Ordinations épiscopales, Mgr Michael Czerny © Vatican Media

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Migrants et réfugiés : l'histoire familiale du cardinal Czerny

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La persécution nazie

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Fils de migrants, petit-fils de victimes du nazisme, le cardinal Michael Czerny, sous-secrétaire du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral pour la section « Migrants et réfugiés », évoque son histoire familiale dans un entretien à Vatican News.
Le jésuite de 73 ans retrace le parcours de ses parents en Moravie, dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie, avant d’émigrer au Canada en 1948 : « Ma mère, Winifred Hayek Czerny, a subi la prison et les camps de concentration durant 20 mois… Elle a aussi été condamnée à travailler dans une ferme. Née catholique de parents catholiques, ses grands-parents étant nés juifs, elle fut classée comme juive par les autorités nazies qui gouvernaient le Protectorat de Bohème et de Moravie à partir de mars 1939. »
Pour le cardinal, elle eut « la chance de survivre aux insanités monstrueuses du régime ». Elle revint au camp de Terezín en avril 1995, où elle écrivit: “J’ai survécu” sur le Livre d’Or. Winifred Hayek Czerny devint sculpteur, art dans lequel elle « renversa ce mal » qui réduisait des êtres humains en poussière : « de poussière et d’argile, elle sculpta les formes de nombreuses personnes humaines » mortes en camp.
Le père du cardinal, Egon Czerny, refusa quant à lui de divorcer de son épouse condamnée. Il échappa au camp de concentration mais fut envoyé en camp de travaux forcés à Postoloprty.
Le tableau de sa grand-mère
Le cardinal jésuite fait également mémoire de sa grand-mère : comme artiste, elle peignit “la Fuite en Egypte” sur du verre, image qu’il choisit pour sa carte quand il fut créé cardinal le 5 octobre 2019.
Catholique née en 1893 de parents juifs, Anna Löw Hayek fut déportée en 1942-1943 au camp de Terezín avec son époux Hans et ses deux fils Karl Robert et Georg. Elle mourut à Auschwitz quelques semaines après la fin de la guerre.
Une histoire de migrants
Le cardinal Czerny raconte enfin les péripéties de ses parents pour trouver un « sponsor » afin d’émigrer au Canada en 1948 – afin d’échapper au régime communiste : »D’abord, un parent fut d’accord, mais se rétracta. Puis un entrepreneur accepta d’embaucher mon père, mais changea d’avis quand son usine brûla. »
Finalement, c’est un ami d’études qui se dévoua : « Il avait lui-même émigré au Canada quelques années plus tôt avec sa femme et son jeune fils. Le risque de nous sponsorisait incluait de subvenir à nos besoins pendant un an si mon père ne trouvait pas de travail. Sa famille nous aida malgré tout à entrer dans le pays, nous accueillit et nous accompagna » pour l’adaptation linguistique, culturelle, etc.
Blason et croix pectorale
C’est en souvenir de sa famille, mais aussi en signe de son engagement au Dicastère, que le sous-secrétaire a choisi son blason de cardinal : un bateau transportant une famille de quatre réfugiés.
De même, sa croix pectorale a été confectionnée à partir du bois d’un bateau de migrants ayant tenté de traverser la Méditerranée. Matériau rappelant aussi « le bois de la crois où Jésus a été crucifié ».

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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