvons-nous empêcher un pardon biaisé qui consisterait simplement à laisser glisser l’injustice ou à passer à autre chose en ignorant le mal ? Comment pouvons-nous avoir un juste point de vue sur le pardon en tant que don d’une miséricorde étonnante et d’un amour inconditionnel à l’égard de ceux qui ont fait le mal, tout en recherchant la justice ? Comment pouvons-nous renouveler l’Église en corrigeant fermement un mal précis et cheminer avec les victimes, en demandant pardon avec insistance, sachant que ce don peut les guérir encore davantage ?
Conclusion
En conclusion, je voudrais lire un passage de la « Lettre au peuple de Dieu pèlerin au Chili », du 31 mai 2018, du pape François. Au numéro 2, il souligne le regard de foi sur lequel nous avons réfléchi : « Sans ce regard de foi, tout ce que nous pourrions dire ou faire serait inutile. Cette certitude est incontournable pour regarder le présent sans le fuir mais avec audace, avec courage mais sagesse, avec ténacité mais sans violence, avec passion mais sans fanatisme, avec constance mais sans anxiété, pour changer ainsi tout ce qui, aujourd’hui, peut mettre en danger l’intégrité et la dignité de toute personne. En effet, les solutions nécessaires exigent que l’on affronte les problèmes sans se laisser piéger ou, pire encore, sans répéter les mécanismes qu’ils veulent éliminer ».
En apprenant du Seigneur ressuscité et de ses disciples, nous regardons et nous touchons les blessures des victimes, des familles, des membres coupables ou innocents du clergé, de l’Église et de la société. En regardant Jésus blessé par la trahison et les abus de pouvoir, nous voyons les blessures de ceux qui ont été les victimes de ceux qui auraient dû les protéger. En Jésus, nous faisons l’expérience de la miséricorde qui préserve la justice et célèbre le don du pardon. Nous espérons que l’Église sera une communauté de la justice qui vient de la communion et de la compassion, une Église désireuse d’aller de l’avant vers un monde blessé dans une mission de réconciliation dans l’Esprit-Saint. Une fois encore, le Seigneur crucifié et ressuscité est au milieu de nous en ce moment, il nous montre ses blessures et proclame : « la paix soit avec vous ! ». Puissions grandir toujours davantage dans notre foi dans ce grand mystère. Merci !
NOTE
(1) Je tiens à mentionner ici les études publiées par Roberto Goizueta, Richard Horsley, Barbara Reid, Tomas Halik, Robert Enright et le cardinal Albert Vanhoye, pour ne mentionner que quelques-uns des auteurs qui m’ont aidé dans mes réflexions.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat