Face à la discrimination et à la violence auxquelles sont confrontées de nombreuses femmes à travers le monde, il faut une « volonté politique et les ressources nécessaires pour s’attaquer aux facteurs qui poussent les femmes et les filles dans des situations de vulnérabilité, telles que les guerres et les conflits, l’extrême pauvreté, les migrations et le faible accès à l’éducation et aux soins médicaux ».
Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique, observateur permanent du Saint-Siège, est intervenu en ces termes à la 74ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, est intervenu lors de l’examen du point 26 (a, b) de l’ordre du jour de la 3ème Commission, sur le thème: Promotion de la femme, à New York, le 7 octobre 2019.
Dénonçant le « nombre effrayant de cas qui impliquent maintenant des femmes forcées de servir de mères porteuses et de voir leurs enfants achetés, vendus et faire l’objet d’un marchandage pour le plus offrant », le représentant du Saint-Siège demande que « la condamnation de ces crimes odieux » s’accompagne « d’une législation et d’une répression efficaces pour prévenir la traite des personnes et limiter autant que possible l’impunité ».
Voici notre traduction du discours prononcé en anglais par Mgr Auza.
HG
Discours de Mgr Bernardito Auza
Monsieur le Président,
La discrimination et la violence auxquelles sont confrontées de nombreuses femmes à travers le monde continuent d’entraver le plein exercice de leur rôle unique et irremplaçable dans le monde. Le pape François, lors d’un récent entretien, a souligné que « le monde sans femmes ne fonctionne pas ». (1) C’est pourquoi la société doit continuer à promouvoir et à défendre tous les droits découlant de la dignité humaine inaliénable de chaque femme et de chaque fille.
Bien que des progrès significatifs aient été accomplis pour accroître la participation des femmes à la vie sociale, politique, économique et culturelle et pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles, il reste beaucoup à faire. Il s’agit notamment d’obtenir la volonté politique et les ressources nécessaires pour s’attaquer aux facteurs qui poussent les femmes et les filles dans des situations de vulnérabilité, telles que les guerres et les conflits, l’extrême pauvreté, les migrations et le faible accès à l’éducation et aux soins médicaux.
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège demeure profondément préoccupé par la violence et la discrimination auxquelles sont confrontées aujourd’hui les femmes migrantes en particulier, y compris les travailleuses migrantes, qui « subissent des situations d’exclusion, de mauvais traitements et de violence, car elles sont souvent moins capables de défendre leurs droits ». (2) Comme l’indique le rapport du Secrétaire général, les travailleuses migrantes, en particulier celles qui sont en situation irrégulière, sont non seulement exposées au risque d’exploitation par le travail, mais aussi à l’exclusion sociale. (3) Ces femmes méritent d’être accueillies, protégées et intégrées dans nos communautés avec dignité. Elles méritent également une reconnaissance pleine et égale devant la loi, y compris par l’accès au système judiciaire. Ces femmes quittent courageusement leur terre et leur communauté, souvent dans les circonstances les plus difficiles, pour subvenir aux besoins de leur famille et assurer à leurs enfants un avenir meilleur. Il est donc nécessaire d’adopter des mesures spécifiques pour protéger et aider les travailleuses migrantes et de reconnaître leur contribution précieuse à la société.
A cet égard, ma délégation estime que le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières offre un cadre important pour lutter contre la violence et la discrimination à l’égard des travailleuses migrantes et attirer l’attention sur la traite et le trafic illicite de migrants dans le contexte des migrations internationales. En fait, les femmes et les filles migrantes, en particulier celles qui sont en situation irrégulière, sont exposées à un risque accru de traite des êtres humains. Trop souvent, elles sont victimes de formes notoires d’esclavage moderne, telles que l’exploitation sexuelle et le travail forcé. Plus abominables encore sont les cas de nouveau-nés victimes de la traite. En effet, il y a un nombre effrayant de cas qui impliquent maintenant des femmes forcées de servir de mères porteuses et de voir leurs enfants achetés, vendus et faire l’objet d’un marchandage pour le plus offrant.
La condamnation de ces crimes odieux doit s’accompagner d’une législation et d’une répression efficaces pour prévenir la traite des personnes et limiter autant que possible l’impunité. En fait, bien qu’il y ait eu divers progrès dans la formulation d’instruments juridiques adéquats pour enquêter, poursuivre et punir les trafiquants, dans le déblocage des chaînes financières, dans la compréhension des liens avec d’autres formes de criminalité organisée et de corruption et dans la promotion de la coopération aux frontières et au-delà, les mesures concrètes et les sanctions efficaces restent souvent limitées. (4)
Monsieur le Président,
En 2020, la communauté mondiale célébrera le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin. Le Saint-Siège réaffirme l’importance de la promotion de la femme, afin qu’elle puisse réaliser pleinement son potentiel et contribuer véritablement au bien commun de la société. Le Saint-Siège insiste sur l’égalité dans la dignité entre les hommes et les femmes et sur le respect égal à toutes les étapes de leur vie. « Il n’y aura jamais de justice, y compris l’égalité, le développement et la paix, pour les femmes ou pour les hommes », écrivait le Pape Jean-Paul II en 1995 au Secrétaire général de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes des Nations Unies, « à moins d’une détermination sans faille à respecter, protéger, aimer et servir la vie – chaque vie humaine, à chaque étape et dans chaque situation » (5) Cela reste une priorité et un objectif primordial du Saint Siège.
Merci, Monsieur le Président.
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NOTES
- François, Entretien avec Valentina Alazraki, Televisa, 28 mai 2019.
- François, Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 212.
- Rapport du Secrétaire général, Violence contre les travailleuses migrantes, 26 juillet 2019 (A/74/235).
- Cf. Rapport mondial sur la traite des personnes 2018, Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.
- Jean-Paul II, Lettre à Mme Gertrude Mongella, Secrétaire générale de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes des Nations Unies 1995.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat