Le pape François salue 14 réfugiés avec lui pendant l'audience, 22 juin 2016, capture CTV

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Migrations: le pape recommande une dynamique "bidirectionnelle"

Interview (3/4)

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Le pape François recommande une « coopération internationale pour la gestion de politiques migratoires qui soient respectueuses de celui qui reçoit comme de celui qui est accueilli »: une dynamique « bidirectionnelle ».
“Les libertés civiles” (“Libertà civili”): c’est le titre de la nouvelle publication bimestrielle du Ministère italien de l’Intérieur, qui s’ouvre avec une interview du pape François par le directeur de la revue, Giuseppe Sangiorgi. Le premier numéro a été présenté ce vendredi 7 avril 2017 par le ministre italien de l’Intérieur, M. Marco Minniti, au “Viminale », siège du ministère, à Rome, à deux pas de Sainte-Marie-Majeure. La revue est consacrée aux questions des droits et de l’immigration dans le contexte italien et européen actuel.
A la première question du directeur, sur ses voyages à Lampedusa et Lesbos, le pape répond en invitant les gouvernements à travailler ensemble pour éliminer « causes de la migration forcée ». Il définit ensuite la mission de la section du nouveau dicastère au « service du développement humain intégral » placée sous sa responsabilité et en charge des migrants et des réfugiés. Puis il aborde ici la question de l’Europe et de ses capacités à réagir positivement.
Les enseignements de l’histoire
« L’Europe qui a beaucoup reçu doit apprendre à donner. Quel peut être le passage de la prise de conscience à la pratique ? » demande Giuseppe Sangiorgi.
« Il y a sans aucun doute un besoin de coopération internationale pour la gestion de politiques migratoires qui soient respectueuses de celui qui reçoit comme de celui qui est accueilli » répond le pape François qui vient ensuite seulement à l’Europe : « Je pense que les pays européens, comme beaucoup d’autres pays qui ont fait l’expérience eux-mêmes de l’immigration et de l’émigration, doivent tirer les leçons de leur passé. Comme cela a été difficile, dans l’après-guerre, pour des millions d’Européens qui partaient souvent avec toute leur famille pour aborder en Amérique du sud ou aux États-Unis ! Cela n’a pas non plus été une expérience facile pour eux. Ils ont souffert du poids d’être considérés comme des étrangers, arrivant de loin et sans aucune connaissance de la langue locale. Cela n’a pas été un processus d’intégration facile, mais cela s’est toujours terminé avec succès ! »
Le pape invite à discerner le bien qu’apportent aussi les migrants aux pays d’accueil : « Il est donc important d’être conscient de la contribution apportée par les migrants dans le pays d’arrivée. Les Européens ont beaucoup contribué à la croissance des sociétés outre Atlantique. L’histoire est la même. L’échange réciproque de cultures et de connaissances est une richesse et doit être valorisé en tant que tel. Comme je l’ai dit le 1er novembre, en rentrant de mon voyage en Suède, nous ne devons pas nous effrayer parce que l’Europe s’est formée avec une intégration continuelle de cultures, de nombreuses cultures.»
« Quand nous réussirons à considérer le migrant comme un enrichissement pour notre société, nous serons alors capables de pratiquer un véritable accueil et nous parviendrons à leur donner ce que nous avons reçu dans le passé. Nous avons beaucoup à apprendre du passé ; il est important d’agir consciemment, sans fomenter la peur de l’étranger », fait observer le pape.
Un dynamisme « bidirectionnel »
Le pape François insiste aussi sur le caractère « bidirectionnel » de l’intégration nécessaire et sur le rôle de la communauté chrétienne: « Le 21 février 2017, j’ai expliqué aux participants au Forum Migration et Paix qu’il fallait encourager l’accueil et l’hospitalité des réfugiés et des personnes déplacées en favorisant leur intégration, en tenant compte des droits et des devoirs réciproques pour celui qui accueille et pour celui qui est accueilli. L’intégration, qui n’est ni assimilation ni incorporation, est un processus bidirectionnel, qui se fonde essentiellement sur la reconnaissance mutuelle de la richesse culturelle de l’autre : ce n’est pas l’aplatissement d’une culture sur l’autre, ni un isolement de chacun avec le risque de ghettoïsations, aussi néfastes que dangereuses.
«En ce qui concerne celui qui arrive, il est tenu de ne pas se fermer à la culture et aux traditions du pays d’accueil, en en respectant avant tout les lois, et il ne faut absolument pas négliger la dimension familiale du processus d’intégration : c’est pourquoi je ressens le devoir de réaffirmer la nécessité de politiques aptes à favoriser et à privilégier les regroupements familiaux.
«En ce qui concerne les populations autochtones, elles doivent être aidées en étant correctement sensibilisées et positivement disposées aux processus d’intégration, qui ne sont pas toujours simples et immédiats, mais toujours essentiels et indispensables pour l’avenir. C’est pourquoi il faut aussi des programmes spécifiques qui favorisent la rencontre significative avec l’autre.
«Pour la communauté chrétienne, ensuite, l’intégration pacifique de personnes de différentes cultures est aussi, d’une certaine façon, un reflet de sa catholicité puisque l’unité, qui n’annule pas les différences ethniques et culturelles, constitue une dimension de la vie de l’Église qui, dans l’Esprit de la Pentecôte, est ouverte à tous et désire embrasser tout le monde. »
© Traduction de ZENIT, Constance Roques

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Constance Roques

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