La déclaration commune de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église assyrienne d’Orient, présentée au pape François le 24 novembre 2017, affirme qu’un « même unique mystère est célébré dans les traditions respectives » et que les deux Églises sont « unies aussi dans la célébration de la même foi ».
Dans un article intitulé « Dialogue avec les Églises orthodoxes orientales. Le même unique mystère », publié dans L’Osservatore Romano du 21 janvier 2018, à l’occasion de la grande Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier), le p. Gabriel Quicke, official du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, chargé des Églises orthodoxes orientales, fait un état des lieux du dialogue avec les Églises orientales.
La déclaration commune, qui représente « une étape importante », a fait dire au pape François : « aujourd’hui nous pouvons regarder l’avenir avec encore plus de confiance et demander au Seigneur que la poursuite de vos travaux contribue à rapprocher ce jour béni et tant attendu où nous aurons la joie de célébrer au même autel la pleine communion dans l’Église du Christ ».
Voici notre traduction de l’article.
HG
« Unies dans la célébration de la même foi »
Au cours de son voyage apostolique en Égypte, en avril 2017, le pape François a rappelé que « sur le sol égyptien, la Sainte Famille – Jésus, Marie et Joseph – ont trouvé refuge et hospitalité. L’hospitalité donnée avec générosité il y a plus de deux mille ans demeure dans la mémoire collective de l’humanité et elle est source d’abondantes bénédictions qui s’étendent encore ». Beaucoup de chrétiens au Moyen-Orient se reconnaissent dans cette situation de fuite de Jésus, Marie et Joseph. Le destin de la Sainte Famille est celui de nombreuses familles chrétiennes de cette région qui, pour assurer un avenir à leurs enfants, se voient contraintes de fuir vers des lieux plus surs, des lieux d’accueil et d’hospitalité. Le monde a profondément besoin d’un esprit de véritable hospitalité, d’une culture de l’écoute par le cœur, d’une réelle empathie qui nous transforme en serviteurs de la Parole qui donne l’espérance. Les chrétiens sont appelés à convertir l’ennemi (hostis) en hôte (hospes), à créer un espace libre et accessible où la fraternité peut se développer et être pleinement vécue.
Le Conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens a des contacts fréquents avec les Églises d’appartenance de ces chrétiens en fuite. Les membres de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales – sous la coprésidence du cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical, et du métropolite Bishoy de Damiette, de l’Église orthodoxe copte – se sont rencontrés à Rome du 22 au 27 janvier 2017. Les participants ont approfondi les aspects historiques, théologiques et ecclésiologiques de la sainte eucharistie célébrée dans les différentes Églises. La reconnaissance d’un patrimoine commun basé sur les premiers textes liturgiques chrétiens, à partir desquels se sont développés, par la suite, la théologie et la pratique de l’eucharistie, a été complétée par des descriptions d’aspects particuliers des différentes Églises. D’autres thèmes ont ensuite été abordés, dont les questions pastorales actuelles dans les communautés de la diaspora, les défis du sécularisme, la manière de rejoindre les jeunes générations et la possibilité d’une adaptation pastorale des liturgies traditionnelles.
Du 29 janvier au 5 février 2018, se tiendra la quinzième rencontre de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales en Arménie, au catholicossat d’Etchmiadzin de l’Église arménienne apostolique.
Depuis 1989, deux dialogues parallèles ont lieu une fois par an dans l’État indien du Kérala : un avec l’Église syro-orthodoxe malankare, l’autre avec l’Église orthodoxe syro-malankare. Ces dialogues s’occupent principalement de questions liées à trois thèmes : l’histoire de l’Église, l’ecclésiologie et le témoignage commun. La délégation catholique comprend des représentants du Saint-Siège (Mgr Brian Farrell, secrétaire du Conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens, ainsi que l’auteur de cet article, official du même dicastère) et des membres d’Églises de rites différents : latin, syro-malabar et catholique syro-malankar. Ces dialogues revêtent un rôle important pour renforcer la collaboration entre les Églises à différents niveaux – religieux, culturel et social – y compris pour le bien des populations locales. La Commission mixte pour le dialogue entre l’Église catholique et l’Église syro-orthodoxe malankare a tenu sa vingtième rencontre au centre patriarcal de Puthencruz, au Kérala, le 11 décembre 2017. La rencontre était co-présidée par Mgr Farrell et par le métropolite Kuriakose Mar Theophilose, vicaire patriarcal en Allemagne, Suisse et Autriche. Au cours de la réunion, ont été discutées principalement les lignes-guide pastorales communes sur les mariages mixtes, l’ecclésiologie de saint Ephrem et l’interprétation catholique de la relation entre l’Église locale et l’Église universelle.
Du 12 au 13 décembre, au monastère Mar Baselios Dayara de Njaliakuzhy, au Kottayam, s’est tenue la rencontre de la Commission mixte pour le dialogue entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe syro-malankare, coprésidée par Mgr Farrell et par le métropolite Gabriel Mar Gregorios, président du département pour les relations œcuméniques de l’Église orthodoxe syro-malankare. Différents points étaient à l’ordre du jour de la réunion, dont l’étude de deux documents du dialogue entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales : Nature, constitution et mission de l’Église (Rome, 29 janvier 2009) et l’exercice de la communion dans la vie de l’Église primitive et ses implications pour notre recherche de la communion aujourd’hui (Rome, 28 janvier 2015).
En revanche, en ce qui concerne l’Église assyrienne d’Orient, elle plonge ses racines historiques dans l’activité missionnaire de l’Église primitive, quand celle-ci se dirigeait vers l’est, vers la Mésopotamie et l’antique Babylone, en dehors de l’empire romain. La patrie originaire d’une grande partie des fidèles assyriens est l’actuel Irak, où se déroule depuis des années un conflit sanguinaire. Il existe aussi des communautés en Inde, au Liban, en Syrie et en Iran. Mais à cause d’épisodes répétés de persécution, la majeure partie des croyants assyriens ont émigré en Occident. Aujourd’hui, l’Église assyrienne compte environ 500.000 fidèles et a aussi des diocèses en Europe, aux Etats-Unis, au Canada et en Australie. Après l’élection du nouveau catholicos-patriarche, Mar Gewargis III, en 2015, le synode a confirmé le retour à Erbil (Irrak) du siège patriarcal qui avait été transféré en 1940 à Chicago, aux Etats-Unis. Comme beaucoup d’autres Églises au Moyen-Orient, l’Église assyrienne de l’Orient est une Église martyre.
Les résultats positifs du dialogue œcuménique entre l’Église catholique et l’Église assyrienne d’Orient sont nombreux. Jean-Paul II et le patriarche Mar Dinkha IV signèrent une déclaration christologique commune le 11 novembre 1994. La Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église assyrienne d’Orient a connu ensuite deux autres phases de dialogue : une sur la théologie sacramentelle, l’autre sur la constitution de l’Église. L’assemblée plénière de la Commission mixte s’est tenue du 21 au 24 novembre 2017 au Conseil pontifical pour la Promotion de l’unité des chrétiens. Avec cette session de travail, c’est la troisième phase du dialogue qui a été lancée, centrée sur l’étude de thèmes ecclésiologiques. La Commission est coprésidée par sa béatitude Mar Meelis Zaia, métropolite assyrien d’Australie, de Nouvelle-Zélande et du Liban et par Mgr Johan Jozef Bonny, évêque d’Anvers.
Le 24 novembre, le cardinal Kurt Koch et Mar Meelis Zaia ont signé officiellement une déclaration commune sur la vie sacramentelle. On peut lire dans le document : « Puisque le même unique mystère est célébré dans les traditions respectives, leurs différentes caractéristiques et leurs divers traits peuvent être considérés comme des éléments importants de complémentarité à l’intérieur de l’Église du Christ ». La commission a pu affirmer aussi : « Étant donné que les sacrements sont des sacrements de foi, l’Église catholique et l’Église assyrienne d’Orient sont maintenant en mesure de déclarer qu’elles sont unies aussi dans la célébration de la même foi » dans le Fils de Dieu fait homme afin que nous puissions devenir enfants de Dieu par sa grâce » et dans le même mystère salvifique qu’elles dispensent par le biais de leurs traditions sacramentelles et liturgiques respectives. »
Les membres de la commission ont présenté la déclaration commune sur la vie sacramentelle au pape François quand ils ont été reçus par le pontife dans le palais apostolique le 24 novembre. Le Saint-Père a accueilli la déclaration en disant : « Avec vous, je rends grâce au Seigneur pour la signature de ce jour de la Déclaration commune qui consacre la joyeuse conclusion de la phase concernant la vie sacramentelle. C’est pourquoi aujourd’hui nous pouvons regarder l’avenir avec encore plus de confiance et demander au Seigneur que la poursuite de vos travaux contribue à rapprocher ce jour béni et tant attendu où nous aurons la joie de célébrer au même autel la pleine communion dans l’Église du Christ ». La signature du document, qui sera aussi présenté par la délégation assyrienne à Mar Gewargis III, catholicos patriarche de l’Église assyrienne d’Orient, a marqué la fin de la seconde phase de dialogue entre les deux Églises. La déclaration représente une autre étape importante sur le chemin vers la reprise de la pleine communion.
Avec le Concile Vatican II, nous avons redécouvert le baptême comme point de départ pour avancer ensemble vers la pleine unité des chrétiens. Dans la déclaration commune signée lors de la visite apostolique du pape François en Égypte, le Saint-Père et le patriarche copte orthodoxe Tawadros II ont affirmé qu’ils « chercheront, en toute sincérité, à ne pas redonner le baptême administré dans une de nos Églises à quelqu’un qui désirerait entrer dans l’autre ».
La déclaration commune contient un message « dynamique ». La vie de l’Église, l’œcuménisme est un chemin, un pèlerinage accompli en suivant ensemble le Christ dans l’histoire. Chaque nouveau pas vers la pleine communion entre catholiques et coptes orthodoxes est un don qui vient de la prière de beaucoup, y compris des nouveaux martyrs. Aujourd’hui, ils redisent pour nous la prière que le Christ adressa à son Père demandant l’unité de tous les siens : « Qu’ils soient un pour que le monde croit que tu m’as envoyé ». La déclaration exprime la volonté sincère d’un choix (« ils chercheront à ne pas redonner »), afin que nous puissions « réjouir » avant tout le cœur du Christ. Et la reconnaissance du fait que nous partageons « un seul baptême » est vue comme un désir à réaliser avec patience et charité ».
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
Église assyrienne d'Orient © L'Osservatore Romano
Panorama du dialogue avec les Églises orientales, par le p. Gabriel Quicke
« Unies dans la célébration de la même foi »