Le Saint-Siège demande « instamment la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) par les États dont la ratification est indispensable à son entrée en vigueur », rappelle Mgr Auza. Il souligne que « les essais nucléaires impliquent le rejet incontrôlé de matières radioactives directement dans l’environnement. Ils ont entraîné la plus forte dose cumulative de rayonnements d’origine humaine jamais émise à ce jour sur les populations et l’environnement mondial ».
Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a délivré un discours à la quatrième Commission, sur le point 48 de l’ordre du jour : Effets des rayonnements ionisants, à New York, le 24 octobre 2019. Le discours a été prononcé par Mgr David Charters.
Mieux comprendre les « effets à long terme de l’exposition au rayonnement », « contenir les rayonnements nucléaires et d’autres effets négatifs en cas d’accident nucléaire », « faire face aux expositions médicales et professionnelles aux rayonnements et au risque de cancer lié aux faibles doses de rayonnement » : tels sont quelques-uns des défis qui se présentent au Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants. Ce Comité a donc besoin, insiste le représentant du Saint-Siège, de « ressources suffisantes » en « personnel » et en « financement » pour mener à bien ses travaux.
Voici notre traduction du discours de Mgr Auza.
HG
Discours de Mgr Bernardito Auza
Monsieur le Président,
La Délégation du Saint-Siège tient à féliciter le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR) pour la poursuite de ses travaux, comme en témoigne sa 66ème réunion annuelle en juin dernier à Vienne.
Lors de cette réunion, l’UNSCEAR a approuvé les rapports traitant des questions de santé liées à l’exposition aux rayonnements et des conséquences de l’exposition au radon dans le cadre du cancer du poumon. En outre, il a poursuivi ses travaux de mise à jour de son rapport 2013 sur les conséquences radiologiques de l’accident nucléaire de Fukushima, qui a souligné l’impact potentiellement désastreux de tels accidents résultant de catastrophes imprévues, telles que le séisme et le tsunami qui ont causé l’accident de Fukushima.
Ma délégation attend avec intérêt d’apprendre de nouvelles informations importantes que la mise à jour fournira, en particulier en ce qui concerne l’état de santé des personnes qui ont été exposées aux rayonnements résultant de l’accident, ainsi qu’une meilleure compréhension des effets à long terme de l’exposition au rayonnement. De plus, nous nous attendons à ce que la mise à jour contribue à l’avancement de la technologie sur la meilleure façon de contenir les rayonnements nucléaires et d’autres effets négatifs en cas d’accident nucléaire, ainsi que sur la conception la plus sûre possible pour la production d’électricité nucléaire.
De même, on ne saurait sous-estimer l’importance des travaux en cours de l’UNSCEAR pour faire face aux expositions médicales et professionnelles aux rayonnements et au risque de cancer lié aux faibles doses de rayonnement.
Monsieur le Président,
Les médias continuent d’attirer notre attention et de susciter de l’intérêt pour l’utilisation de réacteurs nucléaires pour propulser des engins spatiaux ou des installations sur la Lune, ou même des missiles ou des torpilles. Ces rapports mettent en évidence le fait que les risques liés aux rayonnements atomiques demeurent et peuvent même, dans certaines circonstances, augmenter. De tels risques sont loin d’atteindre le niveau de radioexposition grave qui résulterait de l’utilisation d’armes nucléaires. Nous sommes douloureusement conscients des conséquences radiologiques des explosions nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, que le pape François visitera le mois prochain. Il encouragera la communauté internationale à réfléchir en profondeur aux terribles souffrances humaines causées par l’utilisation des armes nucléaires, ainsi qu’aux effets dévastateurs sur l’environnement, qui ne doivent plus jamais se reproduire.
Ensuite, il y a, bien sûr, les conséquences des essais d’armes nucléaires, en particulier dans l’atmosphère, dans le Pacifique et sous le vent à partir des sites d’essai. Les essais nucléaires impliquent le rejet incontrôlé de matières radioactives directement dans l’environnement. Ils ont entraîné la plus forte dose cumulative de rayonnements d’origine humaine jamais émise à ce jour sur les populations et l’environnement mondial. Le cadre de non-prolifération doit donc œuvrer sans relâche en faveur d’une interdiction complète des essais nucléaires, comme il le fait pour le désarmement nucléaire.
A cet égard, le Saint-Siège demande instamment la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) par les États dont la ratification est indispensable à son entrée en vigueur. Le Saint-Siège prend acte avec satisfaction du nombre croissant d’États qui ont ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TPNW) et encourage les États qui l’ont déjà signé à le ratifier dès que possible. Le Traité d’interdiction des armes nucléaires est le résultat des efforts déployés par de nombreux États et d’autres parties prenantes pour faire mieux connaître et mieux comprendre les graves conséquences humanitaires et les catastrophes écologiques qui découleraient de l’emploi d’armes nucléaires.
Enfin, pour faire en sorte que la communauté internationale dispose des informations dont elle a besoin pour traiter correctement l’énergie nucléaire et les rayonnements ionisants, il est toujours très important que des ressources suffisantes soient allouées à l’UNSCEAR, tant en termes de personnel que de financement, pour lui permettre d’accomplir son travail.
Ma délégation souhaite plein succès à Mme Borislava Batandjieva-Metcalf, qui assume ses responsabilités en tant que nouvelle Secrétaire du Comité, ainsi qu’aux responsables des sessions de cette année et de l’année prochaine.
Merci, Monsieur le Président.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat