Mgr Bernardito Auza 13/12/2017 © Oss_romano

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ONU : "Non!" au commerce illicite des armes légères (traduction complète)

Mgr Auza prône collaboration internationale et détermination

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« Le commerce illicite des armes légères et de petit calibre ne peut être combattu et gagné que par une collaboration internationale et une mise en œuvre vigoureuse des accords internationaux, régionaux et bilatéraux en la matière », a déclaré Mgr Auza. « Sans une telle coopération, a-t-il poursuivi, en particulier entre les États producteurs d’armes, pour contrôler et limiter strictement la production et la circulation des armes, un monde exempt de guerres et de conflits violents restera une illusion ».

Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège, a délivré un discours à la Première Commission de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le thème suivant : Désarmement général et complet (armes classiques). Le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects (98 q) et l’assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite des armes légères et de petit calibre et leur collecte (98 o), à New York, le 25 octobre 2019. Le discours a été prononcé par Mgr David Charters.

Le représentant du Saint-Siège a également souligné l’importance d’une « éducation de qualité », « à tous les niveaux de la société et pour les personnes de tous âges », afin de « les dissuader de faire un usage injuste des armes », protéger les jeunes « victimes du recrutement dans les groupes armés » et « faire reculer la demande même de ces armes ». « A ce titre, il a exhorté à mettre en oeuvre des « activités d’éducation et de sensibilisation visant à promouvoir une culture de la paix et de la vie ».

Voici notre traduction du discours – en anglais – de Mgr Auza.

HG

Discours en anglais de Mgr Bernardito Auza

Monsieur le Président,

Le Saint-Siège considère que le Programme d’action des Nations Unies en vue de réduire, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et l’Instrument international de traçage qui l’accompagne sont des outils d’une importance vitale pour la promotion effective des droits de l’homme fondamentaux, du droit international et du droit international humanitaire, ainsi qu’un élément essentiel pour promouvoir la paix et le développement. Comme l’a déclaré le Secrétaire général dans son rapport de 2018 intitulé Assurer notre avenir commun : « Les niveaux élevés d’armes et de munitions en circulation contribuent à l’insécurité, causent du tort aux civils, facilitent les violations des droits de l’homme et entravent l’accès humanitaire ».

Le Programme d’action et l’Instrument international de traçage renforcent le respect de la vie et de la dignité de la personne humaine par la promotion d’une culture de la paix. Il est clair qu’une coopération et une assistance internationales accrues seront nécessaires pour restreindre drastiquement, et à terme éradiquer, le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.

Monsieur le Président,

Un monde sûr est essentiel pour le développement et donc pour la lutte contre l’extrême pauvreté. Le pape Paul VI a dit en 1967 : « Le développement est le nouveau nom de la paix », une affirmation qui préfigure l’interdépendance des buts et objectifs de l’Agenda 2030 pour le développement durable, qui énonce : « Il ne peut y avoir de développement durable sans paix ni de paix sans développement durable ».

A cet égard, ma délégation estime qu’il importe de ne pas sous-estimer le rôle d’une éducation de qualité. Nous devons apporter une réponse au défi que représente le fait que tant de jeunes sont victimes du recrutement dans les groupes armés. Entraînés dans des situations de conflits violents qui ne sont pas de leur choix et qu’ils n’ont pas créés, ils se retrouvent pris dans des cycles de violence qui se perpétuent et qui, malheureusement, deviennent un mode de vie. Même les jeunes enfants sont plus habiles avec les instruments de destruction qu’avec les livres et les stylos dont ils ont vraiment besoin pour devenir des êtres humains responsables capables de construire à leur tour une société durable, plus juste et pacifique.

L’éducation est également importante à tous les niveaux de la société et pour les personnes de tous âges afin de les dissuader de faire un usage injuste des armes. De même que nous devons tout mettre en œuvre pour lutter contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, ainsi nous devons nous efforcer de faire reculer la demande même de ces armes. A ce titre, la mise en œuvre d’activités d’éducation et de sensibilisation visant à promouvoir une culture de la paix et de la vie est nécessaire. Une telle approche vise à surmonter la culture de la violence. Le but ultime qui nous unit dans ce domaine est la protection de la vie et de la dignité de chaque personne humaine. C’est pourquoi il semble opportun d’assurer, même dans ce processus, le caractère central de la personne humaine, et donc de souligner l’importance de la prise en compte de la dimension humaine pour faire face au problème du commerce illicite des armes.

Monsieur le Président,

Il est honteux, en outre, qu’il y ait des gens qui gagnent leur vie et accumulent de grandes richesses grâce au trafic de ces instruments de mort – qu’ils soient licites ou illicites – fournissant ainsi aux criminels et aux terroristes les moyens de mener leurs activités meurtrières et même aux gouvernements qui s’engageraient dans une agression armée contre des États souverains ou mineraient leur paix intérieure et leur tranquillité.

Récemment, le pape François a attiré l’attention sur d’autres aspects liés à la circulation des armes, en particulier lorsque leur disponibilité aide et favorise la prolongation de conflits meurtriers dans le monde en voie de développement où « les pays continuent d’être vidés de leurs meilleures ressources naturelles et humaines au profit de quelques marchés privilégiés ». Les guerres, a-t-il fait remarquer, « ne touchent peut-être directement que certaines régions du monde, mais les armes de guerre sont produites et vendues dans d’autres régions qui ne sont pas disposées à accueillir les réfugiés générés par ces conflits. Ceux qui en paient le prix sont toujours les petits, les pauvres, les plus vulnérables, qui sont empêchés de s’asseoir à table et se retrouvent avec les “miettes” du banquet » (1). Cette dynamique empêche les gens d’atteindre leur plein développement intégral, car ils sont forcés de fuir leurs foyers et leurs pays, laissant tout derrière eux. Toutes les preuves montrent que la prolifération des armes aggrave les situations de conflit et aboutit à des souffrances humaines et des coûts matériels inimaginables, sapant profondément le développement, les droits de l’homme et la recherche d’une paix durable.

Le commerce illicite des armes légères et de petit calibre ne peut être combattu et gagné que par une collaboration internationale et une mise en œuvre vigoureuse des accords internationaux, régionaux et bilatéraux en la matière. Sans une telle coopération, en particulier entre les États producteurs d’armes, pour contrôler et limiter strictement la production et la circulation des armes, un monde exempt de guerres et de conflits violents restera une illusion.

En outre, l’absence de contrôle des mouvements de ces armes, qui se traduit par un trafic d’armes transfrontalier endémique, alimente également d’autres activités néfastes qui lui sont étroitement liées, telles que le terrorisme, la traite des personnes, le trafic illicite de drogues et autres formes de criminalité organisée.

Monsieur le Président,

C’est pour toutes ces raisons que le Saint-Siège, par les moyens propres à sa nature et à sa mission, soutient pleinement tous les efforts déployés dans la lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  Il se félicite des progrès accomplis lors de la troisième Conférence d’examen, tenue l’année dernière à New York, et exhorte tous les États à tirer parti de ces progrès lors de la septième Réunion biennale des États qui se tiendra en juin de l’année prochaine.

Merci, Monsieur le Président.

*****
NOTE

  1. Pape François, Message pour la 105ème Journée mondiale des Migrants et Réfugiés, 29 septembre 2019.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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