« Nous sommes appelés à reconnaître en chaque personne porteuse d’un handicap, y compris des handicaps complexes et graves, un apport singulier au bien commun à travers leur biographie personnelle et originale », affirme le pape François, soulignant que « faire de bonnes lois et faire tomber les barrières physiques est important, mais cela ne suffit pas, si la mentalité ne change pas elle aussi, si l’on ne surmonte pas une culture diffuse qui continue de produire des inégalités, empêchant les personnes porteuses d’un handicap de participer activement à la vie ordinaire ».
Le pape François a envoyé un Message à l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, célébrée ce jour, mardi 3 décembre 2019, et intitulée cette année : « L’avenir est accessible ». Il y invite à « former des consciences capables de reconnaître chacun comme une personne unique et irremplaçable ».
Le pape dénonce le « péché social » d’une culture qui « considère certaines vies comme étant de série A et d’autres de série B ». Beaucoup de personnes porteuses d’un handicap, ou de personnes âgées, « sentent qu’elles existent sans appartenir et sans participer », fait observer le pape qui exhorte à « rendre le monde plus humain » en favorisant « leur participation active à la communauté civile et ecclésiale » et tenant compte de « toutes les dimensions de la personne humaine ».
Voici notre traduction du Message du pape François.
HG
Message du pape François
À l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, renouvelons notre regard de foi qui voit dans chacun de nos frères et sœurs la présence même du Christ, pour qui tout geste d’amour envers l’un de ces petits qui sont ses frères (cf. Évangile de Matthieu 25, 40) est un geste envers lui, je voudrais rappeler qu’aujourd’hui, la promotion des droits à la participation a un rôle central pour faire obstacle aux discriminations et promouvoir la culture de la rencontre et d’une vie de qualité.
De grands progrès ont été faits à l’égard des personnes porteuses d’un handicap dans le domaine médical et des soins, mais aujourd’hui encore, on constate la présence de la culture du déchet et beaucoup parmi ces personnes sentent qu’elles existent sans appartenir et sans participer. Tout cela requiert non seulement de protéger les droits des personnes porteuses d’un handicap et de leurs familles, mais aussi nous exhorte à rendre le monde plus humain en supprimant tout ce qui les empêche d’accéder à une totale citoyenneté, les obstacles des préjugés, et en favorisant l’accessibilité des lieux et une qualité de la vie, qui tienne compte de toutes les dimensions de la personne humaine.
Il convient de prendre soin des personnes porteuses d’un handicap et de les accompagner dans toutes les situations de vie, en recourant aussi aux technologies actuelles, mais sans les absolutiser ; avec force et tendresse, prendre sur soi les situations de marginalité ; cheminer avec les personnes « en leur donnant l’onction » de leur dignité pour favoriser leur participation active à la communauté civile et ecclésiale. C’est un chemin exigeant et aussi fatigant, qui contribuera toujours mieux à former des consciences capables de reconnaître chacun comme une personne unique et irremplaçable.
Et n’oublions pas tous les « exilés cachés », qui vivent à l’intérieur de nos maisons, de nos familles, de nos sociétés (cf. Angelus, 29 décembre 2013 ; Discours au Corps diplomatique, 12 janvier 2015). Je pense à des personnes de tous âges, surtout âgées, qui, à cause de leur handicap, sont parfois perçues comme un poids, comme « une présence encombrante » et qui risquent d’être rejetées, de se voir nier des perspectives concrètes de travail pour participer à la construction de leur avenir.
Nous sommes appelés à reconnaître en chaque personne porteuse d’un handicap, y compris des handicaps complexes et graves, un apport singulier au bien commun à travers leur biographie personnelle et originale. Reconnaître la dignité de chacun, sachant bien qu’elle ne dépend pas du fonctionnement des cinq sens (cf. Rencontre avec les participants au Congrès de la Conférence épiscopale italienne sur le handicap, 11 juin 2016). Cette conversion, c’est l’Évangile qui nous l’enseigne. Il faut développer des anticorps contre une culture qui considère certaines vies comme étant de série A et d’autres de série B : c’est un péché social ! Avoir le courage de donner la parole à ceux qui sont discriminés en raison de leur handicap, parce que malheureusement dans certaines nations, aujourd’hui encore, on peine à les reconnaître comme des personnes d’égale dignité, comme des frères et sœurs en humanité.
En effet, faire de bonnes lois et faire tomber les barrières physiques est important, mais cela ne suffit pas, si la mentalité ne change pas elle aussi, si l’on ne surmonte pas une culture diffuse qui continue de produire des inégalités, empêchant les personnes porteuses d’un handicap de participer activement à la vie ordinaire.
Ces dernières années, des processus inclusifs ont été mis en oeuvre et développés, mais ce n’est pas encore suffisant parce que les préjugés produisent, outre les barrières physiques, des limites à l’accès à l’éducation pour tous, à l’emploi et à la participation. Une personne avec un handicap, pour se construire, a besoin non seulement d’exister mais aussi d’appartenir à une communauté.
J’encourage toutes les personnes qui travaillent avec des personnes porteuses d’un handicap à poursuivre ce service et cet engagement importants, qui déterminent le degré de civilisation d’une nation. Et je prie pour que chaque personne puisse sentir sur elle le regard paternel de Dieu, qui affirme sa pleine dignité et la valeur inconditionnelle de sa vie.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat