Sculpture du pistolet noué au siège de l'ONU à New York © research.un.org

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ONU: sans le désarmement, des catastrophes continueront de se produire, prévient le Saint-Siège

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Intervention de Mgr Auza (Traduction intégrale)

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Sans « la non-prolifération, le contrôle des armements et le désarmement, (…) des catastrophes qui auraient pu être évitées contre des personnes et des peuples continueront de se produire ». C’est la mise en garde de Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies à New York, au Conseil de sécurité, le 15 décembre 2016
Intervenant lors d’un débat sur le thème « Prévenir la catastrophe : un programme mondial pour arrêter la prolifération des armes de destruction massive par des acteurs non étatiques », Mgr Auza a affirmé : « Tout acte, toute arme qui vise indistinctement à détruire des villes entières ou des zones étendues, avec leurs habitants, mérite une condamnation sans équivoque, sans réserve et sans hésitation ».
Il a plaidé pour mettre fin au « commerce d’armes illégal et criminel » afin d' »empêcher les acteurs non étatiques de posséder (…) des armes de destruction massive ». Ces acteurs non étatiques en effet « utilisent les armes de destruction massive en toute impunité et de manière totalement anarchique ».
Aujourd’hui, a dénoncé l’archevêque, « le nombre stupéfiant de réfugiés et de migrants forcés dans le monde entier témoigne de la dévastation causée par les armes de destruction massive et les armes conventionnelles effroyablement puissantes ». Et de constater : « la prolifération des armes, qu’elles soient des armes de destruction massive ou ‘simplement conventionnelles’, ne fait qu’aggraver les situations de conflit ».
Mgr Auza a exprimé la « vive préoccupation » du Saint-Siège alors que « les progrès technologiques dans le pouvoir destructeur des systèmes d’armes produisent des catastrophes de plus en plus effrayantes pour les populations civiles innocentes ».
Voici notre traduction intégrale de l’intervention du représentant du Saint-Siège.
AK
Déclaration de Mgr Auza
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège est reconnaissant de ce que la présidence espagnole ait apporté à la délibération de ce Conseil et à l’attention de la Communauté internationale le sujet important de l’arrêt de la prolifération des armes de destruction massive par des acteurs non étatiques.
La participation d’acteurs non étatiques dans les guerres et les conflits a augmenté ces derniers temps, ce qui a eu des effets horribles sur les populations civiles, en particulier les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées. Les acteurs non étatiques utilisent les armes de destruction massive en toute impunité et de manière totalement anarchique, ne respectant pratiquement pas l’immunité civile, la proportionnalité et la discrimination entre les combattants et les non-combattants. Aujourd’hui, le nombre stupéfiant de réfugiés et de migrants forcés dans le monde entier témoigne de la dévastation causée par les armes de destruction massive et les armes conventionnelles effroyablement puissantes.
Monsieur le Président,
Ma délégation souhaite réitérer l’opposition constante et ferme du Saint-Siège à la production et à l’utilisation d’armes de destruction massive. Tout acte, toute arme qui vise indistinctement à détruire des villes entières ou des zones étendues, avec leurs habitants, est contraire à tout droit humanitaire international et à toutes les idées de civilisation et mérite une condamnation sans équivoque, sans réserve et sans hésitation.
Le Saint-Siège note avec une vive préoccupation que les progrès technologiques dans le pouvoir destructeur des systèmes d’armes produisent des catastrophes de plus en plus effrayantes pour les populations civiles innocentes. Il y a un peu plus d’une semaine, le pape François a observé : « Nous disons « Jamais plus », mais en même temps, nous produisons des armes et les vendons à ceux qui sont en guerre les uns avec les autres ». Ces dons et ces ventes d’armes se font à différents niveaux. Certains États fournissent des armes aux États clients tout en sachant qu’elles seront utilisées pour perpétuer des atrocités de masse, supprimer les droits fondamentaux de l’homme et refuser le développement de peuples et de nations entiers. Les transactions sont souvent menées par l’intermédiaire de syndicats internationaux du crime, ce qui, comme l’a déclaré le pape François la semaine dernière, est « un moyen facile de s’enrichir, mais le prix est très élevé : le sang ». Il est essentiel de combattre et de stopper le commerce d’armes illégal et criminel pour empêcher les acteurs non étatiques de posséder et d’utiliser des armes de destruction massive et donc prévenir les atrocités qu’ils commettront en utilisant ces armes. Le renforcement des lois et des conventions pertinentes aux niveaux multilatéral, bilatéral et national est une étape nécessaire dans la bonne direction.
Monsieur le Président,
Les politiques commerciales en matière d’armes de destruction massive et tous les systèmes d’armes doivent être remplacées par une nouvelle éthique globale. Le profit, les avantages géopolitiques à tout prix et la logique de la peur et de la méfiance doivent être remplacés en s’attaquant aux dynamiques plus larges de sécurité, politiques, économiques et culturelles qui incitent les acteurs étatiques et non étatiques à rechercher la sécurité, la légitimité et le pouvoir dans la production d’armes, plutôt que de dépenser leurs ressources pour promouvoir le développement socio-économique, la participation diplomatique et politique, le respect des droits fondamentaux de l’homme et de l’État de droit ainsi que la coopération et la solidarité aux niveaux régional et international.
Le Saint-Siège a invité à plusieurs reprises les pays producteurs d’armes à limiter sévèrement et à contrôler la fabrication et la vente d’armes et de munitions aux pays et régions instables où la probabilité de leur utilisation illégale ou le risque qu’elles tombent entre les mains d’acteurs non étatiques est un danger réel et présent. La prolifération des armes, qu’elles soient des armes de destruction massive ou « simplement conventionnelles », ne fait qu’aggraver les situations de conflit et aboutit à des souffrances humaines et à des coûts matériels inimaginables, sapant profondément le développement et la recherche d’une paix durable.
La non-prolifération, le contrôle des armements et le désarmement sous-tendent la sécurité mondiale, le respect des droits de l’homme et le développement durable. Sans eux, la réalisation de l’Agenda 2030 pour le développement durable, si vanté, sera gravement compromise. Sans eux, des catastrophes qui auraient pu être évitées contre des personnes et des peuples continueront de se produire. Sans une plus grande coopération internationale et régionale, en particulier entre les États producteurs d’armes, pour contrôler strictement et limiter les mouvements d’armes de destruction massive, il est illusoire de parler d’une stratégie mondiale pour stopper la prolifération de ces armes par et entre des acteurs non étatiques.
Merci, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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