Le 22 octobre 1978, le pape Jean-Paul II inaugurait son pontificat, après son élection du 16 octobre: c’est, le 22 octobre de chaque année, sa fête liturgique, et le président de la Conférence des évêques de Pologne, Mgr Stanisław Gądecki, archevêque de Poznan, et l’épiscopat polonais ont demandé au pape François que saint Jean-Paul II soit proclamé docteur de l’Église – ce serait le 37e – et co-patron de l’Europe – il serait le 6e, avec saint Benoît, les frères Cyrille et Méthode, et les saintes Edith Stein, Brigitte de Suède et Catherine de Sienne:
Vatican News relaye la demande des évêques polonais.
« Souvenons-nous… »
Pour sa part, le pape François a salué la mémoire de son prédécesseur en faisant poster ce tweet sur son compte @Pontifex_fr: «Remercions le Seigneur pour tout le bien accompli dans le monde et dans nos cœurs par les paroles, les œuvres et la sainteté de Jean-Paul II. Souvenons-nous toujours de son appel: « Ouvrez les portes au Christ ! » »
Une demande soutenue par le cardinal Stanisław Dziwisz, au moment où, en 2020, ce sera le centenaire de la naissance de Karol Wojtyla, et le 15e anniversaire de sa mort.
Mgr Stanisław Gądecki fait observer que «le pontificat du Pape polonais a été rempli de décisions révolutionnaires et d’événements importants qui ont changé le visage de la papauté et influencé le cours de l’histoire européenne et mondiale».
Pour lui, «la richesse du pontificat de saint Jean Paul II […] est née de la richesse de sa personnalité – poète, philosophe, théologien et mystique -, qui s’est réalisée dans plusieurs dimensions, depuis le travail pastoral et pédagogique, en guidant l’Église universelle, jusqu’au témoignage personnel de la sainteté de la vie».
Jean-Paul II, souligne-t-il, a contribué à la réunification de l’Europe, après plus de cinquante ans de Rideau de fer: «après l’annonce unificatrice et culturelle de l’Évangile par les saints Cyrille et Méthode et saint Adalbert, plus de mille ans plus tard, les fruits de leurs activités – non seulement sur le plan social mais aussi religieux – ont trouvé protection et continuité dans la personne du Pape polonais».
Un point de rencontre entre les deux pontificats de Jean-Paul II et du pape François est certainement l’insistance sur la miséricorde divine.
« Souvenez-vous toujours de son enseignement »: c’est aussi le message du pape François en 2015 pour le 10e anniversaire de la mort de saint Jean-Paul II (18 mai 1920-2 avril 2005).
Jean-Paul II lui-même a indiqué ce message de la Miséricorde divine comme son testament spirituel. Il avait préparé une allocution pour ce dimanche de la Miséricorde, 3 avril 2005, et il a voulu que le texte soit lu et publié en guise de message posthume : « Le Seigneur ressuscité offre en don à l’humanité, qui semble parfois égarée et dominée par le pouvoir du mal, par l’égoïsme et par la peur, son amour qui pardonne, qui réconcilie et ouvre à nouveau l’âme à l’espérance. C’est l’amour qui convertit les cœurs et qui donne la paix. Combien le monde a besoin de compréhension et d’accueillir la Divine Miséricorde ! »
En inaugurant le nouveau sanctuaire de la Miséricorde divine de Cracovie-Lagiewniki, le 17 août 2002, lors de son voyage en Pologne (16-18 août), c’est l’humanité qu’il a confiée à la Miséricorde en disant : « Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix, et l’homme trouvera le bonheur! Je confie ce devoir, très chers frères et sœurs, à l’Eglise qui est à Cracovie et en Pologne, et à tous les fidèles de la Divine Miséricorde, qui viendront ici de Pologne et du monde entier. Soyez des témoins de la Miséricorde! »
L’humanité confiée à la Miséricorde
