Célébration oecuménique pour les 500 ans de la Réforme à Lund © L'Osservatore Romano

Le pape François et le pasteur Tveit à Lund (Suède) © L'Osservatore Romano

Œcuménisme: le pape encourage catholiques et évangéliques à "accomplir un nouveau pas en avant"

Délégation œcuménique de l’Église évangélique en Allemagne (Traduction intégrale)

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« Nous avons le même baptême : nous devons marcher ensemble, sans nous lasser ! », a lancé le pape François à une délégation œcuménique de l’Église évangélique en Allemagne venue au Vatican le 6 février 2017. Pour le 500ème anniversaire de la Réforme (1517-2017), le pape a encouragé chrétiens évangéliques et catholiques à « accomplir un nouveau pas en avant, en regardant le passé sans rancœur… pour proposer à nouveau aux hommes et aux femmes de notre temps la nouveauté radicale de Jésus ».
Au cours de la rencontre à laquelle participait le président de la Conférence épiscopale allemande, le pape a salué la collaboration entre catholiques et évangéliques en Allemagne. « Ce qui animait et inquiétait les Réformateurs était, au fond, d’indiquer la route vers le Christ, a-t-il souligné : C’est ce qui doit nous tenir à cœur aujourd’hui encore ».
Dans le pays originaire de la Réforme, le pape a mis en relief la nécessité de « purifier en Dieu la mémoire pour être renouvelés intérieurement ». « Dans la réalité de l’unique baptême qui fait de nous des frères et sœurs et dans l’écoute commune de l’Esprit, a-t-il ajouté, nous savons, dans une diversité désormais réconciliée, apprécier les dons spirituels et théologiques que nous avons reçus depuis la Réforme ».
Le pape François a exprimé son souhait pour l’avenir : « témoigner ensemble de l’Évangile » en apprenant « toujours plus à nous demander : cette initiative, pouvons-nous la partager avec nos frères et nos sœurs dans le Christ ? Pouvons-nous faire ensemble un autre bout de chemin ? ».
Evoquant « les différences dans les questions de foi et de morale qui subsistent encore, il a appelé à intensifier le dialogue théologique et à renforcer « la collaboration entre nous, surtout dans le service de ceux qui souffrent le plus et dans la protection de la création menacée ». « L’appel urgent de Jésus à l’unité (cf. Jn 17,21) nous interpelle, tout comme l’ensemble de la famille humaine, en une période où l’on fait l’expérience de graves déchirures et de nouvelles formes d’exclusion et de marginalisation, a-t-il insisté. Notre responsabilité est grande aussi pour cela ! »
AK
Discours du pape François
Chers frères et sœurs,
C’est avec plaisir que je vous souhaite la bienvenue et je vous salue cordialement. Je remercie l’évêque régional Bedford-Strohm pour ses aimables paroles – un homme au cœur de feu – et je suis heureux de la présence du cardinal Marx : le fait que le président de la Conférence épiscopale allemande accompagne la délégation de l’Église évangélique en Allemagne est le fruit d’une collaboration de longue date et l’expression d’un rapport œcuménique qui a mûri avec les années. Je vous souhaite d’avancer sur cette route bénie par la communion fraternelle, en poursuivant avec courage et décision vers une unité toujours plus pleine. Nous avons le même baptême : nous devons marcher ensemble, sans nous lasser !
Il est significatif qu’à l’occasion du 500ème anniversaire de la Réforme, chrétiens évangéliques et catholiques saisissent l’occasion de la commémoration commune des événements historiques du passé pour remettre le Christ au centre de leurs relations. C’est précisément « la question sur Dieu », sur « comment pouvoir avoir un Dieu miséricordieux » qui était « la passion profonde, le ressort de tout le chemin » de Luther (cf. Benoît XVI, Rencontre avec les représentants de l’Église évangélique en Allemagne, 23 septembre 2011). Ce qui animait et inquiétait les Réformateurs était, au fond, d’indiquer la route vers le Christ. C’est ce qui doit nous tenir à cœur aujourd’hui encore, après avoir de nouveau entrepris, grâce à Dieu, un chemin commun. Cette année de commémoration nous offre l’opportunité d’accomplir un nouveau pas en avant, en regardant le passé sans rancœur, mais selon le Christ et dans la communion en lui, pour proposer à nouveau aux hommes et aux femmes de notre temps la nouveauté radicale de Jésus, la miséricorde sans limites de Dieu : c’est précisément ce que les Réformateurs voulaient stimuler à leur époque. Le fait que leur appel au renouveau ait suscité des développements qui ont créé des divisions entre les chrétiens a certainement été tragique. Les croyants ne se sont plus sentis frères et sœurs dans la foi, mais adversaires et concurrents ; pendant trop longtemps, ils ont alimenté l’hostilité et se sont acharnés dans des luttes fomentées par des intérêts politiques et de pouvoir, parfois même en employant, sans scrupules, la violence les uns contre les autres, frères contre frères. Aujourd’hui, au contraire, nous rendons grâce à Dieu parce qu’enfin, « débarrassés de tout ce qui nous alourdit », fraternellement « nous courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus » (He 12,1-2).
Je vous suis reconnaissant parce qu’avec ce regard, vous avez l’intention d’approcher ensemble, avec humilité et franchise, un passé qui nous fait souffrir et de partager bientôt un geste important de pénitence et de réconciliation : un service œcuménique intitulé « Guérir la mémoire – témoigner de Jésus-Christ ». Catholiques et évangéliques en Allemagne, vous pourrez ainsi répondre, dans la prière, à l’appel fort que vous percevez ensemble dans le pays originaire de la Réforme : purifier en Dieu la mémoire pour être renouvelés intérieurement et envoyés par l’Esprit pour apporter Jésus à l’homme d’aujourd’hui. Avec ce signe et avec d’autres initiatives œcuméniques prévues cette année – comme le pèlerinage commun en Terre sainte, le congrès biblique conjoint pour présenter ensemble les nouvelles traductions de la Bible et la Journée œcuménique consacrée à la responsabilité sociale des chrétiens – vous avez à cœur de donner une configuration concrète à la « Fête du Christ » qu’à l’occasion de la commémoration de la Réforme, vous avez l’intention de célébrer ensemble. Que la redécouverte des sources communes de la foi, la guérison de la mémoire dans la prière et dans la charité et la collaboration concrète pour propager l’Évangile et servir les frères soient une impulsion pour avancer encore plus rapidement sur ce chemin.
C’est grâce à la communion spirituelle consolidée au cours de ces décennies de cheminement œcuménique que nous pouvons aujourd’hui déplorer ensemble l’échec des deux côtés concernant l’unité dans le contexte de la Réforme et des développements qui ont suivi. En même temps, dans la réalité de l’unique baptême qui fait de nous des frères et sœurs et dans l’écoute commune de l’Esprit, nous savons, dans une diversité désormais réconciliée, apprécier les dons spirituels et théologiques que nous avons reçus depuis la Réforme. À Lund, le 31 octobre dernier, j’ai remercié le Seigneur pour cela et j’ai demandé pardon pour le passé ; pour l’avenir, je désire confirmer notre appel sans retour à témoigner ensemble de l’Évangile et à poursuivre sur le chemin vers la pleine unité. En le faisant ensemble, il naît aussi le désir d’avancer sur de nouveaux parcours. Nous apprenons toujours plus à nous demander : cette initiative, pouvons-nous la partager avec nos frères et nos sœurs dans le Christ ? Pouvons-nous faire ensemble un autre bout de chemin ?
Les différences dans les questions de foi et de morale qui subsistent encore, demeurent des défis sur le parcours vers l’unité visible à laquelle nos fidèles aspirent. La douleur est particulièrement ressentie par les époux qui appartiennent à des confessions différentes. De manière avisée, il faut que nous nous engagions, avec une prière insistante et de toutes nos forces, à dépasser les obstacles encore existants, en intensifiant le dialogue théologique et en renforçant la collaboration entre nous, surtout dans le service de ceux qui souffrent le plus et dans la protection de la création menacée. L’appel urgent de Jésus à l’unité (cf. Jn 17,21) nous interpelle, tout comme l’ensemble de la famille humaine, en une période où l’on fait l’expérience de graves déchirures et de nouvelles formes d’exclusion et de marginalisation. Notre responsabilité est grande aussi pour cela !
Espérant que cette rencontre fera grandir encore la communion entre nous, je demande à l’Esprit-Saint, artisan et rénovateur de l’unité, de vous fortifier sur ce chemin commun avec la consolation qui vient de Dieu (cf. 2 Cor 1,4) et de vous indiquer ses voies prophétiques et audacieuses. J’invoque de tout cœur la bénédiction de Dieu sur vous tous et sur vos communautés et je vous demande, s’il vous plaît, de vous souvenir de moi dans la prière. Je vous remercie beaucoup et je voudrais vous inviter maintenant à prier ensemble le Notre Père.
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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