Sainte Françoise-Xavière Cabrini @ Domaine public

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Préface du pape François pour la biographie de sainte Françoise Cabrini

Lucetta Scaraffia enquête sur la vie de la sainte des migrants

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C’est « une femme qui est devenue la [sainte] patronne des migrants », souligne le pape François, en évoquant sainte Françoise-Xavière Cabrini, Fondatrice des Sœurs Missionnaires du Sacré-Cœur (15 juillet 1850 – 15 décembre 1917).
Le pape François a signé la préface de la biographie de la sainte italienne morte à Chicago écrite par l’historienne Lucetta Scaraffia, intitulé « Entre terre et ciel » («Tra terra e cielo»), qui doit paraître demain en Italie, à l’occasion du centenaire de la mort de sainte Françoise Cabrini. L’Osservatore Romano en italien du 9 novembre 2017 la publie dans son intégralité.
C’est, dit encore le pape, « une femme qui a su réaliser ses qualités féminines », « une femme qui a su unir une grande charité à un esprit prophétique » et qui a compris « la modernité dans ses aspects les moins positifs, ces aspects qui impliqueront les misérables de la terre et que les intellectuels et les hommes politiques ne veulent pas voir ».
« C’est justement pour cela que Françoise Cabrini est aujourd’hui très actuelle et nous enseigne encore la voie à parcourir pour affronter le phénomène historique des migrations en conjuguant charité et justice », conclut le pape François.
Voici notre traduction de la préface du pape François.
HG
Charité et esprit prophétique
Préface du pape François
Françoise Cabrini mourait il y a cent ans, dans l’hôpital pour migrants qu’elle avait construit à Chicago. Elle était en voyage, comme toujours, pour visiter les œuvres d’assistance aux migrants qu’elle avait fondées au cours des longues années de son apostolat et pour en construire de nouvelles là où cela s’avérait nécessaire. Sans jamais s’arrêter nulle part, sans jamais retourner définitivement en Italie, mais toujours prête et prompte à résoudre les problèmes, à venir en aide aux plus démunis et à ceux qui étaient les plus seuls.
Elle le faisait avec une immense charité, en leur transmettant l’amour de Dieu mais aussi avec une grande intelligence. Quand Léon XIII lui avait dit de renoncer à son rêve missionnaire pour s’occuper des émigrés italiens en Amérique, Françoise avait obéi et un monde s’était ouvert tout grand à elle : celui des centaines de milliers d’êtres humains qui cherchaient du travail et du pain loin de leur terre, se risquant dans de longs voyages périlleux sur des terres inconnues et hostiles. Elle avait compris qu’il ne s’agissait pas d’un phénomène temporaire, mais des urgences d’une nouvelle époque historique où la facilité des moyens de transport modernes permettait des déplacements de masses considérables de populations, remodelant ainsi des parties entières du globe. Françoise avait compris que la modernité serait marquée par ces énormes migrations et par des êtres humains déracinés, en crise d’identité, souvent désespérés et privés de ressources pour affronter la société dans laquelle ils devaient s’insérer.
La construction d’œuvres d’accueil et d’assistance grandes, belles et durables avait été sa réponse au nouveau cours de l’histoire : ses sœurs ont en effet continué son œuvre, même quand la provenance des migrants a changé, même quand d’autres visages, d’autres couleurs et d’autres peuples se sont succédé dans leurs instituts. Françoise Cabrini avait compris qu’il ne suffisait pas de les aider matériellement, de leur enseigner la langue du pays d’accueil, de les soigner s’ils étaient malades : le respect de soi, leur identité profonde était liée à leur racine religieuse, à leur lien avec Dieu. Et elle-même et ses sœurs se sont mises en voyage pour renouer ce lien chez les hommes qui descendaient dans les mines, chez les prisonniers, chez les jeunes abandonnés qui vivaient dans l’illégalité dans les périphéries urbaines.
S’insérer dans le nouveau pays signifiait l’acceptation des règles et des lois, et la dignité : tels étaient les objectifs qu’elle voulait faire atteindre aux enfants de l’orphelinat de Mère Cabrini en Nouvelle Orléans (au début du XXème siècle), tous migrants. Des objectifs qui sont encore valides aujourd’hui et qui passent par la reconnaissance et le respect de la racine religieuse de chacun et de celle des autres.
Un projet concret et en même temps ample, qui s’étend au monde entier – « le monde est trop petit » était son expression – mais aussi qui s’ouvre à l’avenir.
Tout ceci nous fait comprendre pourquoi c’est précisément une femme qui est devenue la patronne des migrants, une femme qui a su réaliser ses qualités féminines – chaleur, accueil, sens du concret pour saisir les besoins des autres, sollicitude gratuite envers les faibles – à côté d’une vision d’ensemble sur les changements qui étaient en train de bouleverser le monde. Une femme qui a su unir une grande charité à un esprit prophétique qui lui a fait comprendre la modernité dans ses aspects les moins positifs, ces aspects qui impliqueront les misérables de la terre et que les intellectuels et les hommes politiques ne veulent pas voir.
C’est justement pour cela que Françoise Cabrini est aujourd’hui très actuelle et nous enseigne encore la voie à parcourir pour affronter le phénomène historique des migrations en conjuguant charité et justice.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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