Mgr Ivan Jurkovic © RV

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ONU : unir les forces pour répondre au phénomène migratoire

Quatre verbes en faveur des réfugiés et des migrants, par Mgr Jurkovic

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« Le pape François appelle la communauté politique, la société civile et les institutions religieuses à unir leurs forces pour offrir une réponse commune aux complexités du phénomène migratoire moderne », a déclaré Mgr Jurkovic.

Mgr Ivan Jurkovič, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies et d’autres organisations internationales à Genève, est intervenu lors de la 108ème session du Conseil de l’Organisation internationale pour les migrations, à Genève, le 30 novembre 2017.

Le représentant du Saint-Siège a repris les quatre verbes déjà proposés dans un document de l’ONU pour répondre au phénomène des migrations : « accueillir », « en sauvegardant les droits fondamentaux et la dignité de chaque migrant » ; « protéger » « les personnes vulnérables ; « promouvoir » « le développement humain intégral » et « intégrer » « dans la reconnaissance commune de la richesse culturelle d’autrui ».

Voici notre traduction du discours en anglais prononcé par Mgr Jurkovic.
HG

Madame la Présidente,

La Délégation du Saint-Siège vous adresse ses félicitations, Madame l’Ambassadeur Maurás, ainsi qu’au Bureau du Conseil, pour votre élection et souhaite remercier Monsieur l’Ambassadeur Quinn, d’Australie, pour son travail en tant que président du Conseil au cours de cette dernière année. Elle souhaite également chaleureusement la bienvenue à la République de Cuba et aux Îles Cook en tant que nouveaux États membres et au Koweït en tant que nouvel État observateur auprès de la famille de l’OIM.

Le début de ce troisième millénaire est caractérisé par le plus grand mouvement migratoire de l’histoire qui, en termes d’origine, de transit et de destination, concerne presque toutes les parties du monde. La migration est un signe des temps et l’une des forces les plus puissantes qui façonnent la vie économique, sociale, politique et culturelle.

S’il est important de respecter les intérêts légitimes des États, le pape François encourage à ce que la migration soit considérée avec confiance comme une opportunité de construire la paix et non comme une menace « dans les limites permises par une bonne compréhension du bien commun ». (1) Il demande instamment que tous ceux qui fuient les conflits, la faim, la discrimination, la persécution, l’extrême pauvreté, les catastrophes naturelles et la dégradation de l’environnement soient accueillis et protégés.

En dépit des motivations différentes et des causes souvent coercitives, tous les migrants et réfugiés ont généralement en commun un facteur qui sous-tend leur décision d’abandonner leur patrie et souvent leur famille et leurs amis, à savoir la simple nécessité. En effet, les migrants « désirent une vie meilleure et tentent souvent de laisser derrière eux le “désespoir” d’un avenir peu prometteur ». (2)

Madame la Présidente,

Ma délégation souhaite souligner l’importance de traiter la question des migrations dans une perspective intégrale et holistique, car la migration est non seulement devenue une composante structurelle, mais elle est en fait vitale pour nos sociétés. « Le bien commun et l’effort pour l’obtenir ne peuvent manquer de prendre les dimensions de toute la famille humaine ». (3) À cet égard, comme le souligne le Directeur général dans son rapport, nous assistons de plus en plus, par exemple, à des épisodes dramatiques de catastrophes naturelles record sur presque tous les continents.

Le Saint-Siège partage l’inquiétude quant au rôle croissant que jouent la dégradation de l’environnement et les catastrophes naturelles dans le mouvement des peuples. Puisque tout et tout le monde est étroitement lié, « notre manque de réponse à ces tragédies impliquant nos frères et sœurs indique la perte de ce sens de la responsabilité pour nos frères et sœurs sur lequel toute la société civile est fondée ». (4)

A cet égard, le Pape François appelle la communauté politique, la société civile et les institutions religieuses à unir leurs forces pour offrir une réponse commune aux complexités du phénomène migratoire moderne. (5) Ceci est résumé dans un document que le Saint-Siège a présenté comme contribution officielle aux processus menant aux deux pactes mondiaux (6) avec quatre verbes :