« C’est pourquoi, aujourd’hui, dans ce sanctuaire, a-t-il ajouté, je veux confier solennellement le monde à la Miséricorde divine. Je le fais avec le désir que le message de l’amour miséricordieux de Dieu, proclamé ici à travers sainte Faustine, atteigne tous les habitants de la terre et remplisse leur cœur d’espérance. Que ce message se diffuse de ce lieu dans toute notre Patrie bien-aimée et dans le monde. Que s’accomplisse la promesse solide du Seigneur Jésus; c’est d’ici que doit jaillir « l’étincelle qui préparera le monde à sa venue ultime » (cf. Petit Journal, 1732, p. 576 éd. Apostolat de la miséricorde, Paris 2007). Il faut allumer cette étincelle de la grâce de Dieu. Il faut transmettre au monde ce feu de la miséricorde. »
Le pape invitait alors à la contemplation devant
l’icône de Jésus miséricordieux en des termes qui rappellent la façon dont le pape François parle de se laisser regarder par Jésus, comme saint Matthieu dans le tableau du Caravage conservé à Rome, à Saint-Louis des-François : « Avec les yeux de l’âme, nous désirons contempler le regard de Jésus miséricordieux, pour trouver dans la profondeur de ce regard le reflet de sa vie, ainsi que la lumière de la grâce que, tant de fois déjà, nous avons reçue et que Dieu nous réserve pour tous les jours et pour le dernier jour. »
Le pape disait l’importance de ce sanctuaire de la miséricorde : « C’est dans ce même esprit de foi que je suis venu à Lagiewniki, pour dédier ce nouveau temple, convaincu qu’il s’agit d’un lieu particulier choisi par Dieu pour déverser la grâce de sa miséricorde. »
C’est en ce lieu qu’a eu lieu le congrès mondial de la Miséricorde divine en octobre 2011, en présence des reliques de Jean-Paul II et de sainte Faustine.
Saint Jean-Paul II soulignait l’importance eucharistique de ce lieu : « Je prie afin que cette église soit toujours un lieu d’annonce du message de l’amour miséricordieux de Dieu; un lieu de conversion et de pénitence; un lieu de célébration de l’Eucharistie, source de la miséricorde; un lieu de prière et d’imploration assidue de la miséricorde pour nous et pour le monde. »
« C’est l’Esprit Saint, Consolateur et Esprit de Vérité, qui nous conduit sur les voies de la Divine Miséricorde », a encore affirmé Jean-Paul II.
Le monde d’aujourd’hui
Il disait le besoin du monde d’aujourd’hui : « Comme le monde d’aujourd’hui a besoin de la miséricorde de Dieu! Sur tous les continents, du plus profond de la souffrance humaine, semble s’élever l’invocation de la miséricorde. Là où dominent la haine et la soif de vengeance, là où la guerre sème la douleur et la mort des innocents, la grâce de la miséricorde est nécessaire pour apaiser les esprits et les cœurs, et faire jaillir la paix. Là où manque le respect pour la vie et pour la dignité de l’homme, l’amour miséricordieux de Dieu est nécessaire, car à sa lumière se manifeste la valeur inestimable de chaque être humain. La miséricorde est nécessaire pour faire en sorte que chaque injustice du monde trouve son terme dans la splendeur de la vérité. »
Saint Jean-Paul II a conclu son homélie par cette prière où l’on retrouve un écho du « chapelet de la Miséricorde » enseigné par le Christ à sainte Faustine:
« Dieu, Père miséricordieux,
qui as révélé Ton amour dans ton Fils Jésus-Christ,
et l’as répandu sur nous dans l’Esprit Saint Consolateur,
nous Te confions aujourd’hui le destin du monde
et de chaque homme.
Penche-toi sur nos péchés,
guéris notre faiblesse,
vaincs tout mal,
fais que tous les habitants de la terre fassent l’expérience de ta miséricorde,
afin qu’en Toi, Dieu Un et Trine,
ils trouvent toujours la source de l’espérance.
Père éternel, pour la douloureuse Passion et la Résurrection de ton Fils, accorde-nous ta miséricorde, ainsi qu’au monde entier! Amen. »
Le pape François, rencontre avec les jeunes, Vilnius, en présence de l’icône de Jésus miséricordieux © Vatican Media