Noël, source d'espérance

Print Friendly, PDF & Email

La signification de la crèche

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

Propos recueillis par Antonio Gaspari

Traduction d’Océane Le Gall

ROME, lundi 17 décembre 2012 (ZENIT.org) – Pourquoi les chrétiens fêtent-ils la naissance d’un enfant venu au monde il ya plus de 2000 ans? Pourquoi les chrétiens font-ils mémoire de cette naissance en réalisant ou interprétant une crèche? La venue des mages et la présence de l’âne et du bœuf correspondent-elles à la réalité? Et que signifie aujourd’hui cette naissance ?

Le père Pietro Messa, directeur de l’Ecole supérieure des Etudes médiévales et franciscaines de l’Université pontificale Antonianum, répond aux lecteurs de Zenit.

Zenit – Quelles sont, selon vous, les raisons pour lesquelles répéter la tradition de faire la crèche est une bonne chose?

P. Messa – La foi c’est avant tout la reconnaissance d’une Présence dans l’histoire personnelle et communautaire, et prier c’est faire mémoire, pas simplement se souvenir, de la présence du Seigneur à nos côtés. De cette rencontre jaillit une nouvelle vie, autrement dit nait une moralité: sans cela l’action humaine tombe dans un moralisme stérile. C’est pourquoi il faut des signes qui aident à prendre acte de cette compagnie que Dieu tient auprès de l’homme, comme par exemple des chants, ou une image, ou bien la lecture d’un texte.

La crèche c’est vraiment ça : un moyen qui, au fil des siècles, s’est révélé efficace pour ne pas faire oublier Jésus, l’humble compagnie de Dieu auprès de l’homme.

Quelles sont les raisons qui ont incité saint François à penser et réaliser une crèche? Et combien de ces raisons sont toujours d’actualité?

Thomas de Celano, à l’occasion de la canonisation de François d’Assise, survenue moins de deux ans après sa mort, a écrit sa vie, racontant qu’à Greccio, en 1224 le saint a voulu «  faire mémoire de cet Enfant qui est né à Bethléem, et percevoir en quelque sorte avec les yeux du corps les difficultés qu’il a eues  en naissant sans les effets nécessaires à un nouveau né; comment il a été couché dans une mangeoire et comment il était allongé entre le bœuf et l’âne ». On comprend donc que ce Noël là saint François a voulu que lui-même et les autres puissent se souvenir de comment le Seigneur est descendu dans la pauvreté ; d’une façon concrète propre à l’incarnation, en faisant intervenir aussi les yeux du corps.

Il est important de rappeler que cette nuit-là fut « célébrée sur la mangeoire le rite solennel de la messe ». Il n’y avait aucune représentation de Jésus, parce que saint François reconnaissait que l’Eucharistie est là où, chaque jour, le Très-Haut descend parmi nous et où Jésus est réellement présent avec sa chair et son sang.

Dans son dernier livre, le pape Benoît XVI affirme que le bœuf et l’âne ne sont pas mentionnés dans les évangiles mais qu’ils ont une signification théologique précise. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit?

Le bœuf et l’âne sont absents des récits évangéliques, mais dès les Pères de l’Église on interpréta la phrase biblique «  Le bœuf connaît son propriétaire, et l’âne, la crèche de son maître » (Is 1,3), assimilant le bœuf et le joug au peuple d’Israël soumis à la loi, et l’âne aux  gentils, c’est-à-dire aux incirconcis. Donc, déjà par sa naissance entre le bœuf et l’âne Jésus, comme le dit saint Paul, fait des deux un seul peuple, ne faisant qu’abattre le mur de séparation de l’inimitié. Saint François qui apprenait l’Evangile surtout à travers la liturgie et dans la tradition de l’Eglise, a voulu qu’en cette Nuit de Noel, en 1224, à Greccio, il y ait aussi le bœuf et l’âne.

L’arrivée et la présence des mages est un fait historique qui a réellement existé ou est-ce une légende?

Jésus est l’accomplissement des promesses que Dieu a faites à son peuple, Israël, mais aussi des désirs et des aspirations profondes de tous les hommes, et c’est cela qu’indique précisément la visite à Bethléem des mages venus d’Orient. L’important c’est que les Évangiles, comme affirme saint François, soient lus avec foi, avec les yeux de l’esprit de ce que les yeux de la chair ont vu. Le binôme voir et croire est important pour le saint d’Assise; donc la foi droite n’est pas aveugle, bien au contraire est un « voir » encore plus profondément, dans le mystère des évènements, y compris la visite des mages à Bethléem.

Une réflexion à suggérer pour ce Noël-ci…

Dans le contexte historique actuel, la tentation à laquelle, continuellement,  nous sommes personnellement et communautairement soumis est le découragement, la désolation face à la crise, non seulement économique, mais également familiale, sociale,  dans laquelle on se retrouve. Le Noël, c’est annoncer que dans cette réalité précise, si complexe et contradictoire, au point d’en apparaître même absurde, il y a la présence du Seigneur, le bon Pasteur. Tout cela devient source d’espérance, non pas dans un sens optimiste, mais dans la certitude que ce petit Enfant de Bethléem est vraiment le centre du cosmos et de l’histoire. Donc Noël, annonce d’espérance!


Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel