L’Aide à l’Eglise en Détresse (AED-France) invite des grands témoins pour honorer les martyrs de la foi, prêtres, religieuses, religieux et laïcs engagés ayant perdu la vie ces derniers mois par fidélité au Christ.
A Rome, la veillée de prière aura lieu à Saint-Louis des Français, lundi prochain, 19 mars, avec à 19h, la messe, et de 20h à 22h la veillée.
On peut visionner le teaser de l’événement ici:
Au cours de la Nuit des témoins, les personnalités suivantes donneront leur témoignage sur la réalité de la situation des chrétiens dans leur pays respectif:
“ Participez à la Nuit des Témoins pour porter dans la prière ceux qui souffrent et écouter leur témoignage. ”
Voici les témoins.
- Mgr Ramon CASTRO CASTRO (Mexique)
Évêque de Cuernavaca
« Je dis la vérité mais quiconque dit la vérité est menacé et accusé d’être un criminel. Celui qui a le courage de parler est persécuté. »
Né en 1956 à Teocuitatlán de Corona au Mexique, Mgr Ramon C. Castro a été ordonné prêtre en mai 1982 pour le diocèse de Tijuana en Basse-Californie. En 1987, il est nommé curé de San José Obrero, à proximité de Tijuana, la deuxième ville la plus violente au monde où il exerce son ministère pendant 2 ans. En 1989, il entre au Service diplomatique du Saint-Siège et sera envoyé notamment en Angola où il « fait l’expérience de la persécution » et est « confronté aux assassinats de prêtres ». Après quelques années comme Directeur du denier de Saint-Pierre à la Secrétairerie d’État au Vatican (2001-2004), il est nommé par Jean-Paul II évêque auxiliaire du Yucatan au Mexique, puis évêque de Campeche au sud-est du pays.
C’est en mai 2013 qu’il devient évêque de Cuernavaca, État du centre du Mexique. A peine nommé, il est confronté à une tentative de meurtre sur un de ses prêtres. « En Amérique latine, nous sommes le pays avec le plus grand nombre de journalistes et de prêtres assassinés. Au total, 55 prêtres et sœurs ont été tués depuis 1990 », déclare l’évêque en février 2018.
La violence liée aux cartels de la drogue et aux bandes criminelles est devenue le défi le plus important du Mexique, et l’Église est l’une des rares institutions à s’opposer au narcotrafic. On déplore plus de 200.000 morts depuis 2006 et des milliers de disparus.
Mgr Castro Castro ne cesse de dénoncer la corruption omniprésente et la pauvreté qui touche la moitié de la population, tandis qu’une “élite” vit dans l’opulence. Il devient la cible des politiques, notamment du gouverneur de Morales qui fera une campagne de dénigrement contre lui. « Je ne fais que mon travail pastoral et défends la dignité humaine, confie-t-il, mais pour les politiciens corrompus et le crime organisé, c’est déjà trop! ».
Les menaces ne l’effraient pas. Il organise des « marches pour la paix » rassemblant des milliers de citoyens pour soutenir les victimes et refuser la culture de violence. « Les actions que nous menons ne sont pas du goût de nos autorités. J’ai été diffamé par le gouvernement. On a saboté les pneus de ma voiture pour provoquer un accident. C’était un avertissement…. Mais, ajoute-il, les fidèles ont compris, ils ne sont pas dupes! »
- Mgr Kyrillos William SAMAAN (Égypte)
Évêque d’Asiout
« Malgré tout ce que nous subissons de haine, de discrimination et de persécution, nous n’avons pas peur ».
Né en 1946 près d’Assiout, en Haute-Égypte, d’une famille nombreuse*, Kyrillos William Samaan entre au séminaire au Caire et poursuit son cycle de théologie à Rome, à l’Université pontificale Urbanienne, entre 1965 et 1969. De retour en Égypte, il fait son service militaire pendant 5 ans, en raison des tensions dues à la Guerre des Six Jours. Il est ordonné prêtre de l’Église copte catholique le 10 juin 1974 et enseigne au Séminaire de Maadi au Caire. En 1978, il retourne à Rome pour y entreprendre des études à l’Institut Biblique Pontifical. Cinq ans plus tard, ce polyglotte est nommé recteur du séminaire de Maadi.
