La traite des êtres humains est « l’un des crimes les plus odieux », affirme le Saint-Siège qui appelle « à l’éradication de ce crime lorsqu’il est commis contre des enfants ».
Mgr Janusz Urbanczyk, représentant permanent du Saint-Siège, est intervenu en ces termes à la 1124e séance du Conseil permanent de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), le 15 décembre 2016.
Il a notamment pris la défense des enfants « qui sont asservis et sont en proie à l’exploitation en tant que travailleurs enfants ou soldats, tombent dans le réseau criminel du trafic de drogue ou dans la boue de la pornographie, ou encore qui sont forcés de fuir les conflits et les persécutions, risquant d’être isolés et abandonnés ».
« La seule façon d’arrêter efficacement les multiples formes d’esclavage des enfants consiste à prendre des mesures plus rigoureuses et plus efficaces contre ceux qui profitent de tels abus », a-t-il préconisé.
Voici notre traduction intégrale de l’intervention du représentant du Saint-Siège.
AK
Déclaration de Mgr Janusz Ubanczyk
Monsieur le Président,
La délégation du Saint-Siège se joint volontiers aux orateurs précédents pour souhaiter chaleureusement la bienvenue au Conseil permanent à la représentante spéciale et coordonnatrice de la lutte contre la traite des êtres humains, S.E. l’ambassadrice Madina Jarbussynova, et la remercie de la présentation de son rapport détaillé sur les activités et priorités de son Bureau.
Le Saint-Siège s’est souvent prononcé contre le mal de la traite des êtres humains, le travail forcé et toutes les formes d’esclavage moderne, en se concentrant souvent sur l’exploitation odieuse des enfants. Il a également pris des mesures sans relâche, à travers les institutions de l’Église catholique dans le monde entier, pour mettre fin définitivement à ce « cancer social », qui est l’un des plus grands fléaux et défis de notre temps, comme l’ont souvent souligné les papes successifs.
En effet, inspirés de l’enseignement de l’Église, surtout depuis le Concile Vatican II, tel que l’ont formulé les papes Jean-Paul II, Benoît XVI et François, de nombreux instituts religieux catholiques, paroisses, organisations caritatives et groupes de laïcs dans diverses parties du monde sont engagés quotidiennement dans la lutte contre la traite, par la prévention et la prise en charge des victimes. En s’opposant au réseau criminel, ils ont mis en place un réseau de solidarité efficace, en permanence en contact, y compris par le biais des médias sociaux, ce qui permet un échange rapide d’informations et de programmes. Ils coopèrent également avec les gouvernements et les autorités locales afin de les encourager dans leurs décisions politiques.
Comme ses prédécesseurs, le pape François a condamné ce problème énorme et caché, et a également pris des mesures concrètes. En 2014, il a dirigé la Déclaration conjointe des chefs religieux contre l’esclavage moderne et a supervisé la création du fameux « Groupe de Sainte Marthe », nommé d’après sa propre résidence au Vatican. Il s’agit d’une alliance de responsabilité entre les forces de police et les dirigeants de l’Église dans le monde entier, qui vise, avec la société civile, à éradiquer la traite des êtres humains en élaborant des stratégies de prévention et de réinsertion des victimes. Grâce au travail de ce groupe, y compris la coopération étroite entre l’Église et la police, de nombreuses voix désespérées et silencieuses ont été entendues.
Ainsi, comme l’a dit le Pape François, il faut un effort concerté, efficace et dévoué, à la fois pour éliminer les causes de ce phénomène complexe et pour rencontrer, aider et accompagner les personnes tombées dans le piège de la traite », « les plus sans-défense, qui sont privés de leur dignité, de leur intégrité physique et psychologique, voire de leur vie ».
Avec l’approbation récente de l’Agenda 2030 et des ODD, en particulier l’objectif 8.7, les États membres de l’ONU ont réaffirmé leur impératif moral de lutter contre cette violation massive des droits humains fondamentaux.
Dans ce sens, le Saint-Siège exhorte tous les États participants à reconnaître la traite des êtres humains comme l’un des crimes les plus odieux et à continuer de reconnaître le devoir moral qui leur incombe de l’affronter correctement et de l’éradiquer effectivement.
Une attention particulière devrait être accordée à l’éradication de ce crime lorsqu’il est commis contre des enfants qui sont asservis et sont en proie à l’exploitation en tant que travailleurs enfants ou soldats, tombent dans le réseau criminel du trafic de drogue ou dans la boue de la pornographie, ou encore qui sont forcés de fuir les conflits et les persécutions, risquant d’être isolés et abandonnés. Ce scénario déjà sombre est aggravé par la demande, même dans la région de l’OSCE, qui pousse à les exploiter et en abuser. Ainsi, la seule façon d’arrêter efficacement les multiples formes d’esclavage des enfants consiste à prendre des mesures plus rigoureuses et plus efficaces contre ceux qui profitent de tels abus.
Enfin, je voudrais terminer mes remarques en reconnaissant la conviction et l’énergie admirable que l’ambassadeur Jarbussynova a apportées à son travail. Je ne peux qu’exprimer la sincère gratitude de ma délégation à son égard et lui souhaiter plein succès dans la poursuite de ses activités.
Merci, Monsieur le Président!
© Traduction de Zenit, Constance Roques
Enfants © Réseau mondial de prière du pape
OSCE: éradiquer le trafic d'enfants, un crime odieux
Intervention de Mgr Janusz Urbanczyk (Traduction intégrale)