Mgr Bernardito Auza, 13/12/2017, capture CTV

Mgr Bernardito Auza, 13/12/2017, capture CTV

ONU: pour maintenir la paix, il faut protéger les civils, appel de Mgr Auza (traduction complète)

Et créer les conditions nécessaires au retour des réfugiés

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Mgr Auza estime que « la protection des civils et des infrastructures civiles essentielles » est « une dimension constante et cruciale du maintien de la paix ».

Mgr Bernardito Auza, Observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies, à New York (Etats-Unis), est intervenu lors du débat public du Conseil de sécurité sur l’action collective en vue d’améliorer les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, à New York, le 28 mars 2018.

Il faut aussi, a-t-il souligné, créer « les conditions nécessaires au retour sûr et digne des réfugiés, des autres migrants forcés et des personnes déplacées internes dans leurs maisons et propriétés ».

Le Saint-Siège, a dit son représentant, espère que « les Nations Unies écouteront et consulteront toujours les gouvernements et les populations directement touchés sur le terrain ». Il encourage les « nouvelles politiques en vue de raffermir les règles qui régissent la conduite et la discipline du personnel » et insiste sur le fait que « la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies » sont une des « principales priorités ».

Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Auza prononcée en anglais.

HG

Discours de Mgr Bernardito Auza

Monsieur le Président,

Le Saint-Siège remercie la présidence du Royaume des Pays-Bas d’avoir convoqué aujourd’hui le débat sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

Le Saint-Siège croit au rôle central des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et apprécie la contribution significative des opérations de maintien de la paix de l’ONU à la prévention et au règlement de nombreux conflits armés au sein des États et entre eux.

En cette période de menaces mouvantes et changeantes pour la paix et la sécurité internationales, il est opportun de chercher ensemble des moyens d’améliorer davantage les opérations de maintien de la paix de l’ONU. En effet, les briefings d’aujourd’hui ont mis en évidence les différents défis dans le domaine du maintien de la paix – qui inclut maintenant le terrorisme international et l’extrémisme violent, la criminalité transnationale organisée et les urgences liées au climat – et ont souligné la nécessité d’une action collective plus solide, cohérente et globale dans le contexte de l’évolution des menaces contre la paix et la sécurité internationales.

Alors que les défis et les menaces continuent d’évoluer, le Saint-Siège estime que la protection des civils et des infrastructures civiles essentielles – écoles, hôpitaux, sites religieux et culturels et approvisionnement en eau – devrait rester une dimension constante et cruciale du maintien de la paix. Dans certaines situations de conflit armé, en particulier lorsque le conflit a impliqué le nettoyage ethnique et d’autres formes de déplacements massifs, il est important que les soldats de la paix créent les conditions nécessaires au retour sûr et digne des réfugiés, des autres migrants forcés et des personnes déplacées internes dans leurs maisons et propriétés.

Cela nécessite clairement une approche holistique impliquant d’autres institutions des Nations Unies et diverses autres institutions et parties prenantes. Dès le début de chaque mission, les instruments de paix et de sécurité des Nations Unies doivent donc travailler de concert avec les acteurs du développement, des droits de l’homme et de l’aide humanitaire. Les violations des droits de l’homme peuvent être des facteurs de conflit, et le rétablissement du respect des droits de l’homme contribuera souvent à s’attaquer aux causes profondes des conflits et à maintenir la paix.

Un autre aspect important de notre recherche commune de moyens d’améliorer les opérations de maintien de la paix de l’ONU consiste à identifier les meilleurs moments pour lancer et fermer une mission de maintien de la paix. Prendre la bonne décision dans ces domaines critiques est devenu encore plus difficile ces derniers temps, à mesure que les appels augmentent pour un engagement continu des opérations de maintien de la paix des premiers signes de conflit à la phase post-récupération. Le maintien et la consolidation de la paix sont devenus si étroitement imbriqués que beaucoup s’attendent maintenant à ce qu’ils se chevauchent normalement dans les opérations de l’ONU. Ma délégation espère que les Nations Unies écouteront et consulteront toujours les gouvernements et les populations directement touchés sur le terrain.

Le défi de prendre la meilleure décision dans ces deux moments critiques d’une opération de maintien de la paix est rendu plus aigu par le fait qu’il n’y a pas deux conflits identiques. Il est donc nécessaire de s’abstenir d’adopter une approche universelle et d’adapter une opération de maintien de la paix en fonction de son objectif et de son contexte spécifiques, y compris les sensibilités culturelles et religieuses des peuples directement touchés par le conflit. À cet égard, ma délégation estime que la participation active des pays hôtes à l’orientation et à la formation des soldats de la paix avant qu’ils ne soient envoyés sur le terrain est un élément important pour assurer le succès de la mission.

Monsieur le Président,

Ma délégation a pris note des efforts sérieux visant à établir de nouvelles politiques en vue de raffermir les règles qui régissent la conduite et la discipline du personnel. Par exemple, le renforcement des normes de prévention des abus sexuels contre les femmes et les enfants par le personnel de maintien de la paix est une action collective nécessaire pour améliorer la crédibilité et l’acceptation des missions de maintien de la paix dans leurs zones respectives d’opérations. À cet égard, les rôles et responsabilités des pays fournisseurs de contingents et des bureaux des Nations Unies directement responsables de la supervision des opérations de maintien de la paix ne doivent pas être sous-estimés.

Dans le même ordre d’idées et compte tenu de l’aggravation de la situation sécuritaire dans de nombreuses missions sur le terrain, la sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies restent parmi les principales priorités. L’Organisation des Nations Unies devrait veiller à ce que les soldats de la paix reçoivent une formation spécifique pour leur mission et soient suffisamment équipés pour se protéger des agresseurs. Les auteurs d’attaques contre les forces de maintien de la paix de l’ONU doivent être traduits en justice conformément aux dispositions du droit international.

En conclusion, le Saint-Siège rend un hommage particulier aux soldats de la paix qui ont fait le sacrifice ultime au nom de la paix.

Merci, Monsieur le Président.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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