Le 3 juin 1990, à 44 ans, il est ordonné évêque d’Assiout, le plus grand diocèse copte catholique d’Égypte où les chrétiens représentent environ un tiers de la population de 4,5 millions d’habitants. Pour l’évêque, les coptes ont toujours vécu sous les exactions, et la discrimination des chrétiens reste encore ancrée dans les esprits. « Certaines personnes voient toujours les chrétiens comme des citoyens de seconde zone », regrette-t-il. Et ce malgré les déclarations d’Abdel Fattah al-Sissi qui se présente comme le président de tous les Egyptiens, sans distinction de religion.
Par ailleurs, « ces dernières années marquent un regain de violence envers les chrétiens d’Égypte ». Depuis 2011, pas moins de six attentats ont frappé de plein fouet la communauté chrétienne et l’image des 21 coptes égorgés en Libye reste dans les mémoires. Derrière ces attentats se trouve « la volonté des islamistes de nettoyer le Proche-Orient de ses chrétiens en les poussant au départ », déplore Mgr Kyrillos. Les islamistes considèrent l’Égypte comme « une terre d’islam ». Et pourtant, rappelle l’évêque, « les chrétiens sont les premiers citoyens de l’Égypte! », arrivés dès l’origine du christianisme, des siècles avant l’invasion arabo-musulmane.
Pour lutter contre les départs de chrétiens, Mgr Kyrillos ne cesse d’œuvrer pour «renforcer l’esprit de coopération» entre les Egyptiens et soutenir ses fidèles : « malgré les attentats visant leurs lieux de culte, les chrétiens égyptiens n’ont pas peur, les églises sont pleines. Nous avons une mission à accomplir : être témoins de l’amour de Dieu au milieu d’un monde plein de violence. »
- Père Paul-Elie CHEKNOUN
Prêtre catholique converti de l’islam
« Depuis ma conversion en 1999, je veux consacrer ma vie pour faire connaître Jésus à tous, spécialement aux jeunes et aux musulmans. »
Né en Kabylie près de Tizi Ouzou en 1974, Ali Cheknoun a successivement été musulman, athée, évangélique et catholique. Enfant, instruit par son père professeur de français, il découvre l’islam. Mais dans les années 90, choqué par la violence de beaucoup de versets coraniques et du terrorisme islamiste, il prend ses distances avec la religion. A 20 ans, il se définit comme athée.
Le 1er mai 1999 marque un basculement dans sa vie lorsque, invité par son cousin, il rentre dans une église évangélique clandestine au cœur d’un village kabyle. « Là, j’ai eu une révélation. Jésus m’a parlé, il m’a dit qu’il m’avait toujours protégé et aimé. Je me suis senti aimé comme jamais. Pendant dix minutes, j’ai pleuré de bonheur », se souvient-il. Converti, Ali est baptisé chez les évangéliques en Kabylie avant de devenir catholique en 2005, après sa rencontre avec un prêtre missionnaire.
Son père accepte sa conversion, ainsi que ses 6 autres frères et sœurs. « Une exception » affirme-t-il. « Cette tolérance est une grâce du Seigneur. Je connais des convertis en Algérie qui ont été chassés de leur maison. »Cependant, des islamistes le menacent de mort, ainsi que sa famille parce qu’elle a accepté sa conversion au christianisme, à tel point qu’il décide de quitter l’Algérie pour la Belgique en 2006.
Ali s’installe alors dans la communauté des Béatitudes et obtient la nationalité belge. Il est confirmé catholique en juin 2007 à Thy-le-Château et reçoit le prénom Paul-Elie. En 2010, il intègre sa nouvelle communauté, La Fraternité Missionnaire Jean-Paul II (FMJP2), dont la vocation est l’évangélisation, spécialement des jeunes et des musulmans, et il rentre au séminaire de La Castille, dans le Var. Son père viendra d’Algérie pour lui remettre solennellement ses habits sacerdotaux lors de son ordination le 26 juin 2016 à Fréjus. « L’amour de Jésus-Christ touche toute ma famille », s’extasie-t-il.
A la demande de l’évêque d’Alger, le Père se rend aussi tous les deux mois sur trois en Algérie. Là-bas, il est l’un des rares à célébrer la messe en kabyle ou en arabe. Il accueille et accompagne avec prudence les convertis : « l’Algérie est le pays de la police secrète » rappelle-t-il. « Je ne porte ni croix ni soutane. Tant que tu rases les murs, tu es toléré ; mais certains ne supportent même pas la vue d’une croix ».
« Ils donnent leur vie pour le Christ, venez prier pour eux ! »
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