Mgr Bernardito Auza, capture

Mgr Bernardito Auza, UNTV capture

ONU : pas de développement durable sans solidarité intergénérationnelle

C’est une question de justice, souligne Mgr Auza

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Qui dit « développement durable » dit aussi « solidarité intergénérationnelle », déclare Mgr Auza en reprenant les termes du pape François dans Laudato Si’. La dégradation de l’environnement que nous vivons chaque jour est liée à des ruptures humaines, éthiques et sociales », rappelle Mgr Auza. C’est pourquoi, souligne-t-il, « relever le défi d’un développement intégral et durable exige un changement majeur dans nos paradigmes de développement ».

Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, est intervenu à la 74ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, au point 19 de l’ordre du jour de la Deuxième Commission, sur le développement durable, à New York, le 15 octobre 2019.

La solidarité entre les générations est « une question fondamentale de justice, dont le fondement est la reconnaissance du fait que notre monde est “le patrimoine de toute l’humanité et la responsabilité de tous” » a poursuivi le représentant du Saint-Siège en citant encore le pape. Un « effort concerté » est requis, « conformément aux principes fondamentaux d’équité et de responsabilités communes, mais différenciées, et aux capacités respectives ».

Voici notre traduction du discours de Mgr Auza.

HG

Discours de Mgr Bernardito Auza

Monsieur le Président,

L’Agenda 2030 pour le développement durable souligne que « l’avenir de l’humanité et de notre planète est… entre les mains de la génération actuelle qui passera le flambeau aux générations futures ». Dans le même ordre d’idées, le pape François, dans son encyclique Laudato Si. Sur la sauvegarde de notre maison commune, souligne que la crise économique mondiale a clairement montré que « nous ne pouvons plus parler de développement durable sans parler de solidarité intergénérationnelle » (1). Il nous pousse à nous demander quel genre de monde « nous voulons laisser à ceux qui viennent après nous, aux enfants qui grandissent maintenant ? » (2) Une telle question ne concerne pas seulement l’environnement, mais aussi l’orientation générale, le sens et les valeurs de notre humanité. Pour y répondre, il faut une approche holistique et éthique, fondée sur ce que le pape François appelle « l’écologie intégrale ». En effet, un véritable souci de notre planète ne peut se limiter à un simple changement de nos modèles de production et de consommation. Il faut d’abord et avant tout prêter attention à nos frères et sœurs avec qui nous partageons cette maison commune, ainsi qu’à ceux qui viennent après nous. La dégradation de l’environnement que nous vivons chaque jour est liée à des ruptures humaines, éthiques et sociales.

Monsieur le Président,

Protéger notre planète et penser aux générations futures sont des questions étroitement liées à notre sujet aujourd’hui. Relever le défi d’un développement intégral et durable exige un changement majeur dans nos paradigmes de développement. Nous ne pouvons pas adopter une approche sectorielle qui réduit le développement durable à la croissance économique, à la protection de l’environnement et au progrès technologique. Nous devons garder à l’avant-plan la dignité inhérente à chaque personne ainsi que la promotion du bien commun. Cela exige de ne pas simplement aller au-delà de la poursuite de la maximisation des profits à tout prix, de la culture de la gratification instantanée, du consumérisme débridé et de la considération de la nature comme une source inépuisable de ressources pour ceux qui peuvent payer. Le développement durable intégral signifie aussi tempérer ces tendances avec les exigences fondamentales de la dignité humaine et du bien commun. La solidarité entre les générations est non seulement essentielle pour parvenir à un développement durable, mais c’est aussi une question fondamentale de justice, dont le fondement est la reconnaissance du fait que notre monde est « le patrimoine de toute l’humanité et la responsabilité de tous ». (4)

Au cours des dernières années, nous avons été témoins de nombreux signes encourageants dans la lutte contre la dégradation de l’environnement et les effets néfastes du changement climatique. L’Agenda pour le développement durable 2030, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, l’Accord de Paris et le Paquet climat de Katowice démontrent la prise de conscience croissante que la protection de notre maison commune exige un effort concerté, conformément aux principes fondamentaux d’équité et de responsabilités communes, mais différenciées, et aux capacités respectives.

Malgré les progrès réalisés dans la mise en œuvre des conventions et accords environnementaux existants (5), de nombreux défis restent à relever pour rendre notre engagement mondial et efficace. Bien que le changement climatique se produise beaucoup plus rapidement que prévu et que ses effets soient évidents partout dans le monde, l’Accord de Paris attend toujours d’être mis en œuvre.

Pour protéger notre planète et éviter d’accabler les générations futures des problèmes que les générations passées et présentes ont créés, il ne suffit plus d’affirmer simplement que nous devons nous préoccuper de l’environnement et de ceux qui viennent après nous. Nous devons unir nos efforts pour promouvoir un type de progrès qui « soit plus sain, plus humain, plus social et plus intégral » (6).

Merci, Monsieur le Président.

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  1. Pape François, Lettre encyclique Laudato Si’, 160.
  2. Laudato Si’, 162.
  3. Laudato Si’ 160.
  4. Laudato Si’, 95.
  5. Mise en œuvre des conventions des Nations Unies sur l’environnement. Note du Secrétaire général, A/74/207.
  6. Pape François, message vidéo pour le Sommet Action Climat, 74ème session de l’Assemblée générale.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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