« Tout programme urbain durable doit d’abord passer l’épreuve du principe fondamental des “personnes d’abord” », affirme le nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies à New York.
Mgr Bernardito Auza est intervenu à la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la mise en œuvre effective du nouvel agenda urbain et le positionnement d’ONU-Habitat à cet égard, le 6 septembre 2017. Le thème du débat plénier était : Recommandations contenues dans le rapport du Groupe spécial indépendant chargé d’évaluer et d’améliorer l’efficacité d’ONU-Habitat.
« Le plus grand défi dans la mise en œuvre du nouvel Agenda urbain est donc de réaliser un renouveau et une planification urbains centrés sur la personne humaine, en construisant et soutenant des villes durables, inclusives, sûres et pacifiques capables de fournir un environnement sain à tous leurs habitants », a déclaré le représentant du Saint-Siège.
Invitant à « éviter la simplification excessive de la dichotomie rurale-urbaine », Mgr Auza a ensuite souligné que « la cellule primordiale de tout développement social, y compris le développement urbain, est la famille ». Il a plaidé pour que les familles, « en particulier celles qui sont en difficulté, jouissent de leurs droits fondamentaux, comme le droit à un logement adéquat, qui est une composante du droit à une norme adéquate de vie ».
Le représentant du Saint-Siège a enfin rappelé que toute vie urbaine « nécessite une dimension communautaire, un quartier », c’est-à-dire des éléments qui « facilitent chez les citadins le sentiment d’appartenance, d’enracinement, le “sentiment d’être chez soi” ».
Voici notre traduction de la déclaration en anglais de Mgr Bernardito Auza.
HG
Déclaration du Saint-Siège
Monsieur le Président,
Je vous remercie de cette occasion de réfléchir à la mise en œuvre effective du nouvel Agenda urbain et de discuter du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’évaluer et d’améliorer l’efficacité d’ONU-Habitat.
Tout programme urbain durable doit d’abord passer l’épreuve du principe fondamental des « personnes d’abord ». Que ce soit dans un environnement rural ou urbain, les gouvernements et toutes les parties prenantes ont la responsabilité de faire tout leur possible pour que tous puissent avoir les moyens nécessaires de vivre dans la dignité, de sorte que ceux qui sont dans le besoin ne soient pas de simples bénéficiaires mais aussi des agents de leur propre vie dans la dignité. À cet égard, comme le souligne le pape François, l’urbanisme doit toujours prendre en considération les opinions de ceux qui vivent dans ces zones. [1]
Le plus grand défi dans la mise en œuvre du nouvel Agenda urbain est donc de réaliser un renouveau et une planification urbains centrés sur la personne humaine, en construisant et soutenant des villes durables, inclusives, sûres et pacifiques capables de fournir un environnement sain à tous leurs habitants.
Dans cette ligne, ma délégation se félicite de la recommandation no. 10 du rapport susmentionné, qui appelle à mettre l’accent sur les régions métropolitaines, y compris les grandes villes, les villes, les zones périphériques et les villages qu’elles contiennent, et à éviter la simplification excessive de la dichotomie rurale-urbaine et « le risque de positionnement des villes et des zones rurales en opposition les unes avec les autres, en concurrence pour les ressources de développement limitées ». [2]
Avertissant contre cette simplification excessive de la dichotomie rurale-urbaine, le pape François a affirmé qu’ « à travers l’influence des médias, les zones rurales sont affectées par les mêmes changements culturels » affectant les zones urbaines, « modifiant aussi de manière significative leur mode de vie ». [3] En outre, dans le contexte de l’Agenda pour le développement durable de 2030, une telle dichotomie simplifiée risque de laisser les habitants des zones rurales en arrière. Lorsque les investissements et les services sont concentrés dans les zones urbaines au détriment des villages, cela peut déclencher, entre autres, l’exode des populations rurales dans les villes, entraînant des villages abandonnés et la formation de colonies informelles qui entourent les villes. Comme le souligne la recommandation no. 5 du rapport susmentionné, « l’essentiel du rôle normatif d’ONU-Habitat » est « de garder l’accent sur la directive de ne laisser personne loin derrière ».
Monsieur le Président,
La cellule primordiale de tout développement social, y compris le développement urbain, est la famille. Les nombreux défis auxquels la famille est confrontée à notre époque pourraient être exacerbés dans le contexte de la métropole. Il n’est pas rare que les parents investissent des heures pour se rendre au travail, ce qui a une incidence négative sur la qualité des soins et de l’éducation de leurs enfants. Cela est particulièrement vrai dans les familles de moyens modestes, qui ne peuvent se permettre de vivre que dans des quartiers dans des régions périphériques éloignées ou des villes satellites. Compte tenu de cela, la mise en œuvre du nouvel Agenda urbain devrait faire tout son possible pour que les familles, en particulier celles qui sont en arrière, jouissent de leurs droits fondamentaux, comme le droit à un logement adéquat, qui est une composante du droit à une norme adéquate de vie.
En outre, la vie urbaine nécessite une dimension communautaire, un quartier. Pour favoriser les dimensions sociales de la vie urbaine et éviter la ségrégation, il est nécessaire de créer et de protéger les espaces communautaires, les repères visuels et les paysages urbains qui facilitent chez les citadins le sentiment d’appartenance, d’enracinement, le «sentiment d’être chez soi» dans une ville. C’est un défi passionnant, en particulier dans les centres-villes et les bidonvilles, où des choix doivent être faits entre la démolition et la préservation des espaces et des points de repère dans le processus de renouveau urbain et d’embourgeoisement. Un sentiment d’espace partagé et de patrimoine commun dans les quartiers peut aider à relier et à intégrer les habitants.
Vivre dans une grande ville présente des défis nombreux et complexes. Les villes créent une sorte d’ambivalence permanente parce que, bien qu’elles offrent à leurs résidents d’innombrables possibilités, elles leur présentent aussi des obstacles en plein essor. Pourtant, les villes sont un microcosme de l’énorme richesse de notre monde. Les villes fondent des creusets de cultures, de traditions, d’expériences historiques, de langues, de coutumes et de cuisines que les habitants apportent avec eux. Faisons donc d’elles des endroits où vivre qui soient grands et passionnants.
Merci, Monsieur le Président.
- Pape François, Lettre encyclique Laudato Si ‘, 149-150.
- Rapport du groupe indépendant de haut niveau chargé d’évaluer et d’améliorer l’efficacité d’ONU-Habitat, 50.
- Pape François, Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 73.
© Traduction de ZENIT, Hélène Ginabat