  • D’abord, accueillir. Nous avons besoin d’un changement d’attitude, de surmonter l’indifférence et de contrer les peurs avec une approche généreuse d’accueil de ceux qui frappent à nos portes et en leur offrant un abri décent et approprié, la sécurité personnelle et l’accès aux services de base indépendamment de leur statut. En sauvegardant les droits fondamentaux et la dignité de chaque migrant, cela inclut des solutions créatives et des options plus larges pour entrer dans les pays de destination en toute sécurité et légalement, et rapatrier, normalement volontairement, dans des conditions justes et sûres.
  • Deuxièmement, protéger. Défendre les droits inaliénables des personnes vulnérables à l’exploitation, aux abus et à la violence, assurer leurs libertés fondamentales et respecter leur dignité sont des devoirs dont personne ne peut être exempté.
  • Troisièmement, promouvoir. Le développement est un droit indéniable de tout être humain. La promotion du développement humain intégral des migrants et de leurs familles commence par leurs communautés d’origine, à savoir le droit de trouver dans sa propre patrie les conditions nécessaires à une vie digne. Dans les pays de destination où les migrants peuvent gagner leur vie, dans des conditions équitables et libres, et où l’accès à l’éducation et aux soins de santé de base des migrants mineurs est garanti, ils enrichissent à la fois leurs communautés d’accueil et d’origine.
  • Quatrièmement, intégrer. L’intégration, qui n’est ni assimilation ni incorporation, n’est pas la superposition d’une culture sur une autre, ni l’isolement mutuel, avec le risque insidieux et dangereux de créer des ghettos. (7) C’est un processus bidirectionnel, enraciné essentiellement dans la reconnaissance commune de la richesse culturelle d’autrui.

Sur ce dernier point – l’intégration – la Mission permanente du Saint-Siège organise avec la Mission permanente de l’Ordre de Malte, la Commission internationale catholique des migrations et la Fondation Caritas in Veritate un événement spécial sur les « Contributions et bénéfices mutuels: Intégrer les migrants dans les sociétés hôtes ». Cette réunion aura lieu aujourd’hui pendant la pause déjeuner dans cette même salle et nous sommes très heureux que notre distingué directeur général participe également à cet événement.

Enfin, Madame la Présidente, à l’approche de la prochaine phase des pactes mondiaux, je souhaite transmettre « l’espoir sincère du pape François (…) [que les] (…) deux pactes mondiaux … soient inspirés par la compassion, la prévoyance et le courage (…). Si le “rêve” d’un monde pacifique est partagé par tous, si la contribution des réfugiés et des migrants est correctement évaluée, alors l’humanité peut devenir de plus en plus une famille universelle et notre terre une véritable “maison commune” ». (8)

En conclusion, ma délégation partage la conviction que les pactes mondiaux ne devraient pas être la ligne d’arrivée, mais plutôt un nouveau départ pour la famille humaine, fondé sur une éthique plus universelle et plus solide qui valorise le bien-être de toute l’humanité et de chaque personne . Ce n’est que de cette manière que nous serons en mesure de récolter les véritables avantages de la migration internationale.

Merci, Madame la Présidente.

1 Cf. Pape François, Message pour la célébration de la 51ème Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2018.

2 Ibid.

3 Cf. Pape Benoît XVI, Lettre Encyclique Caritas in Veritate, n. 7

4 Cf. Pape François, Laudato Si’, n. 25.

5 Cf. Pape François, Discours au Forum international sur les migrations et la paix, 21 février 2017.

6 Cf. « Réponse pour les réfugiés et les migrants : Vingt points d’action ». Voir aussi Document UN A/72/528.

7 Cf. Pape François, Discours au Forum international sur les migrations et la paix, 21 février 2017.

8 Pape François, Message pour la célébration de la 51ème Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2018.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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