OSCE : la gestion de l'eau doit être une priorité

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Intervention du Saint-Siège (texte intégral)

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« Le Saint-Siège est bien conscient de l’importance de la gestion de l’eau » et demande « d’inclure cette question importante parmi les priorités » du Conseil des ministres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Mgr Dominique Mamberti, Secrétaire pour les relations avec les États – ministre des Affaires étrangères du Saint-Siège – est intervenu à Kiev, en Ukraine, à la XXIème réunion de l’OSCE, sur le thème : « La traite d’êtres humains, un crime odieux à combattre par tous les moyens légaux possibles ».

L’archevêque a dressé un bilan de l’activité de l’OSCE de ces dernières années, demandant notamment d’accorder « une attention soutenue au problème de la traite des êtres humains », en combattant « ce crime odieux » « avec la plus grande détermination ».

Discours de Mgr Mamberti

La délégation du Saint-Siège tient à remercier M. Leonid Kozhara, ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, ainsi que la présidence ukrainienne 2013 de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), non seulement pour leur généreuse hospitalité ces jours-ci, mais aussi pour leurs efforts en vue de renforcer une culture du dialogue et de la confiance entre les États participants.

En regardant l’année écoulée, mais aussi en nous tournant vers l’avenir, permettez-moi de partager le point de vue du Saint-Siège sur quelques-uns des récents efforts, défis et réalisations de notre Organisation.

2. Dimension politique et militaire. En ce qui concerne la dimension politique et militaire de l’OSCE, le Saint-Siège tient à exprimer sa gratitude pour les efforts considérables déployés par les trois États participants qui ont présidé le Forum pour la coopération en matière de sécurité en 2013, à savoir la Principauté de Liechtenstein, la République de Lituanie et le Grand Duché du Luxembourg, et orienté ses activités afin d’obtenir des résultats tangibles.

Ma délégation a noté avec satisfaction l’atmosphère constructive qui a caractérisé de nombreuses activités du Forum dans ses domaines de compétence traditionnels, tels que la promotion des activités prévues dans les documents sur les armes légères et de petit calibre (ALPC) et les stocks de munitions conventionnelles (SCA) et la mise en œuvre du « Code de conduite relatif aux aspects politico-militaires de la sécurité ». Le Saint-Siège est particulièrement intéressé par les principes importants qu’ils contiennent, en raison de leurs implications humanitaires évidentes. Nous tenons à exprimer une gratitude particulière pour la mise à jour efficace du Document de l’OSCE sur la non-prolifération. Toutes ces activités du Forum constituent une contribution importante à la réussite du processus d’Helsinki +40, auquel les pays de l’OSCE se sont engagés l’an dernier à Dublin.

Cependant, tout en notant ces aspects positifs, nous devons également exprimer notre inquiétude par rapport à l’absence de progrès dans l’actualisation du Document de Vienne, qui est essentiel pour assurer une plus grande transparence sur les activités et les équipements militaires des États participants et qui est l’une des conditions préalables pour la stabilité et la sécurité dans la région. Malgré le mandat sans équivoque reçu lors des réunions précédentes à Astana et à Vilnius, il semble y avoir un certain manque de volonté politique pour aller dans cette direction. Nous espérons que ce Conseil ministériel donnera l’impulsion nécessaire et indispensable pour atteindre ce résultat.

3. Dimension économique et environnementale. Beaucoup ont reconnu l’importance et le rôle indispensable des activités économiques et environnementales de l’OSCE dans sa recherche d’une sécurité globale. Une plus grande volonté politique et un engagement plus fort, comparables à ceux qui ont été soulignés au point précédent, permettraient d’optimiser le potentiel et de faire pleinement usage des possibilités qui attendent d’être exploitées dans un large champ d’application.

L’intérêt du Saint-Siège dans ce domaine, qui contribue indéniablement à la sauvegarde, à la promotion et à la protection de la dignité humaine, de la sécurité et du bien-être, a été confirmé par les paroles du pape François au tout début de son pontificat, lorsqu’il a demandé que tous contribuent à la protection de la création et de la beauté du monde créé, ce qui signifie le respect de chacune des créatures de Dieu et de l’environnement dans lequel nous vivons (Pape François, Messe d’inauguration, 19 mars 2013).

Dans ce contexte, le Saint-Siège apprécie l’accent mis par la Présidence ukrainienne 2013 sur l’impact environnemental des activités liées à l’énergie, aux économies d’énergie et aux sources d’énergie renouvelables, qui est de l’intérêt commun de tous les États participants et qui est directement lié à la prospérité, la santé, la sécurité et au bien-être général des citoyens. Le Saint-Siège est également bien conscient de l’importance de la gestion de l’eau et recommande donc à la nouvelle présidence suisse d’inclure cette question importante parmi ses priorités pour 2014.

4. Il n’est pas surprenant que ma délégation attache une grande importance à la question des migrations. De l’avis du Saint-Siège, les droits des migrants doivent être une considération primordiale. Même en temps de crise financière, les migrants ne devraient pas être considérés uniquement en fonction de leur rôle économique, comme une main-d’œuvre temporaire ou comme des résidents permanents. Leur dignité en tant que personnes humaines doit primer sur toutes les autres considérations.

5. Dimension humaine. Cette année marque le 50ème anniversaire de l’encyclique du pape Jean XXIII, Pacem in terris. Dans ce document historique de l’enseignement social de l’Église catholique, Jean XXIII a observé que « tout comme les rapports entre les particuliers, les relations internationales ne peuvent se régler par la force des armes ; ce qui doit les régir, c’est la norme de la sagesse, autrement dit la loi de vérité, de justice, de solidarité cordialement pratiquée » (Pacem in terris, 114).

Beaucoup ont reconnu la contribution de Pacem in terris à la promotion des droits de l’homme. À cet égard, je voudrais rappeler les paroles de John F. Kennedy, président des États-Unis d’Amérique, décédé tragiquement quelques mois seulement après la publication de l’encyclique : « Je suis très encouragé par la lecture, cette dernière semaine, de la remarquable encyclique Pacem in terris. Dans une analyse pénétrante des grands problèmes d’aujourd’hui, de la protection sociale, des droits de l’homme, du désarmement, de l’ordre international et de la paix, ce document montre certainement que, en s’appuyant sur une grande foi et sur ses traditions, il est possible de promouvoir, dans les affaires publiques, un conseil qui soit valable pour tous les hommes et femmes de bonne volonté. En tant que catholique, j’en suis fier ; et comme Américain, j’ai appris quelque chose ». (John F. Kennedy, Discours à l’Université de Boston, 20 avril 1963).

Le Saint-Siège apprécie tout particulièrement l’accent mis par la présidence ukrainienne sur la liberté de pensée, de conscience, de religion ou de conviction et se réjouit des négociations qu’elle a menées avec succès dans ces domaines. Ces libertés appartiennent au noyau essentiel des droits naturels que le droit positif ne peut jamais refuser légitimement. Le respect de la liberté religieuse, qui protège la dimension transcendante de la personne humaine à la recherche de plus de vérité que ce qu’offre le monde matériel, a ses racines dans la dignité non négociable de chaque homme et de chaque femme, créés à l’image de Dieu.

Cette année, nous célébrons le 1700ème anniversaire de l’Édit de Milan, publ
ié en l’an 313 par l’empereur Constantin ; c’est l’un des documents les plus importants de l’histoire en ce qui concerne la liberté de religion. Il est inquiétant de constater que, dix-sept siècles plus tard, dans la région de l’OSCE, de plus en plus d’incidents motivés par des préjugés contre les chrétiens se produisent. Lorsque nous parlons de négation de la liberté et d’intolérance religieuse, en particulier contre les chrétiens, certains pays en dehors de la région de l’OSCE ou de son voisinage viennent spontanément à l’esprit. Nous ne devons pas oublier qu’il y a aussi des épisodes d’intolérance et de marginalisation de la religion et des croyants, même dans des sociétés traditionnellement démocratiques où, heureusement, il n’y a pas de persécution violente. Quant aux communautés religieuses majoritaires, leurs droits doivent également être protégés des restrictions injustes et illégales. Les actes de vandalisme contre des églises et des cimetières chrétiens doivent être condamnés et légalement poursuivis avec la même détermination que dans le cas des lieux de culte d’autres religions.

6. Une attention soutenue doit également être accordée au problème permanent de la traite des êtres humains. Ce crime odieux doit être combattu par tous les moyens légaux possibles. À cet égard, ma délégation tient à exprimer sa profonde gratitude à la présidence ukrainienne de l’OSCE pour avoir organisé une conférence de haut niveau sur la lutte contre ce crime horrible. Nous encourageons la nouvelle présidence suisse à se consacrer à cette question avec la plus grande détermination.

7. Le Saint-Siège réaffirme son soutien au processus d’Helsinki + 40, qui vise à donner une direction stratégique axée sur des résultats pour les années à venir. Je suis convaincu que, avec une confiance accrue et une volonté politique forte, la vision d’une communauté de sécurité, née en 1975 à Helsinki, sera renforcée et ravivée à la fin de ce processus par une volonté consensuelle d’assurer la paix et la sécurité à tous les États participants et aux régions voisines encore confrontées quotidiennement à des défis nombreux et préoccupants.

8. Je tiens enfin à exprimer ma gratitude à la présidence ukrainienne 2013 de l’OSCE pour la direction qu’elle a assumée et le service qu’elle a rendu, et j’offre mes meilleurs vœux à la nouvelle présidence suisse ; puissions-nous, par notre travail commun, atteindre les objectifs, la vision commune et les valeurs communes partagées par tous les États participants de l’OSCE et sur lesquelles ils se sont mis d’accord.

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Dominique Mamberti

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