« Une monstruosité » : c’est ainsi le pape François qualifie la pédophilie en ajoutant : « Je remercie Dieu qu’on ait soulevé le couvercle de cette marmite. » Il rend hommage au courage du cardinal Joseph Ratzinger.
Le pape a répondu à une question de la chaîne télévisée mexicaine Canal Once lors de la Conférence de presse donnée pendant le vol du retour de Ciudad Juárez vers Rome, le 18 février.
Un évêque qui change le prêtre de paroisse dans un cas avéré de pédophilie « est un inconscient et la meilleure chose qu’il puisse faire est de présenter sa renonciation », a-t-il ajouté.
Il a salué le courage du cardinal Ratzinger- Benoît XVI qui avait appelé à nettoyer les « saletés » dans l’Église.
Le pape a parlé des actions concrètes dans une lutte contre l’abus sur les mineurs.
Voici la réponse du pape :
« Bien, je commence par la seconde question. Quand un cas de pédophilie est avéré, un évêque qui change le prêtre de paroisse est un inconscient et la meilleure chose qu’il puisse faire est de présenter sa renonciation. C’est clair ?
Deuxièmement, si l’on revient au cas Maciel. Et ici, je me permets de rendre hommage à l’homme qui a lutté à un moment où il n’avait pas la force pour s’imposer, jusqu’à ce qu’il ait réussi à le faire : Ratzinger. Le cardinal Ratzinger – on peut l’applaudir ! – est un homme qui a eu toute la documentation. Quand il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il a tout eu entre les mains, il a fait les enquêtes et il a avancé, avancé, avancé… mais il n’a pas pu aller plus loin dans l’exécution. Mais si vous vous souvenez, dix jours avant la mort de saint Jean-Paul II, ce Chemin de Croix du Vendredi saint, il a dit à toute l’Église qu’il fallait nettoyer les « saletés » de l’Église. Et lors de la Messe pour l’élection du pape – il n’est pas bête, il savait qu’il était un des candidats – il ne s’est pas préoccupé de dissimuler sa position, il a dit exactement la même chose. Cela veut dire qu’il a été l’homme courageux qui en a aidé beaucoup à ouvrir cette porte. C’est pourquoi je veux vous le rappeler, parce que parfois nous oublions tout le travail caché de ceux qui ont préparé les bases pour soulever le couvercle de la marmite.
Troisièmement, nous travaillons pas mal. Avec le cardinal secrétaire d’État, en parlant, et aussi avec le groupe des neuf cardinaux conseillers, après avoir écouté, j’ai décidé de nommer un troisième secrétaire à la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui ne s’occupera que de ces cas, parce que la Congrégation ne peut pas y arriver avec tout ce qu’elle a à faire et donc c’est quelqu’un qui sait gérer cela.
En outre, nous avons constitué le Tribunal d’appel, présidé par Mgr Scicluna, qui s’occupe des cas de seconde instance, quand il y a un recours ; la première instance, en effet, c’est la « feria quarta » (le quatrième jour de la semaine) qui l’examine – comme nous l’appelons, parce qu’elle se réunit le mercredi – de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Quand il y a un recours, on retourne à la première instance, et ce n’est pas juste. Par conséquent, le second recours, qui a déjà un profil légal, avec l’avocat de la défense. Mais il faut contrôler parce que nous sommes assez en retard dans les cas, parce que des cas se présentent.
Quatrièmement, une autre réalité qui travaille très bien est la Commission pour la protection des mineurs. Elle n’est pas strictement réservée aux cas de pédophilie, mais de protection des mineurs. J’ai rencontré six d’entre eux, dans cette instance, pendant une matinée entière – deux Allemands, deux Irlandais et deux Anglais, des hommes et des femmes, victimes d’abus. Et j’ai aussi rencontré des victimes à Philadelphie. Là-bas aussi, un matin, j’ai eu une rencontre avec les victimes. En somme, un travail se fait. Mais je remercie Dieu qu’on ait soulevé le couvercle de cette marmite et il faut le garder soulevé et en prendre conscience. Et enfin, je veux dire que c’est une monstruosité, parce qu’un prêtre est consacré pour porter un enfant à Dieu et là, il le « mange » dans un sacrifice diabolique, il le détruit.
Et ensuite, en ce qui concerne Maciel, pour revenir à cette congrégation, il y a eu toute une intervention et aujourd’hui, la congrégation, le gouvernement de cette congrégation est semi-commissionné, c’est-à-dire que le supérieur général est élu par le Conseil, par le Chapitre général, mais c’est le pape qui élit le Vicaire. Deux conseillers généraux sont élus par le Chapitre général et deux autres par le pape, de sorte que nous les aidions à régler les affaires du passé. »
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Départ du pape François de Ciudad Juarez
Pédophilie: le pape François salue le courage de Joseph Ratzinger
Conférence de presse dans l’avion Ciudad Juarez-Rome